Overblog Tous les blogs Top blogs Mode, Art & Design Tous les blogs Mode, Art & Design
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU

LE CURIEUX DES ARTS

LE CURIEUX DES ARTS

Curieux des arts, observateur de l'actualité artistique. Focus sur l'Italie. Exposition. Musée. Opéra. Théâtre. Musique. Festival. Livre. Biennale. Salon. Marché de l'art. Entretien.


La beauté des Perses par Gwenaël Morin - Festival in Avignon 2025

Publié par Gilles Kraemer sur 18 Juillet 2025, 20:09pm

Catégories : #Avignon, #Théâtre, #Festival

Gilles Kraemer

déplacement et séjour personnel à Avignon

Les Perses © Gilles Kraemer Le Curieux des arts, Avignon, juillet 2025

Sur le sol de terre battue deux cercles s'entrecroisent, tracés à la craie blanche, dans la rigueur d'une peinture de Cy Twombly. Jardin de la Maison Jean Vilar dans la nuit avignonnaise.

Nous sommes à Suse, devant le palais des rois de Perse pour Les PersesCette tragédie inexorable et implacable se déroule après la bataille de Salamine qui a vu la défaite des Perses du roi Xerxès par les Grecs. Il s’agit presque d’une pièce documentaire, écrite par Eschyle (525-456 av. J.-C.) qui avait pris part à ce combat. Elle fut représentée en 473 avant Jésus-Christ.

Il est possible que certains spectateurs aient participé à cette guerre. Il est possible qu’elle ait coûté la vie à des membres de leurs familles souligne le metteur en scène et scénographe Gwenaël Morin ayant choisi quatre interprètes professionnels rencontrés lors de l’atelier libre qu’il mène à Avignon depuis 2023. Ajoutant, la pièce présente la double originalité d’adopter le point de vue des perdants de l’histoire et de l’ennemi, puisqu’elle était représentée en Grèce devant le public athénien.

Les Perses, Gwenaël Morin, 2025 © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

Quatre silhouettes, deux par deux – deux hommes, deux femmes - marchent en rond, silencieux, deux pas en avant, un pas en arrière. Deviennent chœur de douleur, un peu trop couvert par un pipeau et un tambourin.

Atossa, veuve de Darius et mère de Xerxès, une reine angoissée, effrayée par son songe, celui d’un aigle attaqué par un faucon. Un courrier, porteur de la mauvaise nouvelle de la défaite de Salamine, narrant passionnément et d’une façon très visuelle cet événement, montant tout en haut des gradins, prenant la place du vaincu,  Xerxès assis sur son trône et observant la bataille navale, terminant son discours sur le retour du souverain défait et le malheur fondant sur le puissant état perse ayant perdu de sa splendeur.

Drôlerie de la libation offerte aux vaincus par la reine et déposée au sol : une brique de lait, du miel liquide versé dans une bouteille d’eau en plastique, un collier de lierre. Le metteur en scène ne s'encombre pas d'objets. Imploration des quatre, dans une lumière rasante de plus en plus forte, appelant le fantôme de Darius, le père bienveillant.

Les Perses, Gwenaël Morin, 2025 © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

La pièce s’arrêterait-elle ici car le spectacle s'interrompt par la survenance impromptue d’un appariteur ? Annonçant que le texte qui suit est perdu mais… quelques fragments ont été conservés. Ouf.

Le roi évoqué apparaît à ses sujets, d'abord son ombre. Appuyé à un arbre, les yeux clos, il écoute sa veuve lui faire le récit de la défaite. Les dieux l’ont aidé à sa perte juge son père, maudissant son fils et successeur d’avoir osé franchir sur un pont de bateaux l’Hellespont.

Xerxès qui fut puissant, seul au milieu des cercles, exposant ses malheurs, lui qui avait voulu venger l’affront infligé quelques années plus tôt à son père Darius, à Marathon. Sans flotte, sans armée, sans cortège. Courant partout, gestes désordonnés tel un pantin, colérique, laissant exploser sa douleur. Comprenant enfin que les dieux l’ont abandonné, lui qui les défia par orgueil.

Les Perses © Gilles Kraemer Le Curieux des arts, Avignon, juillet 2025

Effleurement des doigts comme applaudissements ce samedi 12 juillet 2025 (4ème). Quel dommage ! Normal, Eschyle n’est ni dans la mouvance woke ni dans le genre…

Un peu trop compliqué d’écouter un texte vieux de 1 400 ans pour un public habitué à un « d’après » et à une revisitation du texte.

Gwenaël Morin n’est pas tombé dans le travers de réécrire le texte, dans ce 79ème Festival d’Avignon très pâle dans sa programmation.

Dont son ouverture, toujours très attendue. NÔT de Marlene Monteiro Freitas, dans la Cour d’honneur papale, fut intéressant uniquement par son prologue. Le reste, un long ennui et une fuite des spectateurs au bout de 30 minutes. Navrant début du Festival avec ignorance totale du MUR.

Surnagent quelques pépites dans la programmation dont Les Perses, la plus vieille pièce représentée dans le off et dans le in. Eschyle a beaucoup de choses encore à dire, dans cette correspondance actuelle avec certains présidents ou dictateurs qui se croient invincibles.

Place presse.

Les Perses © Gilles Kraemer Le Curieux des arts, Avignon, juillet 2025

Eschyle, Les Perses (473 avant Jésus-Christ)

Dans le cadre du projet Démonter les remparts [d’Avignon] pour finir le pont [où l’on y danse tous en rond].

8 au 25 juillet 2025 - Jardin de la rue de Mons, Maison Jean Vilar

Adaptation, mise en scène et scénographie Gwenaël Morin

Assistanat à la mise en scène Canelle Breymayer

Lumière Philippe Gladieux - Régie générale Loïc Even

Production Emmanuelle Ossena, Charlotte Pesle Beal

Avec Jeanne Bred, Fabrice Lebert, Gilféry Ngamboulou et Julie Palmier, interprètes professionnels rencontrés lors de l’atelier libre mené à Avignon depuis 2023 par Gwenaël Morin

Création Festival d’Avignon 2025

Les Perses © Gilles Kraemer Le Curieux des arts, Avignon, juillet 2025

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents