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Publié par Gilles Kraemer

Gilles Kraemer

Déplacement et séjour personnel à Rome

Représentation mardi 4 mars 2025

Tosca, Anna Netrebko © Foto di Fabrizio Sansoni.

Daniel Oren, Anna Netrebko &Yusif Eyvazov © Photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Rome, Teatro dell’Opera, 4 mars 2025.

LA Netrebko, Anna Netrebko, sa Tosca véronaise cet été 2024, avec Yusif Eyvazov dans les habits de Mario et l’orchestre sous la direction experte de Daniel Oren, fut triomphale pour celle qui aborda en 2018 au Metropolitan Opera le rôle de Floria, Yusif Eyvazov à ses côtés. On ne change pas ce trio des arènes de Vérone, de feu et de passion. Le voici réuni au Costanzi, Teatro dell’Opera di Roma, pour seulement trois représentations « sold out » Le surintendant Francesco Giambrone – présent comme d’habitude aux entractes, échangeant avec les spectateurs et habitués - sait gérer son établissement dans la construction de sa saison. Le navire en perdition d’une maison parisienne devrait s’en inspirer; son Or du Rhin sombra dès l’ouverture, casting interrogatif et mise en scène de Calixto Bieito huée.

Saison romaine 2024/2025 autour de la thématique « Volti del potere » et un focus sur Tosca, Ce chef d’œuvre musical de Giacomo Puccini ne pouvait qu’avoir Rome comme lieu de création, mélodrame si Grand siècle dans son déroulé : un seul temps, un seul lieu, une seule action. Célébrant son 125ème anniversaire, la recréation des décors et costumes de la première du 14 janvier 1900 a été retenue. Premier cast alternatif en janvier, second en mars, troisième en mai, pour les rôles et les directions. 

Nous ne reviendrons pas sur la mise en scène de Mario Talevi vue en janvier 2025. (1) Il l’a retaillée, d’une façon pointilliste, pour LA diva. Dieu sait si Anna Netrebko sait se mouvoir, une parfaite comédienne, se glissant dans les vêtements de Floria Tosca. Immense tragédienne, s’essuyant le front après avoir occis le baron Scarpia / Amartuvshin Enkbath, se déplaçant calmement après cette action, prenant les deux bougeoirs, les allumant, les plaçant de chaque côté du cadavre de l’ignoble chef de la police avant de déposer sur son torse un crucifix. Sarah Bernhardt pourrait être contente.

L’on ressent la passion qu’elle porte à ce rôle qui finira par son suicide, incapable de survivre à la mort de son amour, son Mario Cavaradossi / Yusif Eivanov. Dès son entrée sur scène – applaudie avant la première note ; ce mardi 4 mars, le public romain était électrifié -, sachant jouer des sentiments, passant de la jalousie à la câlinerie, folle d’amour pour son peintre, prête à tout pour le sauver mais surtout pas à succomber aux avances lubriques de Scarpia.

Tosca, acte I © Photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Rome, Teatro dell’Opera, 4 mars 2025.

Les lumières de Vinicio Cheli ont heureusement été revues dans l’acte du Palazzo Farnese, normalement de nuit, alors que la lumière de janvier 2025 fut celle du jour. Un léger coup de canif dans le livret. La lumière de l’immense fenêtre est maintenant celle de la pleine lune, la flamme des bougies tremble devant les miroirs dont le mercure disparait. Cette déliquescence des glaces est fascinante visuellement, un de ces détails qui fait la perfection. J’aime cette atmosphère romaine du Costanzi. Le chef arrivant par le parterre et descendant dans la fosse puis applaudissant pendant deux minutes la diva après Vissi d’arte, vissi d’amore. Ciro Visco, chef du chœur, venant saluer à l’issue du prégnant Te Deum laudamus. Le chœur le méritait largement car chanter auprès d’un « cast » de tel niveau  décuple le plateau.

Tosca, Yusif Eivanov & Anna Netrebko © Foto di Fabrizio Sansoni.

Dès Recondita armonia / di bellezze diverse !, en souplesse, d’une infinie longueur, Yusif Eivanov s’affirme, il a décidé de ne pas se ménager ; de chaleureux applaudissements le remercieront. Son Vittoria ! Vittoria ! tout en accélération, comme un cri de victoire et de vengeance éclate à la face de l’ignoble Scarpia ; quelle souplesse et facilité !  E lucevan le stelle… / ed olezzava la terra dans le velouté de la douceur jusqu’à L’ora è fuggita  se terminant par la vita ! dans un souffle qui ne cesse de se prolonger, interminable, vaut au tonnerre un tonnerre de bravo.

Tosca, Anna Netrebko & Amartuvshin Enkbath © Foto di Fabrizio Sansoni.

Amartuvshin Enkbath, ignoble parfait. Le baryton mongol en a la prestance, la rouerie, celui devant lequel tout Rome tremble. Pervers, il joue de l’éventail de l’Attaventi, preuve de la fausse tromperie de Mario comme Iago jouait d’un mouchoir pour instiller le doute dans la tête d’Otello, Jago ebbe un fazzoletto… ed io un ventaglio !. Voix  mielleuse à l’excès, tissant sa toile autour de Floria ; l’on ressent sa méchanceté. Jusqu’au hurlement de celle-ci Egli vede ch’io piango !  .. Son mouchoir qu’il lui tend – il ne recule devant rien – puis lui donnant la main pour l’accompagner hors de San Andrea della Valle. L’abjection dans sa splendeur. Elle ne s’en rend nullement compte, totalement sous son emprise. De petits détails dans cette mise en scène, toute en suggestions, bien éloignée des « lavabos vomitoires du palais Garnier ».

Tosca, Anna Netrebko & Amartuvshin Enkbath © Foto di Fabrizio Sansoni.

Il faut qu’il en profite l’affreux avant le fatal acte II. Hai piu forte sapore la conquista et Bramo. La cosa bramata sont des cris de satisfaction dans l’accompagnement de la direction divine de Daniel Oren. Il croit avoir conquis la cantatrice, cet affreux caricaturé à l’excès, Quest’ora io l’attendeva ! tel un hurlement de victoire, de satisfaction du Cosi ti voglio !. Son « io voglio » n’aura jamais de conclusion, stoppé par la lame d’un couteau Maledetta !

Prima donna assoluta LA Netrebko. La quadrature du cercle. Qu’en aurait pensé Henri Beyle / Stendhal qui fut consul de Civitavecchia ? Étrange puisque c’est de Civitavecchia que Floria et Mario devaient s’enfuir, quittant les terres pontificales. È l’Attavani !, le cri du cœur telle une lionne blessée en regardant l’éventail de celle-ci, piège que lui a tendu Scarpia, cri conforté par son Ed io venivo a lui tutta dogliosa. Situation s’aggravant dans la douleur No !... Mostro jusqu’au cri de No ! Ah ! Piu non posso ! Che orror ! jusqu’à s’abandonner Mario… con te… . Tant attendu, Vissi d’arte, vissi d’amore jusqu’à l’intense, la perfection, la longueur de ses pianissimi jusqu’à l’éclatant « cosi ? » comme « un point (poing) appuyé sur le i ». Applaudissements délirants dans des brava infinis. Netrebko est l'incandescente diva assoluta. Continuation de l’intensité de cette soirée dans le très court troisième acte. lo quella lama gli pianti nel core ne s’entend pas que, il se voit et se ressent. L’ultime duo merveilleux des amants, Trionfal, di nova speme dans l’exultation et l’espérance.

Amartuvshin Enkbath, Anna Netrebko & Yusif Eyvazov © Photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Rome, Teatro dell’Opera, 4 mars 2025.

On ne change pas un trio de feu et de passion. 23h 05. Dix minutes d’applaudissements. Dieci minuti di applausi al termine di una recita di Tosca, con Anna Netrebko, Yusif Eyvazov, Amartuvshin Enkbath e Daniel Oren alla testa della orchestra e il coro diretto da Ciro Visco. Le Paradis.

Remerciements à Cosimo M..

(1) représentation du 17 janvier 2025. https://www.lecurieuxdesarts.fr/2025/01/tosca-la-liberte-face-au-pouvoir-teatro-dell-opera-di-roma.html

Champagne pour Tosca, AF 1105, FCO vers CDG © Photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Air France, mars 2025.

Pour entendre une nouvelle fois Vissi d’arte & E lucevan le stelle, direction le Théâtre des Champs-Elysées pour le récital Anna Netrbko - Yusif Eyvazov, avec Pumeza Matshikiza et Jérôme Boutillier, sous la direction de Michelangelo Mazza à la tête du Sofia Philharmonic Orchestra. 27 mars 2025.

 © Photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Rome, Teatro dell’Opera, 4 mars 2025

Giacomo Puccini, TOSCA, livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica

1- 6 mars 2025, Teatro Costanzi, Rome (5 représentations, cast alternatig)

Chef d’orchestre Daniel Oren

Mise en scène Alessandro Talevi

Chef du chœur Ciro Visco  -  Décors Adolf Hohenstein réinterprétés par Carlo Savi & Costumes Adolf Hohenstein réinterprétés par Anna Biagiotti, revisitation de la création de de 1900, ici même  -  Lumières Vinicio Cheli

Orchestra e Coro del Teatro dell’Opera di Roma, avec la participation de la Scuola di Canto Corale del Teatro dell’Opera di Roma

Production du Teatro dell’Opera di Roma

Floria Tosca - Anna Netrebko / Yolanda Auyanet (2, 5 mars)

Mario Cavaradossi - Yusif Eyvazov / Vincenzo Costanzo (2) / Luciano Ganci (5)

Barone Scarpia - Amartuvshin Enkbath / Gabriele Viviani (2, 5)

Cesare Angeloti - Gabriele Sagona

Sagrestano - Domenico Colaianni [déjà présent pour les 5 représentations du 14 au 19 janvier 2025 et prévu pour les 3 représentations du 9 au 13 mai]

Spoletta - Saverio Fiore [déjà présent pour les 5 représentations du 14 au 19 janvier 2025 et prévu pour les 3 représentations du 9 au 13 mai]

Sciarrone - Leo Paul Chiarot  / Andrea Jin Chen (2, 5)

un carceriere - Fabio Tinalli / Alessandro Guerzoni (2, 5)

 

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E
grazie, grazie per tutto,<br /> io saro romana solo a maggio<br /> <br /> élisabeth védrenne
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G
Grazie a te cara Elisabeth