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Publié par Gilles Kraemer & Antoine Prodhomme

 

Exposition de la vente Pierre Bergé, Sotheby's Paris © photographie Antoine Prodhomme, 28 octobre 2018. La galerie Charpentier-Sotheby’s fut le théâtre de la vente de 975 lots de la collection de Pierre Bergé, dispersés les 30 et 31 octobre. L’ultime chapitre de la dernière des grandes ventes Yves Saint Laurent-Pierre Bergé (chez Christie's en 2009) se referme magistralement sur le résultat de 27.444.578 € soit 100 % des lots vendus et 95 % des lots vendus au-dessus de leur estimation haute (7,2 millions d'euros). Une vente en "gants blancs" très haute couture.

Vente Pierre Bergé, Sotheby's Paris, exposition © photographie Antoine Prodhomme, 28 octobre 2018Pendant 4 jours, Sotheby’s fit revivre les décors des quatre différentes demeures de Pierre Bergé dont Sotheby’s, en association avec Pierre Bergé & Associés dispersait le contenu. La scénographie de l’exposition permettait de retrouver, pour ceux qui l'ont connue, l'atmosphère de la rue Bonaparte, du mas Théo à Saint-Rémy-de-Provence, de la datcha à Benerville ou de la villa Mabrouka à Tanger. 

Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ, La porte du sérail, souvenir du Caire (1876). Vente Pierre Bergé, Sotheby's Paris © photographie Antoine Prodhomme. 28 octobre 2018. La collection proposait un ensemble de neuf peintures orientalistes de la rue Bonaparte. Le Garde maure de Ludwig Deutsch, très très belle huile sur panneau vendue 100 000 €, était une pertinente acquisition. Ces peintures trouvaient preneur pour 5.5 millions € sur l'estimation haute de 1.5 million €. Trois records mondiaux pour Charles Knighton Warren, Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ et Charles-Emile-Hippolyte Lecomte-Vernet. La plus disputée fut La porte du sérail, souvenir du Caire de Jean-Jules-Antoine Lecomte du Noüy qui bat à 2.409.000 € le record mondial pour l’artiste. Cette œuvre, exposée au Salon en 1877, estimée 400.000-600.000 €, était dans la collection Pierre-Bergé-Yves Saint Laurent depuis 1977. Les autres plus hautes enchères de cet ensemble allaient aux portraits de gardes de palais. Le Garde nubien peint par Charles Knighton Warren en 1853, a atteint le record mondial pour l’artiste de 321.000 € (est. 40.000-60.000 €). Garde du palais (1888), de Ludwig Deutsch fut disputé jusqu’à 2.289.000 € (estimation 300.000-500.000 €).
©  photographie Antoine Prodhomme. 27 octobre 2018. 
La collection comprenait également une magnifique toile commandée au Baron Gros en 1821, par Louis Philippe alors duc d’Orléans, pour sa galerie du Palais Royal, présentée au Salon de 1822. Préemptée par le musée du Louvre à 369.000 €. David jouant de la harpe pour le roi Saül ou David charmant la mélancolie de Saül dépassa son estimation haute de 150.000 €. Seconde préemption, celle très judicieuse du musée des Beaux-Arts d'Angers relative à Pierre-Jean David d'Angers (1788-1856) pour trois coupes à décors en reliefs de scènes allégoriques (1854) pour 4.000 € (est. 3 000-5 000 €). 
Bernard Buffet, Couple nu assis (1956) © photographie Antoine Prodhomme, 27 octobre 2018. 
Au cœur de la collection Pierre Bergé, douze tableaux peints par Bernard Buffet.  Ces toiles ont une histoire singulière : à deux exceptions, elles furent offertes par l’artiste à celui qui fut son compagnon pendant huit ans, de 1950 à 1958.  Pour la première fois sur le marché, ces douze œuvres, toujours conservées par Pierre Bergé, ont atteint 4.4 millions € contre une estimation haute de 1.4 million €. La plus haute enchère a récompensé Couple nu assis (1956), vendu 705.000 €  (est. 80.000-120.000 €).  Autoportrait sur fond noir obtient la deuxième plus haute enchère à 669.000 €  (est. 100.000-150.000 €). Avec Bœuf écorché, Bernard Buffet réinterprète le chef d’œuvre de Rembrandt et de Soutine, tant dans le cadrage que dans la palette employée. Il a été emporté à 609.000 € (est. 200.000-400.000 €).  Nature morte à la sole, 1952, a séduit les collectionneurs qui ont poussé les enchères jusqu’à 609.000 € (est. 100.000-150.000 €).
© photographie Antoine Prodhomme, 28 octobre 2018. 
Les œuvres de Claude et François-Xavier Lalanne sont les témoignages de l’amitié unissant les Lalanne à Yves Saint Laurent et Pierre Bergé. Le monumental miroir en bronze (1999) par Claude Lalanne, commandé pour le salon de la villa Mabrouka à Tanger, pièce unique, tripla à 909.000 € son estimation haute de 300.000 €. Le surtout de table en forme de canard cerné de nénuphars et six bougeoirs par François-Xavier Lalanne, visible dans la salle à manger de la résidence parisienne a dépassé à 489.000 € l’estimation haute de 300.000 € pour cette version en bronze et biscuit de Sèvres créée en 1972, commande également de Y.S.L.. Une tête minuscule de François-Xavier, haute de 5 cm., en bronze dorée, certes pièce unique de 1979 explose à 22 500 € (est. 4 000-6000 €); je renvoie à l'ouvrage de Daniel Marchesseau de 1998 consacré à ce couple d'artistes. Que dire dès lors du Coquetier poule du même artiste, un biscuit de la Porcelaine de Paris, de 7 cm. de haut qui multiplia par 10 son estimation pour être acquis 3 000 € ? Je me rappelle que dans les années 1980, la boutique du musée d'art moderne de la ville de Paris vendait une paire de salerons en forme de canard, en porcelaine de Paris, de cet artiste !

© photographie Antoine Prodhomme, 28 octobre 2018. Pierre Bergé avait réuni un précieux Kunstkammer. Dans cette section, un prix exceptionnel a récompensé le crucifix en corail de Trapani du XVIIe siècle, monté sur une croix en verre bleu, vendu 125.000 € (est. 6.000 à 8.000 ). Les amateurs ont souligné la rareté des deux merveilleux médaillons, provenant naturellement de chez Kugel, exécutés par le peintre émailleur français de la Renaissance, Léonard Limosin, vers 1554. Le Christ en buste de face et La Vierge en buste tournée de trois-quarts, firent respectivement  393.000 € et 369.000 €, au-delà de l’estimation de 40.000 à 60.000 €. La collection comprenait également un magnifique ensemble de memento mori que Pierre Bergé avait commencé à collectionner à partir de 2008. Ces 36 lots estimés à partir de 2.000 € furent disputés, atteignirent 472.250 €, presque quatre fois leur estimation. Le plus convoité fut un pendentif en forme de crâne en or émaillé polychrome sculpté en Allemagne, vers 1630. Il a décuplé à 68.750€ son estimation basse de 6.000 €. Le buste de Minerve d'après l'Antique, en schiste vert exécuté en Italie a pulvérisé à 225.000 € son estimation haute de 12.000 €. Il sera intéressant de suivre le devenir de ces objets. Retrouvera-t-on certains, à la TEFAF Maastricht le 16 mars 2019 ? 

© photographie Antoine Prodhomme, 28 octobre 2018Pierre Bergé avait rassemblé un bel ensemble de près de 40 masques africains qui a atteint 712.300 € contre une estimation haute de 135.000 €.  Le masque Bambara du Mali a largement dépassé son estimation, vendu 31.250 €. Le rare masque en ivoire Lega, République Démocratique du Congo, issu de la collection Charles Ratton, soclé par Kichizo Inagaki, estimé 3.000-5.000 €, s’est vendu 27.500 € .

Gilles Kraemer. Antoine Prodhomme

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