Des abyssales inconnues de Lionel Sabatté. Marellomorpha.
Lionel Sabatté © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, galerie Eva Hober, Paris, 30 janvier 2016
Lionel Sabatté peint ? Face lumineuse moins connue que ses sculptures. Première exposition exclusivement consacrée à ses peintures à l'huile, pratique première, lui qui fut élève du peintre Vladimir Velickovic à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris avant d'être celui de la sculpteur Anne Rochette.
Marellomorpha ? Marelle, le jeu enfantin permettant de s'élancer de la terre vers la case ciel. Anamorphose, la révélation d'une déformation en visible par le jeu du miroir. Ou créature qui vécut dans les fosses abyssales. Tout ceci.
Vues de l'exposition Lionel Sabatté. Marellomorpha © photographies Le Curieux des arts Gilles Kraemer, exposition Lionel Sabatté, galerie Eva Hober, Paris, 30 janvier 2016
Lionel Sabatté (né en 1975) ne brouille nullement les pistes, nous propulsant du fond des océans et des mers vers l'infini. Vers un espace éthéré dans une signification céleste ou irréelle. Vers un monde disparu, qui existe ou pourrait l'être. "Ma peintre est celle du mouvement, convoquant un ailleurs". Elle surgit de la terre puisque sur la toile, posée au sol, il verse différentes couleurs de peinture. Un temps de séchage de quelques jours à un mois puis découverte de la toile placée verticalement. Le regard devient autre et "je transcende ce qui est déjà présent dans la peinture" ajoute-t-il. De cette abstraction de couleurs appert des formes qui, par des rehauts qu'il y appose, basculent vers une trans-figuration poétique. Il y a du Jheronimus Bosch en lui, dans ce monde qu'il nous montre parcouru de créatures insolites, inventées ou réelles. Si vous regardez bien l'une d'elle, vous y verrez distinctement la bouche caractéristique, si monstrueuse et aplatie de la baudroie. Ou dans une autre, une raie tel un renvoi à Chardin. Il y a du Odilon Redon en lui, celui des mystères poétiques, dans ces yeux énucléés, dans ces yeux nous observant et surgissant des noirs espaces.
Il y a du mystère poétique dans la peinture de Lionel Sabatté.
Gilles Kraemer
Lionel Sabatté. Marellomorpha
30 janvier - 1 mars 2016
galerie Eva Hober
36-37, rue Chapon - 75003 Paris
Prix : entre 3 000 et 16 000 euros
Catalogue. Lionel Sabatté. Peinture à l'huile. Texte de Mériam Korichi (spécialiste de la pensée de Spinoza, sœur de Youcef Korichi représenté par Eva Hober) Pictomorphisme suivi d'un entretien entre Lionel Sabatté et sa galeriste. 82 pages. 15 euros.
Lionel Sabatté, Orée, 2015. Huile sur toile, 195 x 195 cm.. Toile et détails. © photographies Le Curieux des arts Gilles Kraemer, exposition Lionel Sabatté. Marellomorpha, galerie Eva Hober, Paris, 30 janvier 2016