De la ligne pure de la couleur chez Pierre Schwerzmann. Suzanne Tarasieve Paris
Pierre Schwerzmann, La porte tambour, 2016. Acrylique sur toile. 130 x 130 cm © photographie Le Curieux des arts Antoine Prodhomme janvier 2017, exposition Pierre Schwerzmann Hiatus, Suzanne Tarasieve Paris
"En linguistique, Hiatus définit la succession immédiate de deux voyelles sonores appartenant à des syllabes ou deux mots différents [...] Ce qui demeure néanmoins marquant au regard des toiles de Schwerzmann cʼest lorsque lʼon se remémore la signification latine du terme : ouverture béante" écrit Marco Costantini face aux peintures de Pierre Schwermann (né en 1947, Suisse). Ouverture béante, ouverture vers la couleur, la seule couleur, la découpe de celle-ci, comme la pureté du geste de Pierre Matisse découpant dans des papiers peints, telles des sculptures, ces couleurs qu'il appliquerait dans l'espace de la virginité d'une toile. Dans Notes par deux (2003), en trente-six courtes réflexions, s'ouvrant par "Le vide n'est pas le silence. Solitude : meilleur instrument du peintre" et se clôturant par "Le geste est un combat. Ciel sans fond, la distance", Geneviève Asse transcrivait le vide, le plein, le jeu du vide et du plein, la ligne diagonale, horizontale ou verticale, la couleur pour elle-même, l'épure la plus totale. Pour Pierre Schwermann, aussi rigoureux de ses mots pour parler de son travail que ne l'est Geneviève Asse, "la peinture nous laisse sur le seuil de sa platitude car l'espace de la peinture ne se perçoit qu'en deçà de son seuil".
À gauche Pierre Schwerzmann, Sans titre, 2016. Acrylique sur toile. 114 x 200 cm. À droite Pierre Schwerzmann, Sans titre, 2016. Acrylique sur toile. 200 x 122 cm © photographie Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, janvier 2017, exposition Pierre Schwerzmann Hiatus, Suzanne Tarasieve Paris
Ainsi se dévoile, peu à peu, Pierre Schwerzmann au regard d'acier pour son exposition Hiatus chez Suzanne Tarasieve, en nous offrant ses toiles sur certaines desquelles il plaque un verre car "il y a hiatus entre la peinture et le verre qui renvoie l'image de celui qui la regarde. Le verre fabrique une autre image condensant la complexité des choses". Comme Francis Bacon jouait des vitres posées sur ses toiles, renvoyant son image troublée au regardeur, induisant des doutes au spectateur devant le conduire vers un imaginaire. Asse, Bacon, Matisse pour sa profondeur, Aurélie Nemours sont du monde de Pierre Schwerzmann comme le sont Hans Holbein le Jeune et son Christ mort dont la représentation nous tient à distance, Caravaggio par son passage du divin au profane, Piero della Francesca et Le Déluge de Paolo Uccello. Des peintres mus par l'économie et la radicalité de leur geste qu'il retrouve dans leurs peintures.
À gauche Pierre Schwerzmann, Sans titre, 2016. Acrylique sur toile. 110 x 95 cm. À droite Pierre Schwerzmann, Sans titre, 2016. Acrylique sur toile. 114 x 200 cm © photographie Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, janvier 2017, exposition Pierre Schwerzmann Hiatus, Suzanne Tarasieve Paris
Face à nous, le blanc vers le noir en un dégradé, la couleur vive sur l'écru de la toile pour lui qui aime aller jusqu'aux limites de la sourdité de la couleur, la couleur hyper vive, l'économie des traversées grisées qui provoquent un troublement rétinien et comme une mouvance de sa peinture. Dans une ouverture du champ de l'expérience et une déstabilisation de notre perception.
Gilles Kraemer
Pierre Schwerzmann Hiatus
7 janvier – 11 mars 2017
Suzanne Tarasieve Paris - 7, rue Pastourelle - 75003 Paris
Internet suzanne-tarasieve.com
Catalogue. Texte de Marco Costantini . Texte de Pierre Schwerzmann sur sa toile La porte tambour. Jeudi 9 février signature et à 19h lecture de Pierre Schwerzmann
Pierre Schwerzmann © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, janvier 2017