Gilles Kraemer
photographies Antoine Prodhomme
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La cérémonie du sacre. Restitution de la cathédrale © Antoine Prodhomme, vue de l’exposition Le dernier sacre, Galerie des Gobelins, Mobilier national, juin 2025.
Le dernier sacre. Visite avec Renaud Serrette, inspecteur des collections du Mobilier national en charge du mobilier de 1815 à 1900 et Hélène Cavalié, directrice adjointe des collections du Mobilier national, commissaires de cette exposition que la Galerie des Gobelins – Mobilier national consacre au bicentenaire du sacre de Charles X à Reims. Sacre également des arts décoratifs et des savoir-faire virtuoses des artisans car « au-delà de cette commémoration, cette exposition vise à souligner la floraison artistique et décorative qui marqua les dernières années de la Restauration et annonçait, après les excès compassées du style Empire, l’éclectisme et la créativité du XIXe siècle souligne Hervé Lemoine, président des Manufactures nationales – Sèvres & Mobilier national, dans le conséquent - plus de 3 kg. - et indispensable catalogue, une mine de renseignements en 27 essais, sur cet instant de la royauté dont l'on évoque le bicentenaire.
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Le roi est mort : vive le roi ! Restitution de la Pompe funèbre de Louis XVIII à Saint-Denis © Antoine Prodhomme, vue de l’exposition Le dernier sacre, Galerie des Gobelins, Mobilier national, juin 2025.
À la mort de Louis XVIII, dans la nuit du 15 au 16 septembre 1824, décédé sans descendant, son frère, le comte d’Artois, lui succède sous le nom de Charles X.
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Pompe et magnificence, le carrosse et le cortège du sacre. Panneau du carrosse du sacre de Charles X peint par Pierre-Claude-François Delorme, 1824. Cuivre doré peint © Antoine Prodhomme, vue de l’exposition Le dernier sacre, Galerie des Gobelins, Mobilier national, juin 2025.
Dès son accession au trône de France, Louis XVIII avait émis le projet d’être sacré en 1814, en 1818 puis 1823. Un sacre qui ne sera que celui du désir même si la cérémonie de ce roi podagre et gouteux se préparait. Il s’était fait portraiturer, dans « le grand habillement du sacre », par Robert Lefèvre (1816), avait commandé le manteau fleurdelysé, la couronne, le costume de l’ordre du Saint-Esprit, le carrosse dont la caisse conçue par Charles Percier sera réutilisée pour la berline du couronnement à Reims et pour l’entrée du roi à Paris. Également pour le mariage de Napoléon III en 1853 et le baptême du prince impérial en 1856.
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Le roi est mort : vive le roi ! Restitution de la Pompe funèbre de Louis XVIII à Saint-Denis © Antoine Prodhomme, vue de l’exposition Le dernier sacre, Galerie des Gobelins, Mobilier national, juin 2025.
L’évocation dans la pénombre de la Pompe funèbre à l’église royale de Saint-Denis le 24 septembre, ouvre théâtralement et dramatiquement l’exposition. Dais de velours, drap mortuaire, tenture murale, tabard de héraut d’armes de France.
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La célébration du régime. Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, détail du Sacre de Charles X à Reims, 29 mai 1825, François Gérard, 1825-1829 © Antoine Prodhomme, vue de l’exposition Le dernier sacre, Galerie des Gobelins, Mobilier national, juin 2025.
Réunissant nombre d’objets des réserves du Mobilier national, l’exposition déroule ce moment d’histoire. Elle se conclut par les Trois Glorieuses, l’exil de Charles X et sa mort du choléra le 6 novembre 1836 à Gorizia en Autriche, aujourd’hui Görtz en Slovénie.
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Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, détail de Louis-Philippe prêtant serment à la Charte constitutionnelle, Ecole française, ca 1830. © Antoine Prodhomme, vue de l’exposition Le dernier sacre, Galerie des Gobelins, Mobilier national, juin 2025.
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Un assaut de magnificence, les costumes du sacre. Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, son costume de grand chambellan, Maison Dallemagne & Guibout © Antoine Prodhomme, vue de l’exposition Le dernier sacre, Galerie des Gobelins, Mobilier national, juin 2025.
Un tableau d’un anonyme représente son successeur Louis-Philippe prêtant serment à la Charte constitutionnelle le 9 août 1830 ; dans un coin du tableau, traversant tous les régimes, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord. Présent aux sacres de Louis XVI et de Napoléon Ier, au Sacre de Charles X à Reims sous le pinceau de François Gérard et à la Réception des chevaliers dans l’ordre du Saint-Esprit par Nicolas Gosse. Son costume de grand chambellan pour le sacre, velours de soie bleu barbeau est montré.
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La cérémonie du sacre à Reims. Jean-Charles Cahier, orfèvre, Reliquaire de la sainte ampoule, d'après Louis Lafitte, peintre. , 1822. Argent doré, émeraudes, rubis, cristal de roche © Antoine Prodhomme, vue de l’exposition Le dernier sacre, Galerie des Gobelins, Mobilier national, juin 2025.
Fixée au 29 mai 1825, l’organisation de cette cérémonie est un défi, dans un temps compté de préparation, pour le duc de Doudeauville dirigeant la Maison du roi pour le déroulé des jours, depuis le départ des Tuileries le 24 mai, l’entrée à Reims le 28, le sacre le 29, la cérémonie de l’ordre du Saint-Esprit le 30, le retour le 1er juin, l’arrivée à Paris le 6 juin. Agenda du roi explicité dans le catalogue par Hélène Cavalié.
Tout était à réinventer, en interrogeant les rares témoins du sacre de 1775, en compulsant l’album du sacre de Louis XVI, principale référence iconographique.
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Loger le roi © Antoine Prodhomme, vue de l’exposition Le dernier sacre, Galerie des Gobelins, Mobilier national, juin 2025.
Loger le roi et sa cour dans le palais archiépiscopal de Reims dit « palais du Tau ». La fermeture fort opportune depuis le 1er janvier 2023 de ce bâtiment jusqu’à sa réouverture en 2026, a permis le prêt du Reliquaire de la sainte ampoule, présenté au côté de la Couronne dite de Charlemagne, créée pour le couronnement de Napoléon Ier et réadaptée à la tête de Charles X.
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Loger le roi. Au premier plan, Lit pliant, 1821 // Tapis d'après Charles Le Brun, Manufacture de la Savonnerie, 1682 // Lit, ca 1813, meublant la chambre de Charles X à Reims, recouvert d'un damas vert © Antoine Prodhomme, vue de l’exposition Le dernier sacre, Galerie des Gobelins, Mobilier national, juin 2025.
L’on pioche, pour l’aménagement des appartements à Reims, en priorité dans les réserves du Garde-Meuble de la Couronne. L’on fait venir le mobilier des Tuileries, de l’Élysée, de Trianon, de Fontainebleau. Ironie, la pendule de l’appartement du roi de Rome et l’écritoire dit « de l’abdication » de Napoléon Ier, les lés de tenture en soie ou velours tissés sous Napoléon sont empruntés. Des lustres sont commandés pour la salle du festin du palais du Tau, 72 pour la cathédrale.
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La cérémonie du sacre à Reims © Antoine Prodhomme, vue de l’exposition Le dernier sacre, Galerie des Gobelins, Mobilier national, juin 2025.
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La cérémonie du sacre à Reims © Antoine Prodhomme, vue de l’exposition Le dernier sacre, Galerie des Gobelins, Mobilier national, juin 2025.
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A la table du roi. Manufacture de Sèvres, service dit Beau bleu à frise capraire, 1825, assiette, sucrier de forme coupe, seau à bouteille de forme étrusque, saucière de forme lampe © Antoine Prodhomme, vue de l’exposition Le dernier sacre, Galerie des Gobelins, Mobilier national, juin 2025.
La cérémonie du sacre est restituée par la reconstitution de 2 arcades sur les 36 de la cathédrale surmontées des rois des trois dynasties, ici Clovis et Louis IX. Tunique en drap d’or du dauphin, tabards de héraut d’armes, chasuble de l’archevêque, dais et appui du trône du jubé éclairent sur la magnificence de cette cérémonie commencée à 8h, terminée à 11h 30. Suivie du festin royal, servi « en ambigu », ne durant que 30 minutes. Sur la table, des "biscuits roses de Reims" me font souvenir des "macarons d'Adam" lors du mariage de Louis XIV avec l'infante à Saint-Jean-de-Luz...
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La cérémonie du Saint-Esprit. Auguste-François Dallemagne, grand manteau de l'ordre du Saint-Esprit © Antoine Prodhomme, vue de l’exposition Le dernier sacre, Galerie des Gobelins, Mobilier national, juin 2025.
L’après-midi du 30 mai, dans la cathédrale, eut lieu la cérémonie de l’ordre du Saint-Esprit qui avait été supprimée sous la Révolution en 1791. Un Grand manteau de cet ordre institué par Henri III ainsi qu’un Petit costume d’hiver sont exposés à côté de l’un des 50 Colliers commandés pour cette manifestation.
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La célébration du régime. Sacre de Charles X à Reims, 29 mai 1825, François Gérard, 1825-1829 © Antoine Prodhomme, vue de l’exposition Le dernier sacre, Galerie des Gobelins, Mobilier national, juin 2025.
Après ce sacre, la munificence royale se caractérise par la frappe de médailles, le Portrait du roi dans le grand habillement du sacre par François Gérard reproduit en de multiples exemplaires pour les édifices publics et les cadeaux diplomatiques. En remerciement de son Ode au roi, Victor Hugo - qui se gardera de rappeler qu’il fut royaliste - reçut un service à déjeuner de 58 pièces qu’il avait choisi à la Manufacture de Sèvres. Service qu’il emportera avec lui à Guernesey, à Hauteville House où il est toujours conservé.
Combien de fleurs de lys dans cette exposition ? 16 000 selon Renaud Serrette. Subsiste dans l’oreille l’opéra commandé à Giacchino Rossini, Il viaggio a Reims, exécuté devant la famille royale le 19 juin 1825.
Charles s’inscrit dans la tradition en commandant l’album de son sacre. Demeuré inachevé en 1830, l’ouvrage ne fut jamais publié. Pour la première fois, les planches sont publiées dans le catalogue
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Le roi est mort : vive le roi ! Pompe funèbre de Louis XVIII à Saint-Denis © Antoine Prodhomme, vue de l’exposition Le dernier sacre, Galerie des Gobelins, Mobilier national, juin 2025.
Le dernier sacre
1er avril au 20 juillet 2025
Mobilier national - 42 avenue des Gobelins, 75013 Paris
Catalogue sous la direction de Renaud Serrette & Hélène Cavalié, avec la collaboration de Stéphane Bern. 532 pages. Editions Monelle Hayot. Prix 59 € (en service de presse)
https://mobiliernational.culture.gouv.fr/fr/expositions-et-evenements/le-dernier-sacre
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