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Publié par Gilles Kraemer & Marie-Christine Sentenac pour les photographies

 Gilles Kraemer.  Marie-Christine Sentenac pour les photographies. 

 

Alberto Giacometti (1901-1966). À gauche, reconstitution documentaire de Mannequin, 1932-1933 réalisée en trois dimensions d’après photographie. Documentation de la Fondation Giacometti, Paris. À droite Femme qui marche I , 1932-1936. Plâtre. 152,1 x 28,2 x 39 cm.. Fondation Giacometti, Paris © photo Marie-Christine Sentenac, mai 2020.

" Comme un historien de l’art qui travaille sur des œuvres existantes, il a fallu travailler ici, sur des œuvres… disparues " souligne Christian Alandete, directeur artistique de la Fondation Giacometti, nous présentant l’exposition Alberto Giacometti / À la recherche des œuvres disparues. Soixante-dix œuvres dont l’on a perdu toute trace ressurgissent de dessins, de croquis inédits, de photographies.

Sous la forme d’une " enquête policière ", Michèle Kieffer, commissaire de cette exposition, " esquisse un véritable catalogue raisonné des œuvres disparues de l’artiste, réalisées entre 1920 et 1935, dans une période féconde de recherche ".

 

Alberto Giacometti, Sur la page de droite Croquis de Petit désespéré, Trois figures et Embryon, 1932. Crayon sur carnet. Fondation Giacometti, Paris © photo Marie-Christine Sentenac, mai 2020.

Alberto Giacometti, Texte avec des croquis de 1 + 1 = 3 et autres sculptures, 1947. Crayon et encre sur carnet. 22 x 17,5 cm.. Fondation Giacometti, Paris © photo Marie-Christine Sentenac, mai 2020.

" Perdu, distrutto, refaire, finire, aller plus loins ", peut-on lire sur les murs de la Fondation, mots extraits des nombreux carnets de l’artiste, " source incontournable pour la recherche de ses œuvres disparues [...] l’artiste y listant ses œuvres en cours d’exécution, ainsi que celles entreposées dans l’atelier, vendues ou détruites ". " Attention cependant, insiste Christian Alandete, il ne faut pas imaginer Alberto systématiquement insatisfait de son travail et le détruisant.". Il travaille, reprend, transforme sans cesse.

 

 

Alberto Giacometti, Autoportrait, 1925. Plâtre. 41 x 21 x 28 cm.. Alberto Giacometti-Siftung, Zurich © photo Marie-Christine Sentenac, mai 2020.

 

 

 

 

 

 

 

 

Alberto Giacometti, Reconstitution documentaire de Oiseau silence, 1930.-1933, réalisée en trois dimensions d’après photographie. Sur le mur, reconstitution documentaire de Bas-relief, 1929, créé pour Georges-Henri Rivière, réalisé en trois dimensions d’après photographie. Documentation de la Fondation Giacometti, Paris. Sur le mur de droite, Relief, 1929, en bronze, créé pour Davis David-Weil, photographie de Marc Vaud. Archives de la Fondation Giacometti © photo Gilles Kraemer, mai 2020.

L’exposition présente cette phase de jeunesse de l’artiste (1901-1966), arrivant à Paris en 1922, pour y suivre les cours de sculpture d’Antoine Bourdelle. De ses œuvres fragiles de plâtre, de terre se durcissant, se craquelant et disparaissant ne subsistent que des photographies, des notes, des dessins. La reconstitution documentaire en trois dimensions réalisée d’après photographie restitue trois œuvres importantes : Bas-relief (1929) créé pour Georges-Henri Rivière que l’on a du mal à imaginer être d’Alberto; Oiseau silence (1930-1933) présenté au VIe Salon des Surindépendants; Mannequin (1932-1933) présenté à l’Exposition surréaliste à la galerie Pierre Colle, tel que vu sur une photographie de Marc Vaux avec un bras se terminant par un faisceau de plumes.

Alberto Giacometti, Figure, dite cubiste, c. 1926. Plâtre. Fondation Giacometti, Paris. © photo Marie-Christine Sentenac, mai 2020.

Autoportrait (1925), Figure, dite cubiste I (c. 1926), la taille directe sur pierre peinte de Composition (c. 1927-1928), Composition (c. 1927-1928), le tirage en bronze de Personnages (1926-1927), Femme qui marche (1932-1936) importante et capitale par socle primordial et fondamental dans l’œuvre du sculpteur, Objet surréaliste (1932) fait de bois et de métal dont Martial Raysse reconstituera les éléments marquants en 2015, sont des exemples d’œuvres encore existantes.

 

Alberto Giacometti, Croquis de Mannequin, c. 1934. Crayon, encre et stylo bille sur carnet. Fondation Giacometti, Paris © photo Marie-Christine Sentenac, mai 2020.

Figurent les annotations suivantes : mannequin / gesso / 1933 / 1933 / figura senza braccia / vendita Matisse / New York / Guggenheim. Cette statue en plâtre fut exposée à la Galerie Pierre Matisse (le fils du peintre) à New York et vendue à Peggy Guggenheim [manifestement, cette annotation d'acquisition semble avoir été portée plus tar]. Cette Femme qui marche est aujourd’hui visible dans la collection de cette dernière, à Venise, au Palazzo Venier dei Leoni. www.guggenheim-venice.it/it/arte/opere/woman-walking-1/

 

 

Cette exposition, ouverte en février avant la pandémie du coronavirus, ne serait-elle pas une façon d’appréhender les futures expositions pour qu’enfin cesse cette course incessante aux visiteurs et aux communiqués triomphants et parfois excessifs dans leurs laudations ? La qualité d’une exposition se mesure-t-elle obligatoirement au nombre de ses visiteurs incités par la publicité à se déplacer pour une exposition à chaque fois annoncée comme celle du siècle ? Cette course au superlatif ne trouva-t-elle pas son acmé avec Leonardo au Louvre, à l’hiver 2019/2020, blockbuster " offert " six mois avant son ouverture par une couverture médiatique et une réservation obligatoire pour accéder au Graal ?

Un virus inattendu, tel un chien dans un jeu de quilles, allait tout remettre en cause ce printemps 2020. Verra-t-on enfin la fin des commerciales expositions autour de X et la cuisine, X et les maîtres et, pourquoi pas X et Nestor, le poisson rouge ? Revenons, enfin, à des expositions signifiantes et non plus entassant des œuvres.

Comment repenser l’histoire de l’art à partir de ses propres collections, ceci est le fil rouge de la Fondation avec une attention approfondie apportée à chaque œuvre. Dans une idée de rentrer dans l’intimité de l’artiste et une appréhension de son œuvre. Le futur des expositions que les institutions doivent maintenant imaginer dans l’après Covid-19, ne serait-il pas en germe à la Fondation Giacometti ?

 

Pendant la visite de l’exposition © photo Marie-Christine Sentenac, mai 2020.

 

Alberto Giacometti / À la recherche des œuvres disparues

25 février au 12 avril 2020. Fermée le 15 mars pour pandémie du coronavirus, rouverte depuis le 15 mai, l’exposition est prolongée jusqu’au 21 juin.

Institut Giacometti - 5, rue Victor Schoelcher, 75014 Paris.

Catalogue en français et en anglais. 194 pages. Textes Christian Alandete, Michèle Kieffer, Joanna Fiduccia, Nathalie Leleu. Co-édition Fondation Giacometti / Fage éditions. 28 €.

Exposition prochaine prévue : L’homme qui marche

Billetterie et réservation obligatoire en ligne www.fondation-giacometti.fr/

 

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