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Marie-Christine Sentenac

 

Dans une scénographie qui reproduit les décors de l’époque, la galerie Jacques Lacoste propose une soixantaine d’œuvres de l’après–guerre, période propice à la création d’un style nouveau entre savoir-faire artisanal éprouvé et désir de modernité. La fabrication en série ne dispensant pas de joindre l’utile à l’agréable à regarder.

Max Ingrand (1901-1969), Bas-relief en dalle de verre gravé au jet de sable, adouci à l’acide, sur fond doré. Pièce unique. Provenance : Décor du salon d’accueil siège social de Saint-Gobain à Neuilly-sur-Seine en 1961. Dimensions : H 112 x L 435 x P 22 cm. © photo Marie-Christine Sentenac, juin 2021. 

Les salons: d’Automne, des artistes décorateurs, des arts ménagers sont propices à la porosité entre les arts. Le courant moderniste des années 1920 avait introduit des matériaux industriels, métal, verre, on y ajoute rotin, paille, raphia… dans des créations qui jusque là faisaient appel à des essences précieuses de bois et des médiums rares et raffinés.

Un regain d’intérêt pour le monde montagnard et paysan, la nature, l’extérieur, attise un désir de simplicité et d’authenticité loin de la sophistication des arts déco. Les sculptures de Jean Arp, Alexandre Calder, Fernand Léger… s’en font l’écho.

Pour les artistes ensembliers décorateurs, LESS IS MORE, et ils s’adaptent au nouveau mode de vie des " trente glorieuses ". On peut ainsi admirer dans le spacieux espace de l’avenue Matignon

Serge Mouille (1922-1988), Lampe modèle Cactus, ca 1962, en métal peint noir et blanc. Provenance : Achat à la famille de Monsieur D., galeriste, premier propriétaire. Pièce unique © photo Marie-Christine Sentenac, juin 2021. 

Le luminaire Cactus de Serge Mouille qui a suivi un cursus d’orfèvre à l’École des Arts Appliqués - il commence par dessiner des couverts - avant de devenir l’une des stars du luminaire. Il innove avec des totems, des bras pivotants, des réflecteurs noirs et sera le premier à utiliser les tubes fluorés en 1962.

 

 

 

 

 

Jean Royère (1902-1981), Lampadaire Naja en rotin et raphia bleu ; Psyché en rotin ; Tabouret en rotin et coussin en lin. Circa 1953. Provenance : Commande du Dr B. pour sa villa du Cap d’Ail, ca 1953. Photo : Hervé Lewandowski. Courtesy Galerie Jacques Lacoste © Adagp, Paris, 2021.

Un ensemble exceptionnel de Jean Royère: le lampadaire avec son abat-jour de raphia, la psyché et le tabouret en rotin provenant d’une villa sur la Côte d’Azur.

http://www.lecurieuxdesarts.fr/2021/01/jean-royere-ligne-forme-couleur.html

 

 

 

Alexandre Noll (1890-1970)© photo Marie-Christine Sentenac, juin 2021.

Une surprenante sculpture monumentale d’Alexandre Noll  taillée dans la masse.  Autodidacte, il commence par fabriquer pour Paul Poiret des manches d’ombrelles et des pieds de lampe puis réalise des « meubles sculptés » et des objets usuels (boites, plateaux, coffres…) en sycomore, acajou, teck, ébène, bois de violette ou bois rustique (noyer, hêtre, orme…). À partir des années 50 il se consacre uniquement à la sculpture, alternant surface lisse et accidents de la matière, sans l’altérer, dans une approche casi-philosophique.

Une table, pièce unique (circa 1955) de Georges Jouve (1910-1964). Apprenti à l’école Boulle, l’Académie Julian et la Grande Chaumière. Fait prisonnier pendant la guerre, il s’évade et se réfugie à Dieulefit un village de potiers dans la Drôme. Initié à la céramique alors qu’il se destinait à une carrière de décorateur de théâtre, après avoir exploré les motifs animaliers et anthropologiques, à partir de 1940 il recherche la forme pure pour ses vases, appliques, pieds de lampe…. Le jeu des transparences ou du mat devient particulièrement flagrant dans son emploi de la couleur noire.

Jean Prouvé (1901-1984), Bureau Présidence. Piètement en tôle d’acier plié laqué noir et caisson en gris, sabots en acier inoxydable et poignées aluminium. Plateau en chêne plaqué. Ca 1950. Provenance : Ancienne collection de Monsieur V. (France). Photos : Hervé Lewandowski. Courtesy Galerie Jacques Lacoste © Adagp, Paris, 2021.

 

 

 

 

 

 

 

Jean Prouvé (1901-1984), Armoire modèle N°100 en acier peint, chêne, acajou et portes coulissantes en tôle d’aluminium « pointes de diamant ». Ca 1952. Photos : Hervé Lewandowski. Courtesy Galerie Jacques Lacoste © Adagp, Paris, 2021.

Une armoire de Jean Prouvé, "pointe de diamant" dont on connaît le travail en série pour la Cité universitaire de Nancy. Fonctionnalité, refus du motif décoratif selon les principes de l’UAM.

Max Ingrand (1908-1969), Table bois verni noir et parchemin verni et huit chaises en bois verni noir et velours. Ca 1955. Provenance : Mobilier personnel de Max Ingrand pour sa villa à Neuilly-sur-Seine, achat à la famille de l’artiste. Photo : Hervé Lewandowski. Courtesy Galerie Jacques Lacoste © Adagp, Paris, 2021.

Max Ingrand (1901-1969), Bas-relief en dalle de verre gravé au jet de sable, adouci à l’acide, sur fond doré. Pièce unique. Provenance : Décor du salon d’accueil siège social de Saint-Gobain à Neuilly-sur-Seine en 1961  &  Lampadaire Trident  Modèle 1569 en bois noir ciré, laiton et verres bombés. Édition Fontana Arte. Ca 1960. Photo : Hervé Lewandowski. Courtesy Galerie Jacques Lacoste © Adagp, Paris, 2021.

Max Ingrand, maître-verrier. Il entend "habiller la lumière". Spécialiste du verre, (vitrail, verre gravé, églomisé) il conçoit des miroirs (pour le paquebot Normandie) des paravents, des décors monumentaux (pour l’hôtel particulier du Baron Empain à Bruxelles)… et devient conseiller artistique de Saint-Gobain, entre autres.

Table Diabolo, ca 1962 de Mathieu Matégot (1910-2001) © Marie-Christine Sentenac, juin 2021.

Décorateur de théâtre à Budapest, Mathieu Matégot devient étalagiste aux Galeries Lafayette dès son installation à Paris. De retour de captivité il utilise la tôle perforée découverte en Allemagne et invente le Rigitulle, résille de tôle pour laquelle il met au point une machine à plier et plisser. Luminaires, sièges, étagères, tables roulantes, porte revues… déclinés en noir ou couleurs très vives.

© photo Marie-Christine Sentenac, juin  2021.

Des pièces muséales dont Jacques Lacoste parle avec la flamme qui habite les amoureux de belles choses. Ne venant pas du sérail il a fourbi ses armes dans l’univers assez impitoyable des Puces dès 1986, au marché Serpette. Passionné par le design des années 50, spécialiste mondial incontesté de l’œuvre de Jean Royère dont il possède plus de 10 000 documents, il mécène le fonds Royère du Musée des Arts décoratifs, riche des archives léguées par le créateur.

En 1997 il ouvre une galerie rue de Lille, puis il déménage au 12 rue de Seine. En 2019 il ouvre une seconde antenne au 19 avenue Matignon, 500 m2 sur trois niveaux. Les présentations sont toujours particulièrement soignées et l’accueil chaleureux. Il est amusant de constater que la plupart des pièces exposées viennent des demeures de leurs commanditaires. Toutes possèdent leur "pedigree" et de nombreuses esquisses préparatoires sont accrochées.

Rue de Seine, on peut voir une exposition ANIMAL ou, comment les animaux domestiques, sauvages ou fantasmé s’immiscent dans l’art. Entre autres merveilles un impressionnant bureau et son fauteuil signés Carlo Bugatti.

 

ICÔNES 1950

26 mai – 24 juillet 2021

Galerie Jacques Lacoste - 19, avenue Matignon - 75008 Paris

https://www.jacqueslacoste.com/

ANIMAL

Galerie Jacques Lacoste - 12 rue de Seine - 75006 Paris

jusqu’au 10 juillet 2021

 

 

 

Tag(s) : #Art de vivre - Lifestyle, #Expositions Paris, #Marché de l'art
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