L'Âge d'or du paysage hollandais. Dessins de la collection de l'École des Beaux-Arts, Paris
L'Âge d'or du paysage hollandais. Cabinet des dessins Jean Bonna, Beaux-Arts de Paris © photographie Le curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse 2014
Après Le Paysage à Rome au XVIIe siècle, l'École des Beaux-Arts de Paris présente parmi les 855 dessins de l'école hollandaise qu'elle conserve, 41 feuilles sous le thème de L'Âge d'or du paysage hollandais, période florissante du 17e siècle, avec des oeuvres de Jan Josefsz. van Goyen à Jacob Isaacksz. van Ruisdael, d'Hendrick Avercamp à Cornelis Claesz. van Wieringen, de vues urbaines et marines, de panoramas et de scènes pastorales. Et aussi d'amateurs comme l'avocat Jan de Bisschop Une fontaine à Vilvorde près de Bruxelles ou le secrétaire Constantijn Huygens Le Jeune Vue de l'abbaye d'Averbode au Brabant méridional.
Le caractère achevé de ces dessins, dont nombre sont datés, annotés, signés ou monogrammés - 33 viennent de la collection Jean Masson offerte en 1925 à l'École – démontre qu'ils étaient destinés à la vente ou à être gravés. Il existait au XVIIe siècle, un marché très actif en Hollande pour ces dessins élaborés, comme l'étudie Jan Blanc dans le catalogue, avec des collectionneurs et amateurs de « la belle feuille » considérée comme une œuvre à part entière, acquise et conservée dans des portefeuilles. Art de la fidélité et de la précision aussi, tel « un souvenir d'une promenade, d'une vue urbaine, comme la carte postale d'un lieu vu dont l'on souhaite conserver la mémoire, comme le précise Emmanuelle Brugerolles commissaire de cette exposition, même si certains sites étaient recomposés ».
Patineurs et traîneaux sur la glace de Hendrick Avercamp réunit ces deux critères. Dans cette gouache et aquarelle transparaît un moment hivernal très réaliste où, de la servante chaussant ses patins à un couple vêtue à la dernière mode, chacun se livre à cette ludique occupation. Le cadrage savamment étudié et la composition construite de la représentation d'un instant laissent transparaître un dessin totalement composé, « exprimant un effet de ressemblance » souligne Jan Blanc.
Plus réalistes, apparaissent les deux vues : Futaie dans le bois de Doorwerth, pierre noire, lavis et encre brune d'Herman II Saftleven - d'une famille d'artistes de Rotterdam – représente, dans des effets de lumière et d'ombre à travers les feuillages obtenus par le lavis, cette forêt très appréciée des artistes de l'époque comme le furent les Ruines du château de Brederode par Laurens Vincentsz. van der Vinne.
Plus imaginatif est la Chapelle près de Beaumont en Belgique d'Allaert van Everdingen avec le rocher si architectural par sa forme qu'il semble rajouté, comme un souvenir des paysages vus en Norvège ou il fut séduit par les architectures en bois et l'aspect rocheux des paysages. Ces artistes voyagent, se rendent dans les pays nordiques tel Allaert van Everdingen (Deux huttes de paysans norvégiens) ou en Allemagne, pour les paysages abrupts et accidentés le long du Rhin comme Herman II Saftleven (Vue d'une rivière avec un château à droite, à l'aspect inventé). Les sédentaires imaginent des paysages romains en copiant des dessins ou des gravures représentant ce pays : Pieter Molyn introduit dans sa composition une Ruine antique au bord de l'eau inspirée du temple de Minerva Medica à Rome.
L'Âge d'or du paysage hollandais. Cabinet des dessins Jean Bonna, Beaux-Arts de Paris © photographies Le curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse 2014
Jan Josefsz. van Goyen (1596-1656), artiste clef de cette période, parcourt le territoire des Provinces-Unies, représentant en une grande liberté d'exécution des mariniers et des paysans dans leur activité quotidienne, dans ce pays plat, sans relief, marqué par la présence de la mer et des canaux (Bac chargé de paysans et de bétail, traversant une rivière). Autre célèbre peintre Jacob Isaacksz. van Ruisdael (1628/1629-1682) avec deux vues « dans des effets de ressemblance » d'Amsterdam : De Blaeu Brugh sur l'Amstel et De Jacht-haven sur l'Amstel, deux pierres noires sur lesquelles se voit la trace du passage d'une pointe puisqu'elles furent transcrites en gravure et dans le même sens par Abraham Blootelingh.
Une belle image de la Nature selon ces dessinateurs hollandais.
Gilles Kraemer
L'Âge d'or du paysage hollandais
10 octobre 2014-16 janvier 2015
Cabinet des dessins Jean Bonna - Beaux-Arts de Paris
14, rue Bonaparte – 75006 Paris
Lundi à vendredi, de 13h à 18h / fermeture du 20 décembre 2014 au 4 janvier 2015
Internet : http://www.beauxartsparis.com/expositions/expositions-en-cours
Catalogue sous la direction d'Emmanuelle Brugerolles. Textes de Jan Blanc : Le paysage peint et dessiné dans la Hollande du XVIIe siècle et d'Emmanuelle Brugerolles : Le paysage dessiné hollandais dans la collection des Beaux-Arts de Paris. Notices des œuvres exposées rédigées par Mària van Berge-Gerbaud, ancienne directrice de la Fondation Custodia. En 2016 cette Fondation, dirigée par Ger Luijten, accueillera des dessins des Beaux-Arts. Beaux-Arts de Paris éditions, carnet d'études n°32, 112 pages. Prix 25 euros.
Prochaine exposition au Cabinet des dessins Jean Bonna : Le Baroque à Florence. Du 27 janvier au 24 avril 2015
Voir aussi à des date voisines (24 février-24 mai 2015) au Petit Palais-Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris Les Bas-fonds du baroque. La Rome du vice et de la misère.