​​​​​​​Milda Daunoraite & Nathanaël Gouin - 14ème Biarritz Piano Festival, été 2023 (III)

Séjour et déplacement personnel à Biarritz 

© DR Le Curieux des arts Gilles Kraemer, mardi 1^er août 2023, salon Diane, Casino.

Récital d’une heure, dans l’immense salon Diane – ancienne salle de baccara du Casino. Bar ouvert sur la terrasse surplombant la Grande Plage pour un apéritif vespéral après le concert ou "p’tit dej" avant celui du matin. Moments privilégiés face à l’Atlantique.

Milda Daunoraite © DR Le Curieux des arts Gilles Kraemer, mardi 1^er août 2023, salon Diane, Casino.

L’envoûtant Lowell Liebermann selon Milda Daunoraite. 20 h. Les ombres "hitchcockiennes" d'oiseaux se devinent derrière les rideaux, le soleil est encore fort. Ce soir, Milda Daunoraite (2001) pour un récital d’une heure; elle le réitèrera, dans quelques jours, au Palermo Classica Festival.

Serpentine, longue robe rouge, stilettos. Modernité de deux œuvres - excellent choix - du compositeur étasunien Lowell Lieberman glissées entre Beethoven et Schumann.

Ludwig, une histoire derrière cette sonate des Adieux - l’exil, l’absence et le retour de l’archiduc autrichien Rodolphe - toute en réflexions,  recherches, attentes, envolées, ralentis. Une longue retenue hésitante avant un élancement de joie en accélération et de sautillement. Sonate n°1 de Robert Schumann, œuvre touffue et dense. Cela part, fuse vers une longue envolée puis un répit, la plénitude, l’allégresse.

Pertinence de la programmation de Milda Daunoraite avec son focus sur l’étasunien Lowell Liebermann. Son Nocturne n°4, opus 38 (1992). Une intériorité, un effleurement. Puis une interprétation très physique, dans un corps à corps avec le piano, jusqu’à se lever légèrement de son siège dans cette volonté d’aller extraire chaque note jusqu’à un final volcanique qui s’amenuisera. Extraordinaire interprétation dans un magnifique dynamisme de ces quatre mouvements. Brava.

Souriante, elle débute dans un profond recueillement Gargoyles, opus 29 (1989), autre pièce de ce même compositeur. Quelle vélocité, donnant à goûter chaque note ! Incroyable. Telle une sensation de vaguelettes, de gouttes d’eau. Milda Daunoraite nous laisse voir le plaisir ressenti dans l'interprétation de ce compositeur dont elle est une extraordinaire ambassadrice. Maestria.

Nathanaël Gouin © DR Le Curieux des arts Gilles Kraemer, jeudi 3 août 2033, salon Diane, Casino.

La générosité de Nathanaël Gouin. Compositeur de la vocalité, Georges Bizet est un merveilleux mélodiste, à l’art inspiré. Ce sont ses compositions que Nathanaël Gouin (1988) a choisies, celles de Chants du Rhin, Venise et Menuet de l’Arlésienne retranscrit par Sergueï Rachmaninov. Suivies du Festin d’Esope de Charles Valentin Alkan.

Son interprétation de Franz Liszt et de Venezia et Napoli, trois pièces entre gondoliers, chansons et danse traditionnelle de la tarentelle, souvenirs du voyage de ce compositeur en Italie. Deuxième année des Années de pèlerinage. Joyeuse mélodie, comme un chant opératique. Vélocité, tragique, dramaturgie. Accélération, évasion, sautillement, une promenade au bord de la plage et un désir de courir dans la dernière pièce.

Générosité d’offrir en rappel deux pièces. Sa joie se voyait et se ressentait dans son interprétation de cette Troisième année des Années de pèlerinage, dans son extrême liberté et son apparente facilité caractérisant sa pratique.

Les Jeux d’eau de la Villa d’Este, une évasion aquatique après celles vénitiennes et napolitaines. Dans le parc de cette villa de Tivoli, ville du Latium connue des "connoisseurs" du Grand tour pour ses cascades, son "giardino delle meraviglie". Tel un cheminement de fin d’après-midi dans ce jardin des fontaines, dans une maîtrise parfaite de cette pièce si connue, dans une subtilité et une "dolcezza" de nous transmettre diverses émotions dans notre déambulation.

Dernier morceau Sursum corda : Erhebet eure Herzen, d’à peine trois minutes, telle la souvenance de beaux instants. Nimbé d’un soupçon de tristesse. Magnifique. Qu'ajouter de plus ? Rien sinon la magie de cet instant trop court.

Biarritz Piano Festival serait-il le La Roque d'Anthéron de la Côte Atlantique ?  Bravo à Thomas Valverde et à ses invitations si pertinentes pour ce festival, son 14^ème. Dans le peu d'offres culturelles de la ville de Biarritz, heureusement que Thierry Malandais et son ballet ainsi que cet incontournable festival de piano sont présents.

Milda Daunoraite © DR Le Curieux des arts Gilles Kraemer, mardi 1^er août 2023, salon Diane, Casino.

Milda Daunoraite

Mardi 1er août 2023 - piano Yamaha

Salon Diane, Casino, Biarritz, 20 h

Ludwig van Beethoven (1770-1827), Les Adieux, sonate n°26 en mi bémol majeur

Lowell Liebermann (New York 1961), Nocturne n°4, op. 38

Robert Schumann (1810-1856), Sonate n°1, op.11 en fa dièse mineur

Lowell Liebermann, Gargoyles, op.29

Rendez-vous au Palermo Classica Festival (1^ère édition en 2011), lundi 7 août 2023 avec la même programmation. https://www.palermoclassica.it/

Nathanaël Gouin © DR Le Curieux des arts Gilles Kraemer, jeudi 3 août 2033, salon Diane, Casino.

Nathanaël Gouin

Jeudi 3 août 2023 - piano Yamaha

Salon Diane, Casino, Biarritz 11 h

Georges Bizet (1838-1875), L’aurore, Les Rêves, Le retour (extrait Chants du Rhin)

Georges Bizet, Venise (transcription par Nathanaël Gouin)

Charles Valentin Alkan (1813-1888), Le festin d’Esope, op. 39 n°12

Georges Bizet / Serge Rachmaninov (1873-1943), Menuet de l’Arlésienne

Franz Liszt (1811-1886), 2^ème année Venezia et Napoli

Rendez-vous pris à La Roque d’Anthéron, pour son 43ème Festival international de piano, parc du Château de Florans, mardi 08 août avec Nathanaël Gouin, Alexander Malofeev et l’orchestre Sinfonia Varsovia sous la direction d’Aziz Shokhakimov. Intégrale des concertos pour piano de Rachmaninov, partie 2.

PROGRAMME 2023 | biarritzpianofestival

https://malandainballet.com/

Récital de piano face à l'Atlantique, dans divers lieux biarrots, que vouloir de plus ? © DR Le Curieux des arts Gilles Kraemer, mardi 1^er août 2023, salon Diane, Casino.