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Gilles Kraemer

mercredi 12 janvier 2022, orchestre, place achetée

 

Le plus (in)attendu, le plus (in)croyable, le plus (in)vraisemblable, le plus enthousiasmant, nul doute Le voyage de Gulliver est le meilleur spectacle – à mi parcours – de cette saison théâtrale parisienne. Comment n’être pas conquis, ravi, étonné, ému par cette libre adaptation par Valérie Lesort de la première partie des Voyages de Gulliver (1726) de Jonathan Swift (1667 - 1745), mise en scène par le tandem, à la ville comme sur les plateaux de théâtre et d’opéra, Christian Hecq & Valérie Lesort.

Le voyage de Gulliver © Fabrice Robin.

L’on se souvient de leur mise en scène "décoiffante" de l’opéra baroque Ercole Amante de Pier Francesco Cavalli à l’Opéra Comique en novembre 2019 pour lequel ils reçurent le Grand Prix de la Critique du meilleur spectacle lyrique 2020. http://Le triomphant treizième travail de Cavalli, Ercole amante - Opéra Comique 

Et surtout du retour à l’Opéra Comique de Cabaret horrifique de Valérie Lesort dans sa mise en scène qu’elle a réadaptée, post-Covid-19. Pour quelques happy few, ce samedi 27 juin 2020 très légèrement pluvieux. Il fallait réserver et, nous n’étions pas nombreux pour ce premier spectacle déconfinement, au côté de Roselyne Bachelot. http://Opéra Comique : Faut qu'ça saigne dans Cabaret horrifique !

Un pur bonheur ce Voyage d’une heure quinze pendant laquelle l’on suit les aventures de Lemuel Gulliver, chirurgien maritime à bord de l’Antilope, arrivé sur une île à la suite du naufrage, confronté aux Lilliputiens, des êtres de 6 pouces soit quinze centimètres de haut, le premier des quatre de ses voyages dans le roman.

Le voyage de Gulliver. Gulliver et l'impératrice © Fabrice Robin.

Gulliver se débat avec ces êtres minuscules, dirigés d'une main de fer par un empereur dispensant le chaud et le froid, tyrannique et versatile, ne pouvant rien refuser à sa femme adorée et à sa fille chérie. Si l’empereur dès le départ voulait exécuter cet étranger qui aurait pu affamer ses sujets par son appétit de géant, de suite, plus intelligente, moins impulsive, l’impératrice Cachaça a perçu l’utilité de " l’homme montagne " surtout pour ses déplacements rapides. Son altesse ne peut cacher ses yeux doux et son inclination à l’égard de Gulliver surtout dans l’hilarante scène façon "Casino de Paris" et "Mon truc en plume" du banquet. Jusqu'à vouloir se venger de lui.

Etrange royaume dans lequel un conflit l'oppose aux habitants de l’île voisine Blefuscu pour une histoire d’œufs à la coque, les Blefusciens les mangeant par le gros bout, les Lilliputiens par le petit. Intolérable pour l’empereur qui ne peut le supporter. Une broutille ayant provoqué des centaines de morts.

Finalement, Gulliver réconciliera les deux parties, leur suggérant omelette ou œufs brouillés et regagnera son pays sur une chaloupe. Pour une seconde aventure, celle de Brobdingnag, la cité des géants d’où cette main immense que l’on voit apparaître au-dessus de lui avant que le noir ne se fasse.

Le voyage de Gulliver. L'impératrice, l'amiral et l'empereur © Fabrice Robin.

Comment Christian Hecq et Valérie Lesort allaient-ils nous proposer cette confrontation ? Seul Gulliver est dans toute sa grandeur sur la scène de l’Athénée, le différentiel de taille s’opérant avec sept comédiens incarnant les Lilliputiens dont la tête couronnée d’un œuf est posée sur un corps de marionnette ne dépassant pas 50 centimètres, Carole Allemand et Fabienne Tourzi dit Terzi ayant créé et réalisé ces marionnettes. Grâce à l’inclinaison très forte du plateau contribuant au gigantisme de Gulliver, à la petite toile peinte du palais impérial amplifiant la hauteur de Gulliver, au procédé du théâtre noir permettant d’effacer entièrement le corps des comédiens, aux lumières subtiles de Pascal Laajil, l'illusion de grandeur et de petitesse fonctionne à fond. La scénographe Audrey Vuong a parfaitement appréhendé le plateau de ce théâtre à la programmation toujours parfaite dont le précédent directeur Patrick Martinet était toujours présent, lui, tous les soirs de spectacle, accueillant les habitués comme les non.

Merveilleux spectacle pour grands et petits que cette satire sociale et politique imaginée au XVIIIe, dénonçant la versatilité des puissants, la quête du pouvoir par tous les moyens, la guerre née d’un rien et de la lubie d’un puissant mais aussi un hymne à la différence, à la magnanimité, au pardon à l’égard des vaincus.

Le voyage de Gulliver. "En route" pour de nouvelles aventures après avoir quitté les Lilliputiens © Fabrice Robin.

Le voyage de Gulliver © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 12 janvier 20212, Athénée Théâtre Louis-Jouvet.

Le Voyage de Gulliver 

11 - 28 janvier 2022

Athénée Théâtre Louis-Jouvet - Paris

Libre adaptation du roman de Jonathan Swift par Valérie Lesort

Mise en scène Christian Hecq, Valérie Lesort

Assistant à la mise en scène Florimond Plantier

Création et réalisation des marionnettes Carole Allemand et Fabienne Touzi dit Terzi

Assistées de Louise Digard et Alexandra Leseur-Lecocq

Scénographie Audrey Vuong

Costumes Vanessa Sannino

Lumières Pascal Laajili

Musique Mich Ochowiak et Dominique Bataille

Accessoires Sophie Coeffic et Juliette Nozières

Collaboration artistique Sami Adjal

Avec David Alexis, Valérie Keruzoré, Valérie Lesort/ Emmanuelle Bougerol, Thierry Lopez, Laurent Montel, Pauline Tricot, Nicolas Verdier, Eric Verdin/Renan Carteaux

Production : Centre International de Créations Théâtrales / Athénée Louis-Jouvet, Compagnie Point Fixe // Coproduction : Les Célestins, Théâtre de Lyon, Espace Jean-Legendre - Théâtres de Compiègne, Théâtre de Caen, Théâtre de Saint-Maur, Théâtre National de Nice, MA scène nationale-Pays de Montbéliard, La Coursive, Scène Nationale de La Rochelle, Théâtre de Sartrouville, Théâtre Edwige Feuillère Vesoul

 

 

Tag(s) : #Théâtre
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