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No Brexit en France. No Brexit à Rouen même si Boris Johnson vient de composer un cabinet d'eurosceptiques et s'installe au 10 Downing Street. 

Les Anglais ne seront pas boutés hors de Normandie. Leurs artistes y sont volontiers accueillis, à bras ouverts, depuis le 6 juin 2019 et, pour plusieurs mois, dans le parcours permanent du musée des Beaux-Arts. " Une façon comme le soulignait Sylvain Amic, directeur de la Réunion des musées métropolitains, de revivifier les relations entre cette ville et la Grande-Bretagne. D'unir les deux territoires en ces temps de désunion ". Propos auquel Jean-Jacques Aillagon, l'actuel directeur général de la Pinault Collection ajoutait " la culture britannique ne fait-elle pas partie intégrante de la culture européenne ? ".

 

Gilbert & George, Cry, 1984. Neuf épreuves argentiques colorées à la main et feuilles d'argent encadrées sous plexiglas. Collection Pinault © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019, Rouen, musée des Beaux-Arts, exposition So Britsh !

Cette présentation au sein d'une institution entre dans la démarche - incontournable maintenant -, de l'encrage de l'art contemporain dans un musée consacré aux beaux-arts. La confrontation peut paraître étonnante, provocante, déstabilisatrice, entre les genres traditionnels du paysage, portrait, nature morte, vanité, scènes héroïques ou religieuses et le regard d'une réinterprétation contemporaine. " Dans un mise en résonance, réveillant le regard et la curiosité " pour Jean-Jacques Aillagon, 10 artistes investissent les salles. Parfois, ceci peut paraître surprenant ou incongru mais toujours, l'expérience souhaitée est passionnante.

 

Gilbert & George, Cry, 1984. Neuf épreuves argentiques colorées à la main et feuilles d'argent encadrées sous plexiglas. Collection Pinault © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019, Rouen, musée des Beaux-Arts, exposition So Britsh !

Artistes britanniques les plus connus, le duo Gilbert [Prousch] & George [Passmore] débute le parcours avec Cry, tout leur vocabulaire de la grille, du cerne, des couleurs vives, mis en relation avec le Christ du Jugement dernier, vitrail des années 1500-1510. Dans un langage allégorique Dark Soul de Damien Hirst, inclusion d'un papillon englué dans une surface noire souffre de sa comparaison avec la vanité Sous-bois au lézard, aux champignons et aux papillons d'Otto Marseus van Schrieck sauf à apprendre que cette " Âme obscure s'inscrit dans une riche tradition picturale et spirituelle pour qui le cycle du papillon évoque la libération de l'âme humaine après l'existence terrestre ". 

Il n'est pas facile de lutter avec les maîtres anciens aussi pour le bois brûlé de David Nash, Tree charred crosses face à l'intrigant Adrien Sacquespée et son Christ en croix (1656).

Dans la salle de la peinture espagnole - Démocrite de Velázqez - et napolitaine - Luca Giordano - Toby Ziegler joue entre abstraction et figuratif. Lynette Yiadom-Boakye, d'origine ghanéenne, dans son dialogue avec Portrait d'homme, anonyme du début du XIXe siècle maîtrise la difficile pratique du portrait dans son triptyque Uncle of the garden, personnage fictif surgissant d'un fond neutre sombre.

 

Lynette Yiadom-Boakye, Uncle of the garden, 2014. Huile sur toile. Collection Pinault © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019, Rouen, musée des Beaux-Arts, exposition So Britsh ,

Le personnage de Nigel Cooke exposé dans la salle de l'admirable maîtrise des violets de Caillebotte Dans un café et du fascinant Renard mort de Degas, se confronte au paysage romantique d'Achille Benouville. La salle des grands formats La justice de Trajan d'Eugène Delacroix, une véritable interrogation sur la grande peinture d'histoire se joue de Jonathan Wateridge, peintre hyperréaliste d'après photographie avec ses Américains jouant à la réinterprétation de la Guerre de Sécession; considérons cette relecture comme une démarche ironique. Le propos de la grande sculpture hybride de Thomas Houseago est plus en concordance avec le plâtre de David d'Angers. Keith Tyson n'ignore pas qu'il est dans un musée dans lequel la famille des Duchamp règne en maître. The bigger picture emerges, terminant le parcours, joue du dialogue entre requête identique donnant une réponse différente dans un jeu du dialogue entre la même phrase et les images. Il se trouve face au plâtre de Cheval majeur  de Raymond Duchamp-Villon.    

 

A côté de la Mise au tombeau de Saint-André par Jean-Baptiste Deshays (1729-1765), Pietà (The Empire never ended), 2007 de Paul Fryer (né en 1963). Cire, bois, cuir, métal, tissu, cheveux. Collection Pinault © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019, Rouen, musée des Beaux-Arts, exposition So Britsh !

Paul Fryer règne à égalité avec les grandes toiles des martyres suscitant la foi et l'émotion avec les figures de Saint André martyr dans cette salle placée dans un des cœurs du parcours, tout en haut du grand escalier. Pour nous accueillir, sa sculpture en bois polychrome, un Christ aux souffrances assis sur une chaise électrique, œuvre puissante et dérangeante, interrogeant dans ce meurtre du Sauveur d'une façon extrêmement moderne. Cette sculpture de souffrance est le vainqueur de toutes les confrontations. Résonance parfaite avec Jean-Baptiste Deshays (Rouen 1729 - 1765 Paris) et Saint André refusant d'adorer les idoles, Saint André flagellé et Saint André mis au tombeau.

 

Paul Fryer, Pietà (The Empire never ended), 2007. Cire, bois, cuir, métal, tissu, cheveux. Collection Pinault © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019, Rouen, musée des Beaux-Arts, exposition So Britsh !

Gilles Kraemer

envoyé spécial

So British ! Collection Pinault

6 juin 2019 - 11 mai 2020

Musée des Beaux-Arts - Rouen. Pas de catalogue, fiches d'accompagnement de chacune des œuvres.

 

Galet dédicacé par René Char à Georges Braque, Varengeville, 1956. Collection particulière © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019, Rouen, musée des Beaux-Arts, exposition Braque, Miró, Calder, Nelson...Varengeville, un atelier sur les falaises.

Braque, Miró, Calder, Nelson... Varengeville, un atelier sur les falaises.

5 avril - 2 septembre 2019

En 1928, l'architecte Paul Nelson et Francine Le Cœur font découvrir le village de Varengeville (Seine-Maritime) à Marcelle et Georges Braque. Ils y acquièrent une maison et Braque y fait construire un atelier. Dès 1930, ils y font des séjours prolongés jusqu’au décès du peintre en 1963. En 1937, le sculpteur américain Alexander Calder et le peintre catalan Joan Miró passent tous les deux l’été à Varengeville - Hans Hartung viendra lui aussi - : ils contribuent à la maquette de la Maison suspendue de Paul Nelson et ce dernier acquiert plusieurs de leurs œuvres, Miró allant jusqu’à réaliser une monumentale fresque dans son salon La naissance du dauphin. Miró et sa famille feront de nouveau un séjour prolongé de près d’un an à Varengeville, entre l’été 1939 et mai 1940. Le village normand est le berceau de l’une des séries les plus emblématiques de son travail, les Constellations.

Commissariat de Sylvain Amic, Joanne Snrech, avec l’appui de Martine Sautory, historienne de l’art.

 

Michelangelo Merisi detto Il Caravaggio, Le Christ à la colonne, 1606 © Musée des Beaux-arts de Rouen / Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie (RMM)

Un des chefs-d’œuvre du Musée des Beaux-Arts, Le Christ à la colonne du Caravage fut prêté à l'exposition Caravaggio Napoli au Musée de Capodimonte, Naples (12 avril - 14 juillet 2019), commissariat de Maria Cristina Terzaghi et Sylvain Bellenger. Caravaggio vivra à Naples 18 mois, en deux séjours, entre 1606 et 1607 puis de l'automne 1609 à son retour à Rome en juillet 1610. Six toiles de Michelangelo Merisi étaient confrontées à vingt-deux toiles d'artistes napolitains. Une saison autour de cette œuvre sera proposée lors d’une exposition au Musée des Beaux-Arts, prévue en 2021.

 

 

Tag(s) : #Expositions France, #Italie, #Venise
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