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Publié par Gilles Kraemer

Gilles Kraemer

Giacomo Ginotti (1844-1897), La Pétroleuse vaincue, 1887. Bronze. Sans socle 65 x 54 x 34 cm.. Paris, musée d’Orsay © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 15 septembre 2022.

Claudia ou B.B. ? Une "pétroleuse" dans les collections du musée d’Orsay!

Ce n’est nullement une œuvre pouvant laisser songer au film de Christian-Jaque mais une Pétroleuse vaincue, une "pétroleuse" de la Commune de Paris, sculpture majeure de l’Italien Giacomo Ginotti (1844-1897). Entrée dans les collections du musée d’Orsay grâce au mécénat du groupe Lavazza qui l’a acquise auprès d’un particulier en Italie, il s’agit de la première œuvre de cet artiste à gagner les collections publiques françaises, souligne Christophe Leribault, rappelant que lorsqu’il était directeur du Petit Palais, il avait présenté [à l’automne 2019, avec la collaboration du musée de Capodimonte à Naples] l’œuvre inédite en France du sculpteur napolitain Vincenzo Gemito (1852-1929). Comme son compatriote Giacomo, Vincenzo participa également à l’Exposition Universelle de Paris de 1878.

Ce buste de femme fut présenté pour la première fois par Ginotti en 1881, dans une version en marbre, à l’Exposition Nationale des Beaux-Arts de Milan. La version acquise pour le musée d’Orsay - somme non communiquée - est un bronze exécuté par l’artiste en 1887 et fondu par la fonderie Mazzola à Turin ;  l’on ne connaît que cet exemplaire.

D’un réalisme surprenant, il figure une femme du peuple, au regard d’une forte intensité, entravée par des cordes enserrant ses épaules nues et sa poitrine. Ce sujet s’inspire du rôle que l’on attribua aux Parisiennes lors de la Commune de Paris en 1871, celui d’avoir utilisé du pétrole pour allumer des incendies lors de la Semaine sanglante de mai. En réalité un mythe. Pendant cette semaine, le Palais d’Orsay, sur l’emplacement duquel s’élève le musée d’Orsay - ex-gare d’Orsay - fut incendié.

Ce sujet, comme le précise Christophe Leribault, aucun français ne l’a traité. Il fallait un regard extérieur, un regard étranger pour approcher ce moment de l’histoire et l’évoquer avec autant de force et de réalisme.

Giacomo Ginotti (1844-1897), La Pétroleuse vaincue, 1887. Bronze. Sans socle 65 x 54 x 34 cm.. Paris, musée d’Orsay © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 15 septembre 2022.

Dans un temps où Paris, entre 1850 et le début du XXe siècle était un creuset de la création, ce buste trouve ses origines dans une œuvre puissante de Jean-Baptiste Carpeau (1827-1875) : Pourquoi naître esclave (1872). Elle est issue de la figure de L’Afrique figurant sur Les Quatre Parties du monde soutenant la sphère céleste commandée en 1867 par le baron Eugène Haussmann, préfet de Paris et mise en place en 1874. Cette figure de L'Afrique donne naissance à un buste exposé par Carpeaux avec l'inscription Pourquoi naître esclave. Cette référence à l'abolition de l'esclavage est aussi visible sur la statue de la fontaine : elle porte autour de la cheville la chaîne brisée de l'esclavage sur laquelle l'Amérique pose son pied.

 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 15 septembre 2022.

Au-delà du caractère exceptionnel de l’œuvre, ce mécénat s’inscrit dans la continuité du lien historique unissant le musée d’Orsay et l’Italie. Le musée doit son aménagement à l’architecte et designer italienne Gae Aulenti, les visiteurs italiens constituent une part importante de la fréquentation des étrangers des musées d’Orsay et de l’Orangerie.

Giacomo Ginotti (1844-1897), La Pétroleuse vaincue, 1887. Bronze. Sans socle 65 x 54 x 34 cm.. Paris, musée d’Orsay © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 15 septembre 2022.

Ce buste intégrera le circuit de visite permanent d’Orsay, dans la section dédiée à la Guerre de 1870 et à l’histoire de la Commune de Paris.

Quel surnom les agents de surveillance des espaces muséographiques pourraient-ils donner à la "pétroleuse" ? Claudia ou B.B. ? Les paris sont ouverts autour de cette "pétroleuse".

 

 

 

 

 

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