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Publié par Gilles Kraemer

Gilles Kraemer (envoyé spécial)

 

La science et l’écologique, la poésie et l’esthétisme, l’humour et l’inventivité sont au rendez-vous de cette 30ème édition du Festival international des jardins. Sous le signe du physalis ou amour en cage, une boule rouge enserrée dans un cœur parcouru de vaisseaux, le biomimétisme - l’imitation du vivant - source d’inspiration des paysagistes est l’invité de 2021.

Alexis Tricoire, À rebrousse-poil ,  Vallon des brumes © Alexis Tricoire, mai 2021. Cousine aciérée de la fougère, la brosseuse ondulante est un symbole de résilience : la nature reprend de la vigueur dès qu’on lui rend sa place. En effet, la fougère est capable de reprendre vie alors qu’elle est complètement desséchée et qu’elle semble morte depuis de nombreuses années.

Nous avons décidé d’être optimiste souligne Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine et du Festival international des Jardins, présentant Biomimétisme au jardin. La nature, source infinie d’inspiration. La pluie, un bonheur, n’a cessé de tomber durant la préparation des jardins après des jours et des jours de sécheresse. Dans cette époque de la pandémie du coronavirus [depuis mars 2020], cette ouverture [repoussée de quelques jours pour des contraintes sanitaires] est un moment d’espoir, un bonheur, ce bonheur qui est un droit et non un devoir.

Cette année, il s’agissait d’attirer, une nouvelle fois, l’attention sur notre nature qui doit devenir source d’inspiration pour ceux qui savent l’observer et la respecter. Sachons nous inspirer des astuces que la nature met en œuvre et trouvons des idées en observant le cactus, le lierre, la racine, la vie souterraine, la récupération de l’eau en prenant rendez-vous avec les quatre invités, les 18 jardins concourant et d’autres créés par le domaine, ce domaine de 32 hectares dont le secret, souligne sa directrice, réside en ses jardiniers, treize jardiniers à temps complet.

Ce que l'on voit, ce que l'on sait. Anne-Sophie Gouyen, Jean-Baptiste Dubois, Antoine & Sybille du Peloux, Louis Rué © photo Le curieux des arts Gilles Kraemer, mai 2021.

Le jardin camouflage. Dominika Gabrielle Tesàrkovà © photo Le curieux des arts Gilles Kraemer, mai 2021.

Partons de Ce que l'on voit, ce que l'on sait. Cachons nous dans le dôme-observatoire de bambous tressés à l'entrée du jardin et regardons, observons le jardin avec des tubes en bambou tels des longues-vues. Ou rendons nous dans le Jardin camouflage et dissimulons nous dans un cercle de miroirs, espace de méditations pour contempler le ciel dans une idée de refuge. Le Jardin caméléon joue sur l'ambiguïté du cinétique. Né de l’union d’un magicien, eh oui, et d’un paysagiste, l’on s’y promène dans des jeux de reflets de miroirs propices à nous entraîner  vers la confusion. En face, un jardin de l'observation et de la curiosité, le Jardin de la termitière développe le système d’air conditionné naturel imaginé par les termites. 

Bleu désir. Robin Abel Flosi & Johanna Bonella, Jean Robaudi, Ken Novellas, Adèle Justin © photo Le curieux des arts Gilles Kraemer, mai 2021.

Le bleu est l’une des couleurs du domaine pour 2021. Éloge du recyclage, Bleu désir attire notre attention sur la consommation grandissante du plastique et son abondon. Dans un parterre de bleus, Régénérescence s’organise autour d'une fontaine.

 

 

Äng. Aron Fidjeland & Vincent Dumay, Elia Rolf, Baptiste Wullschleger © photo Le curieux des arts Gilles Kraemer, mai 2021.

Retour aux racines est découverte de l'entraide de ce qui se passe sous nos pieds, dans la terre, ce dialogue entre les végétaux et les champignons. De brins d'osier, symbolisant la symbiose mycorhizienne, naît un arbre centenaire d’un bleu onirique dont l’image racinaire fait étrangement songer à l’araignée de Louise Bourgeois. Tout est connecté nous raconte semblable interconnectivité naturelle des racines et des champignons transportant les nutriments, dans ce jardin imaginé par quatre étudiants pragois de la faculté d’architecture. Äng, dans sa fascination pour le pisé, une structure de terre crue compactée, enserre tel un écrin, constrastant avec ce matériau pauvre, une sculpture en marbre de Jacques Zivy (1928-2017). 

L'ode à Gaïa. Anna-Laura Bourguignon & Josué Olguin, Clément Aquilina, Jérôme Vatère, Stéphane Avenet © photo Le curieux des arts Gilles Kraemer, mai 2021. 

Travail sur la terre, notre mère fertile, comme un élément naturel aussi pour L’ode à Gaïa avec le pisé dans ce jeu sur les stratifications des  murs pour un édicule me faisant songer au Pavillon du Brésil aux Giardini à Venise.

 

Le jardin rayonné. Manon Renard, Pierre-Alexandre Bardat, Louis Guérin © photo Le curieux des arts Gilles Kraemer, mai 2021.

 La nature se concrétise dans les rayonnages d’une bibliothèque, les rayons d’une ruche. Comme l’abeille vient chercher la connaissance pour la transmettre, dans trois obélisques noirs furent placés des livres et des coquillages, une sorte de kunstkammer pour ce Jardin rayonné.

 

Le jardin zèbre. Stanislas Jung, Laurian Gascon et Etienne Vazzanino © photo Le curieux des arts Gilles Kraemer, mai 2021.  

Cette connaissance nous pouvons aussi la trouver dans le règne animal, puisque selon des études scientifiques, les zébrures noires du zèbre refléteraient la chaleur du soleil et celles blanches l’absorberaient. Une stratégie inspirante pour un Jardin zèbre avec des pergolas recouvertes de canisses pour apporter de l’ombre au jardin et accueillir une végétation de sous-bois.

Mosaïque mimétique. création du domaine de Chaumont-sur-Loire © photo Le curieux des arts Gilles Kraemer, mai 2021.

Autour de nous observons cette ingéniosité de la nature. Comment l’on peut récupérer et répartir l’eau avec des cordes qui deviennent un système d’irrigation dans Osmose. Regardons bien les arbres, L'arbre source avec cette façon dont les feuilles récupèrent l’eau dans ce message que rien ne doit se perdre. Portons notre attention sur ce qui existe, sachons épurer l'eau par les plantes dans un paysage ligérien de bleu, de jaune et de violet, sur cette Autre rive que nous observons d’un ponton. Dans un autre plaisir du regard, Mosaïque mimétique nous immerge dans des courbes étranges, irrégulières, sinueuses.

 

Alexis Tricoire, À rebrousse-poil dans la vallée des marantes,  Vallon des brumes © Alexis Tricoire, mai 2021.

Nous prenant À rebrousse-poil Alexis Tricoire dans le Vallon des brumes imagine une installation de fantaisie, dans un univers de rêve, une forêt primaire, délicieusement envahie d’objets qu’il a créés, d’étranges créatures hybrides, animaux, végétaux et humanoïdes. Ses objets, mettent en lumière la culture des indigènes d’Amazonie et les écosystèmes précieux dont ils dépendent et qu’ils protègent; ne vous étonnez pas s’ils soient nés de brosses industrielles recyclées ou de pinceaux. Dans les prés du Goualoup, le Jardin (dé)connecté de Pierre-Alexandre Risser,  très irlandais Hollington. Dans ce jardin créé pour durer, souligne-t-il, mon souhait dans un lien avec le végétal était un hommage au pépiniériste bayonnais Paul Maymou, de la troisième génération des Maymou, et aujourd’hui à sa fille Monique Maymou-Angulo et à Yann, son petit-fils. Hommage à ces amoureux des plantes, spécialistes des érables japonais et des hortensias. Cet enclos, Pierre-Alexandre l’a imaginé comme un lieu de flânerie, de rêve. Un jardin qui va vivre avec la croissance des érables.

Maurizio Galante, Le sofa cactée © photo Le curieux des arts Gilles Kraemer, mai 2021.

Attention, en partant, à ne pas s’asseoir les yeux fermés dans la serre imaginée par le couturier Maurizio Galante. Entre illusion, faux semblant et réalité, son Sofa cactée joue de l’humour avec les coussins de belle-mère, factices ou bien réels.

 

Biomimétisme au jardin

7 mai – 7 novembre 2021

Festival international des jardins

Domaine de Chaumont-sur-Loire - 41 150 Chaumont-sur-Loire

https://domaine-chaumont.fr/fr

En parallèle à ce Festival, des Botaniques de Chaumont en septembre et de Quand fleurir devient un art en octobre, la Saison d’art 2021 se déroule avec des réalisations de Sheila Hicks, Fabien Mérelle, Min Jung-Yeon, Paul Rebeyrolle ou François Réau.

 

 

 

 

 

 

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