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Hubert Robert, Vue rapprochée de la tour de Guy, vers 1776. Sanguine, 200 x 320 mm.. Collection du vicomte de Rohan © Jean-Paul Godon

"Ce n’est donc ni en architecte, ni en jardinier, c’est en poète et en peintre qu’il faut composer des paysages, afin d’intéresser tout à la fois l’œil et l’esprit" Marquis de Girardin.

Une définition qui pourrait s'appliquer à Hubert Robert (1733-1808) auquel le château de la Roche-Guyon consacre une exposition : Hubert Robert et la fabrique des jardins . Un "Robert prolifique et aux activités diverses et inséparables. Il semble avoir agi comme un directeur artistique œuvrant à l'aménagement des jardins en dépassant les frontières de son métier initial de "peintre d'architecture" reçu à l'Académie royale de peinture et de sculpture [en 1766]" comme le souligne Sarah Catala et Gabriel Wick auxquels nous devons cette remarquable exposition. Remarquable par les peintures, dessins et maquettes réunis, 70 numéros dont nombre provenant de collections particulières. Et le plaisir de mettre vraiment nos pas dans ceux d'Hubert Robert, venus plusieurs fois ici, invité par le duc Louis-Antoine-Auguste de Rohan-Chabot et son épouse Élisabeth, née La Rochefoucault-Enville, gendre et fille de la châtelaine, la duchesse d'Enville.

Château de La Roche-Guyon, Tour de Guy © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017

Cette exposition jette un regard inédit sur Robert qui n'est ni jardinier, ni architecte, ni paysagiste mais peintre et dessinateur, nommé "dessinateur des Jardins du roi" en 1784 - grâce à ses relations avec le comte d'Angiviller, directeur des Bâtiments du roi -. Pour la première fois, sa conception des jardins paysagers et des fabriques est mise en avant.

Hubert Robert, Vue du Château de La Roche-Guyon, 177361775. Huile sur toile, 195 x 276 cm.. Rouen, Musée des Beaux Arts, 909.37.1 © C. Lancien, C. Loisel / Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie

Tout part d'un tableau de Robert, Vue du château de La Roche-Guyon, vers 1773-1775, visible longtemps à l'archevêché de Rouen, exposé à côté d'une sanguine et d'une pierre noire du peintre. Qui voit-on au premier plan, à gauche ? La duchesse d'Enville dessinant de la rive de la Seine, le château; il ne s'agit nullement d'un aimable passe-temps pour la noblesse mais d'un moyen de former son goût artistique. Hubert Robert ne donnait-il pas des cours de dessin à un cercle d'amateurs autour des Rohan-Chabot ! Derrière la duchesse, un homme debout avec un carton à dessins qui pourrait être le peintre.

Hubert Robert, Les Cascatelles de Tivoli, 1776. Huile sur toile, 62,5 x 47 cm.. Paris, Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.

Gabriel Wick - auteur d'Un paysage des Lumières. Le jardin anglais de La Roche-Guyon - et Sarah Catala, à travers quatre dessins de Robert ont mis en évidence l'implication du peintre dans le vrai-faux portail de la Tour de Guy de La Roche-Guyon, mêlant les ordres vaguement dorique inspiré des temples de Paestum et toscan, entrant dans le parcours de ce jardin paysager, s'étendant tout au flanc du coteau très pentu. Il se compose d’une cascade artificielle de 22 mètres de hauteur dite du Chaos - Christophe Morin dans le catalogue y voit un rappel des chutes du Niagara d'une Amérique fraîchement libérée et de celles antiques de Tivoli et Terni - et de nombreuses grottes. Des visites guidées de cette promenade laissée à l’oubli sont possibles.

Vue de l'exposition Hubert Robert et la fabrique des jardins © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017

Son long séjour romain, entre 1754 et 1765 - ses relations opportunes avec le comte de Stainville, ambassadeur auprès du Saint-Siège, lui permirent l'obtention d'un logement à l'Académie de France bien qu'il ne fut pas pensionnaire - est évoqué par ses peintures des incontournables  et spectaculaires Cascades de Tivoli et de rarissimes maquettes en liège dues à Antonio Chichi figurant le Temple de Tivoli ou le Temple de la Fortune virile (vers 1779).

Hubert Robert, Vue du parc de Méréville et de la Grande Cascade, vers 1791-1792. Huile sur toile, 54 x 65 cm.. Conseil départemental de l'Essonne, direction des Archives et du Patrimoine immobilier.

Intervenant dans les demeures royales par le réaménagement du bosquet des Bains d'Apollon à Versailles et le réaménagement du parc et des jardins de Rambouillet, il œuvre aussi pour les grands aristocrates avec la conception des jardins de Betz et ceux du domaine de Méréville, donne le dessin du tombeau de Jean-Jacques Rousseau à Ermenonville. Oublions la présentation dans un lieu nullement muséal, dans lequel il faut jouer des reflets sur les vitres pour la contemplation correcte des admirables sanguines. Et gardons le plaisir de la révélation de "la fabrication" des jardins par Hubert Robert. Un pan conséquent de son œuvre dans une découverte in situ.

Gilles Kraemer

Hubert Robert et la fabrique des jardins

9 septembre -26 novembre 2017

Château de La Roche-Guyon

95780 La Roche-Guyon

01 34 79 74 42

www.chateaudelarocheguyon.fr

Du lundi 30 octobre au dimanche 26 novembre 2017, ouvert tous les jours de 10h à 17h.

Commissariat Gabriel Wick. Comité scientifique : Sarah Catala, Diederik Bakhuys, Augustin de Butler, Nicole Gouiric, Christophe Morin, Monique Mosser & Gabrielle Soullier de Roincé.

Catalogue. Hubert Robert et la fabrique des jardins. Ouvrage sous la direction de Gabriel Wick et Sarah Catala. 144 pages. 80 illustrations. Éditions RMN-Grand Palais. 29 euros. Textes de Gabriel Wick, Sarah Catala, Diederik Bakhüys, Christophe Morin, Gabrielle Soullier de Roincé, Monique Mosser, Nicole Gouiric, Yves Chevallier. Portfolio de photographies de  Catherine Pachowski. Agréable présentation à l'italienne de ce catalogue mais son format trop petit réduit nombre de dessins et de tableaux à n'être que des vignettes.

Robert des Ruines : revoir, réinterpréter, restaurer. Colloque au château samedi 18 novembre 2017. La participation est gratuite, cependant il est nécessaire de s’inscrire. La à ce colloque est gratuite, cependant il est nécessaire de s’inscrire

Château de La Roche-Guyon, La cascade © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017

 

Tag(s) : #Expositions Paris, #Art des jardins
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