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Publié par Gilles Kraemer

Exposition Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris. Détail de Divertissement dans un jardin d'Albaro. Huile sur toile, 86 x 198 cm.. Gênes, Musei di Strada Nuova - Palazzo Bianco, inv. PB 81 © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso, Paris

Alessandro Magnasco ? Exposé en 1914 à la galerie Levesque & Cie puis en 1929 à la galerie Sambon. Plus rien, depuis en France, jusqu'à cette fin d'année 2015, où Maurizio Canesso présente en sa galerie 24 toiles - la 24ème hors catalogue : La Résurrection de Lazare (vers 1740) - d'Alessandro Magnasco, natif et mort à Gênes (1667-1749). Exposition d'une qualité muséale insistera-t-on mais, ceci n'étonne nullement de cette galerie parisienne. En février 2016, cette exposition sera visible à Gênes, au Palazzo Bianco, dans une configuration identique avec l'ajout de tableaux venus de Pise : Saint Antoine prêchant aux poissons et du musée d'Art et d'histoire du judaïsme à Paris : Les Funérailles juives. Tel un retour aux sources italiennes; pour sa réouverture en 1949 après des dommages dûs à la guerre, ce palazzo n'accueillit-il pas une exposition consacrée à ce peintre ?

Vues de l'exposition Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso
Vues de l'exposition Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso
Vues de l'exposition Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso
Vues de l'exposition Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso
Vues de l'exposition Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso

Vues de l'exposition Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso

Né à Gênes, établi à Milan vers 1667, travaillant pour le grand-prince Ferdinando de' Medici, revenu à Milan en 1709, s'étant rendu vraisemblablement à Venise, œuvrant pour les grandes familles milanaises et le gouverneur autrichien de cette cité lombarde, voici les traits rapides de ce peintre connu en France pour deux peintures du musée des Beaux-Arts de Bordeaux : L'Arrivée et l'interrogatoire des galériens dans la prison de Gênes et L'Embarquement des galériens dans le port de Gênes, toiles très incisives de leur temps. Gênes, ville de galères ? L'eût-on cru !

La vie de ce "peintre dissident dans la crise de la conscience européenne", de ce "peintre gueux" inspiré de romans picaresques et de Jacques Callot, de "la maturation d'une pensée et d'un langage pictural" dont les accents explicitement critiques abordent des thématiques en liens étroits avec les débats culturels de son époque, vous en découvrirez plus en lisant le texte de Fausta Franchini Guelfi dans le catalogue, accompagnant l'exposition.

Des toiles des années de la maturité, des années 1710-1720 avec L'Enterrement d'un moine trappiste à celles de ses dernières années Le Peintre gueux entre des bohémiens et des vagabons, ce "peintre anticonformiste" perturbe par son regard d'une modernité et d'une lucidité étonnante jetté sur ses contemporains. 

Alessandro Magnasco, Divertissement dans un jardin d'Albaro. Huile sur toile, 86 x 198 cm.. Gênes, Musei di Strada Nuova - Palazzo Bianco, inv. PB 81 © Galerie Canesso, Paris

Surnommé "le chef d'œuvre" de Magnasco, Divertissement dans un jardin d'Albaro (après 1735), dans un format étonnament oblong, prêt du Palazzo Bianco, clôt avec brio ce long cheminement, en 24 stations, d'une Italie réceptive aux lumières, s'interrogeant, se remettant en cause, polémiquant sur les ordres religieux, impliquée dans des débats culturels et des idées, domaines sur lesquels les collectionneurs de l'artiste étaient ouverts. Réunion ici de la famille Saluzzo, dans une de ses propriétés, une "célébration familiale aristocratique" dans les jardins de la villa à la fois largement ouverte sur la campagne génoise avec force détails du paysage reconnaissable mais séparée du monde par une haie césure. Une représentation vouée aux seuls plaisirs du jeu de cartes, de la conversation, de la chasse, en dialogue avec deux toiles dans la même salle.

 

Alessandro Magnasco, La Dissipation et l'Ignorance détruisent les Arts et les Sciences. Huile sur toile, 62,3 x 91,5 cm.. Collection particulière (auparavant Paris, Galerie Canesso) © Galerie Canesso, Paris

La Dissipation et l'Ignorance détruisent les Arts et les Sciences (1735-1740), empreinte des écrits du contemporain Scipione Maffei aux jugements sévères sur l'argent et l'oisiveté. Critique acerbe de ses contemporains, c'est cette dénonciation qui sourd de cette toile, souhaitée comme la représentation théâtrale d'une comédie incisive en deux actes : côté Jardin le jeu à laquelle s'adonnent une dame - une galante ? - et ses amis, côté Cour la Luxure (un sanglier) et l'Ignorance (un âne) renversent un chevalet. Sur le mur en face, Le Peintre gueux entre des bohémiens et des vagabonds, un peintre des gueux, peignant des gueux qui posent pour lui, dans décor architectural à l'abondon, dans une foule de personnages proches de ceux de Jacques Callot, un peintre qui nous regarde, qui regarde le possesseur du tableau et semble l'interpeller comme pour le défier et lui dire : "vois-tu, je ne peins pas que de nobles situations ou pour de prestigieux commanditaires !". L'on retrouve la même démarche dans l'autre peinture : Portrait symbolique de l'artiste (vers 1730) dans ses choix bien arrêtés de peindre bohémiens et soudards, sujets que l'amateur contemporain Pierre Jean Mariette qualifiait de "basses... abjectes... pas nobles". 

Alessandro Magnasco, Saint Augustin et l'enfant. Huile sur toile, 118 x 92 cm.. Gênes, Musei di Strada Nuova - Palazzo Bianco, inv. PB 81 © Galerie Canesso, Paris

Ses œuvres, il faudrait toutes les citer, les étudier, y revenir, en regarder la technique, s'étonner de cette façon d'attaquer la toile et d'y disposer des touches en virgule, cette touche comme des ailes de papillon effleurant la toile, ce jeu dans les marrons et les noirs avec les éclats des blancs, cet étourdissement de détails. Magnasco nous perturbe par sa façon qu'il a de nous entraîner dans sa peinture, dans ses sujets, dans ses idées et ses réflexions portées sur ses contemporains et sur sa société.

Un coup de coeur pour Saint Augustin et l'enfant (vers 1740), prêt du Palazzo Bianco. On ne peut l'ignorer, on ne voit que lui en entrant dans la seconde salle, il absorbe, il retient, il fascine. Quelle magie exerce-t-il pour être autant présent, fort, éclatant, dans son sujet : Saint Augustin observant un enfant-ange. Les arbres entourant cette composition, comme un cadre, frémissent, les cieux sont parcourus de fulgurances bleue et rose, un tour sur le rivage rappelle les tours génoises, la mer de couleur cendre est striée d'effleurements blancs.

Magnasco, un peintre dont la magie de sa peinture noire sera bientôt exposée dans un palais blanc...

Gilles Kraemer

Vues de l'exposition Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso, Paris
Vues de l'exposition Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso, Paris
Vues de l'exposition Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso, Paris
Vues de l'exposition Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso, Paris

Vues de l'exposition Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso, Paris

Alessandro Mascagno (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste

25 novembre 2015 - 31 janvier 2016

Galerie Canesso - 26, rue Laffitte - 75009 Paris

http://magnasco.canesso.com/ et http://magnasco.canesso.com/videos/ pour la vidéo de Sandra Mulliez Hegedus fondatrice de SAM Art Project nous faisant partager ses coups de cœur pour l'aspect si contemporain de ce peintre, les entretiens avec l'artiste Miquel Barceló parlant de son peintre fétiche, Marc Fumaroli de l'Académie française pour lequel il repousse toutes les conventions de la peinture classique & Jean-Marc Bustamente directeur de l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris qui y ressent une totale liberté qui a dû surprendre à son époque.

Exposition visible au Palazzo Bianco, Gênes, Italie, du 25 février au 5 juin 2016. http://www.museidigenova.it/it/content/palazzo-bianco

Catalogue. Textes de Fausta Franchini Guelfi La vie et les choix d'un artiste entre Gênes et Milan et de Véronique Damian Magnasco en France, la redécouverte et le marché de l'art. 96 pages. Indispensable.

Commissariat général et scientifique : Maurizio Canesso, président de la Galerie Canesso; Piero Boccardo, directeur des Musei di Strada Nuova, Gênes; Fausta Franchini Guelfi, Université de Gênes; Véronique Damian, historienne de l’art, Galerie Canesso

 

 

 Trois autres tableaux d'Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso, Paris
 Trois autres tableaux d'Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso, Paris
 Trois autres tableaux d'Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso, Paris
 Trois autres tableaux d'Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso, Paris

Trois autres tableaux d'Alessandro Magnasco (1667-1749). Les années de la maturité d'un peintre anticonformiste, Galerie Canesso, Paris © Le Curieux des arts, Gilles Kraemer, janvier 2016. Remerciements à la Galerie Canesso, Paris

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