Corps trivial ou sublimé – MusVerre à Sars-Poteries
Gilles Kraemer
Manifestement, le MusVerre aime que les titres de ses expositions se jouent des mots ! Après L’Antre nous d’Hélène Goddyn, un autre jeu dans ce À corps, un accord ou un désaccord pour cette exposition en deux salles, la noire et la blanche, l’obscurité et la lumière, « dans un regard introspectif de cette exploration du corps » souligne Laura Bouvard, l’une des deux commissaires de cette exposition de 10 mois.
Du corps trivial au corps sublimé, une réunion de 28 œuvres de 25 artistes invités par le MusVerre, beau musée du département du Nord. Derrière ce bâtiment, la mains de Raphaël Voinchet de l’agence W-Architectures pour les lignes radicales jouant du dénivelé du terrain, musée revêtu de la pierre bleue du Hainaut, prenant le noir sous la pluie, le rose au coucher du soleil. Partout, la lumière pénètre très fortement par de larges fenêtres.
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Simone Fezer (1976), Flowering out into the world (powering out into the world) / Fleurir le monde (la puissance dans le monde), 2017-2021. Verre, textile, tubes en caoutchouc © Le Curieux des arts Gilles Kraemer février 2025, MusVerre, Sars-Poteries.
Dans le Kiosque du hall, suspendue, la longue intervention de Simone Fezer, œuvre monumentale et évolutive Flowering out into the world (powering out into the world / Fleurir le monde (la puissance dans le monde), 2017-2021. Une réflexion sur la perception de l’autre, notre interdépendance, par cette œuvre aux trois cœurs de verre interconnectés par un réseau de ramifications de tubes en caoutchouc terminés par des mains de verre noir.
Le plasticien belge Wim Delvoye (1965) dévoile les secrets du corps à la manière de dessins d’anatomie, jouant sur la transparence de ses deux vitraux. Dans une proximité de la Belgique, Sars est à 11 kilomètres de la frontière, le jeu des vanités et du Kunskammer, si cher aux collectionneurs du Nord, devait obligatoirement nous accueillir avec les crânes d’Antoine Leperlier (1953) et d’Olivier Juteau (1955) dans cette première section ouverte sur l’exploration intime du corps et sa fugacité.
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Manon Fontaine (2001), À cœurs ouverts, 2024 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer février 2025, MusVerre, Sars-Poteries.
De Manon Fontaine, À cœurs ouverts est sa pièce de diplômée du Centre européen de recherche et de formation aux arts verriers en 2024. D’une immense et incroyable maîtrise, Manon n’a que 24 ans ! Ses pièces en verre soufflé prennent la forme d’un cœur, moteur de nos passions et de nos émotions. L’œuvre la plus puissante de cette exposition, une pièce d’où sourdent passions et émotions ! Un nom à retenir. Je verrai volontiers sa participation à Venice Glass Week (13-21 septembre 2025) si cela est possible. Et encore plus à Homo Faber 2026 lorsque l'artisanat d'art reprendra ses quartiers à Venise, pour la 4ème édition de cette Biennale des métiers d'art organisée par la Michelangelo Foundation for Creativity and Craftsmanship, soutenue par le groupe Richemont, réunissant le gotha des artisans-créateurs du monde entier sur l'île San Giorgio, dans les espaces magiques de la Fondazione Cini.
J’avais découvert, à Homo Faber 2022, Grégoire Scalabre, revu à la Saison d’art 2023 du Domaine de Chaumont-sur-Loire - Centre d'arts et de nature, commissariat dynamique de Chantal Colleu-Dumond qui a fait de ce Domaine un lieu incontournable des amateurs d’art et de jardins.
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Lucy Lyon (1947), Story Teller, 2020. Verre moulé et travaillé à froid. Remerciements la galerie Habatat © Le Curieux des arts Gilles Kraemer février 2025, MusVerre, Sars-Poteries.
Lucy Lyon avec Story Teller, 2020, joue du saisissement de nos émotions intérieures, de ce que masque notre visage et Michel Paysant (1955) célèbre la communication silencieuse par la Langue des Signes Française / Handsigns, un alphabet de 26 pièces pour composer dans le silence, quand la parole vient à manquer, des mots et des phrases pour les offrir à son interlocuteur.
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Philippe Beaufils © Le Curieux des arts Gilles Kraemer février 2025, MusVerre, Sars-Poteries.
Un long cartel de Philippe Beaufils pour Que se passerait-il si les liens que nous tissons avec les autres n’existaient plus ?, arachnéenne sculpture suspendue, magnifique prouesse technique d’un squelette en verre soufflé et sculpté à chaud, grandeur nature. La mort ouvrant la porte du « corps sublimé », seconde section, dans la quête de beau, dans une autre ambiance.
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Janusz Walentynowicz (1956), At Leisure / Détente, 2016. Verre moulé peint à l’envers et acier // Sandra de Clerk (1966), Continuité © Le Curieux des arts Gilles Kraemer février 2025, MusVerre, Sars-Poteries.
Classicisme de Janusz Walentynowicz, fixé sous verre et tondo pour une femme nue lovée ou enfermée dans ce rond, dans une représentation très Michalangelo de la florentine capella dei Medici, à côté de Continuité, mur de seins nourriciers de Sandra De Clerck ou d’Annonciation de la hongroise Mari Meszaros jouant de ces violets. A la sortie de l’exposition, place à la rêverie, à l’enfance, aux ballons Épisodique de Sofiane M'Sadek soufflés à la canne.
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Sofiane M’Sadek (1988), Épisodique, 2025. Verre soufflé © Le Curieux des arts Gilles Kraemer février 2025, MusVerre, Sars-Poteries.
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À Corps
21 février 2025 au 4 janvier 2026
MusVerre - 59216 Sars-Poteries
Scénographie imaginée par le MusVerre. Sur les murs, une frise façon Eadweard Muybridge.
Commissariat Éléonore Peretti et Laura Bouvard, responsable du service collection et régie du MusVerre. Directrice du MusVerre de décembre 2020 à décembre 2024, Eléonore Peretti est maintenant responsable de la médiathèque Jean Falala de Reims et du pôle développement des publics des bibliothèques de la ville.
Poursuivre la visite de ce musée avec l’exposition temporaire L’Antre nous d’Hélène Goddyn.
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Desislava Stoilova, Réminiscences colorées © Le Curieux des arts Gilles Kraemer février 2025, MusVerre, Sars-Poterie.
Desislava Stoilova a été accueillie en résidence au MusVerre, en 2024, pour y poursuivre ses recherches autour d’un matériau surprenant, dans le non traditionnel, celui de la mousse de verre (produite à partir de verres recyclés et réduits en poudre puis mélangés à un agent moussant avant d'être chauffés dans un four à rouleaux).
Son travail se découvre dans L’Échappée, petit espace du musée, où elle présente Réminiscences colorées, des assemblages de formes et de couleurs, dans un regard appuyé, de cette artiste demeurant à Quesnoy-sur-Deûle, sur les céramiques et verres d’Ettore Sottsass (1907-2007) créateur du groupe italien Memphis (1980-1985) au soir du 11 décembre en réunissant ses collèges designer et architectes Martine Bedin, Aldo Cibic, Michele De Lucchi, la française Nathalie Du Pasquier, Matteo Thun et George J. Sowden. Le nom de Memphis trouvait son origine dans la villa étasunienne où naquit Elvis Presley et dans la capitale de l’ancienne Egypte.
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© Le Curieux des arts Gilles Kraemer février 2025, MusVerre, Sars-Poteries.
Une heure quinze en voiture depuis Lille. Ou train depuis Lille Flandres jusqu’à Maubeuge puis 26 minutes de bus. Retour bus jusqu’à Aulnoye-Aymeries puis train Lille Flandres.
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