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Publié par Gilles Kraemer & Antoine Prodhomme pour les photographies

Gilles Kraemer (déplacement et séjour personnel)

Antoine Prodhomme pour les photographies

George Daniel de Monfreid (1856-1929). Autoportrait à la veste blanche, 1889. Huile sur toile. 65 x 49 cm.. Perpignan, musée d’art Hyacinthe Rigaud © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 2022.

Qui est George Daniel de Monfreid (Paris ou New York 1856 - 1929 Corneilla-de-Conflent, Pyrénées-Orientales) auquel le musée perpignanais Hyacinthe Rigaud consacre la rétrospective : Monfreid sous le soleil de Gauguin ? Le nom grand public de Gauguin est avancé pour mettre l’accent sur George Daniel Monfreid, plus connu comme le père d’Henry le baroudeur-marchand d’armes-écrivain-espion-contrebandier-trafiquant de haschich (La Franqui 1879 - 1974 Ingrandes) et comme le mandataire testamentaire et biographe de Paul Gauguin (Paris 1848 - 1903 Atunoa). https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/affaires-sensibles/henry-de-monfreid-8413968

George Daniel de Monfreid (1856-1929), Paysage de Collioure, 1907. Huile sur toile. 65 x 81 cm.. Albi, musée Toulouse-Lautrec © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 2022. 

Le fauvisme d’Henri Matisse, il n'y adhère pas, bien que fréquentant ce peintre dès 1897, le recevant dans sa propriété de Saint-Clément de Corneilla-de-Conflent en 1905, le revoyant à Collioure en 1907 ! Dommage car sa Vue de Collioure (1907), n’est pas inintéressante dans sa construction et son synthétisme." Une sorte de conservatisme artistique assez en contradiction avec la vénération qu’il porte à Gauguin" souligne dans le catalogue Marie-Claude Valaison. Quant au cubisme…, aucune curiosité pour ce mouvement.

A gauche, Paul Gauguin (1848-1903). La barque, 1896, collection privée &  Autoportrait "à l’ami Daniel", 1896, Paris, musée d’Orsay  // Au centre, George Daniel de Monfreid (1856-1929). Hommage à Gauguin, 1925. Huile sur papier marouflé sur toile. 81 x 100 cm.. En 1959, don d'Agnès Huc de Monfreid au musée d’art Hyacinthe Rigaud  // A droite, Paul Gauguin, Tête de Tahitienne, ca 1892, Paris, musée d'Orsay  © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 2022.

George Daniel de Monfreid (1856-1929), L'atelier, 1929, collection privée //  Le thé dans l'atelier, 1907, Paris, musée d'Orsay  //  L'atelier à la chatte siamoise, 1909, Paris, musée d'Orsay © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 2022.

 A gauche, George-Daniel de Monfreid (1856-1929), La barque d’après Paul Gauguin, 1914. Signé et dédicacé "à mon ami Cros G.DM" (en bas à droite). Huile sur toile. 50.7 x 37.2 cm.. Don de la White International Relations Co, Ldt, Japon au musée des Beaux-Arts de Quimper en 2020 © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 2022.

L’aimant du nom de Gauguin avait déjà été mis en avant à l’été 1958 lors de l’exposition, dans ce même lieu : Gauguin. Georges Daniel de Monfreid et leurs amis catalans [George avec un "s" sur l'affiche]. Il faudra cependant attendre 1981 pour que Perpignan acquiere en vente publique un paysage du peintre. Alors qu’Agnès Huc de Montfreid, fille de l’artiste, avait offert en 1959 Hommage à Gauguin (1925) de son père à l’institution perpignanaise. Un portrait de famille, le peintre, sa seconde épouse Annette et Félicie Belfils, la belle-sœur de sa femme, réunis autour du mur-mémoire Paul Gauguin, trois œuvres que Paul offrit à Daniel : l’Autoportrait dédicacé (1896), le masque Tehura / Tête de Tahitienne ou Tehamana (ca. 1892) et La barque (1896). Ces trois œuvres de Gauguin sont présentées ici, en regard de cette peinture. G. D. de M., mettant en sourdine sa carrière, n’aura de cesse de défendre son aîné et de le promouvoir. Ses œuvres de Gauguin – il en possédera treize plus sept sculptures, le manuscrit Noa Noa, la gravure du portrait de Stéphane Mallarmé -, se retrouvent dans les trois vues de son atelier parisien du 4, rue Liancourt, aux accrochages changeants.   

George Daniel de Monfreid (1856-1929). Autoportrait à la veste blanche, 1889. Huile sur toile. 65 x 49 cm.. Perpignan, musée d’art Hyacinthe Rigaud  // Autoportrait, 1909. Huile sur papier marouflé sur toile. 61 x 47 cm.. Montpellier, musée Fabre © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 2022.

Qui est ce peintre post-impressionniste ? Réponse en 125 numéros, dans un parcours historico-thématique, pour découvrir les œuvres de George Daniel [sans "s" comme chez les Anglais], parfois inédites - nombreuses proviennent de sa famille-, acquises par la ville de Perpignan en prévision de cette rétrospective ou grâce au soutien de l’Association des amis du musée Rigaud. Et treize œuvres de Paul Gauguin plus sa palette. (1). Partant de l’Autoportrait à la veste blanche (1889), peinture en touches fragmentées - George Daniel vient de rencontrer Gauguin fin 1887 -, exposé au café Volpini et de trois autoportraits très tardifs, cette exposition se clôt dans le touche-touche de quinze portraits de son entourage familial, dont trois de son fils Henry, un mur de visages regardant ailleurs. Tristesse infinie dans cette dernière salle.  

La lecture du catalogue n’éclaire guère sur sa naissance toujours nimbée de mystères. De Caroline ? ou Marguerite ? Barrière, sa mère, l’on ne connaît pas le nom de son époux (page 38 du cat.). Si "l’histoire complexe de la paternité", explicitée dans le catalogue de l’exposition George-Daniel De Monfreid 1856-1929 : Le confident de Gauguin, d’Alençon et de Narbonne, en 2003-2004, est citée, pourquoi ne pas l’avoir reproduite dans le catalogue (page 39 du cat.). Le mystère de la paternité de ce fils unique demeure. (2). Comment le nom de "de Monfreid", à consonnance aristocratique, surgit-il ? " Il meurt le 26 novembre au lendemain d’une chute accidentelle en cueillant des kakis dans son jardin " (page 278) alors que quelques pages avant " il disparut de façon suspecte à Saint-Clément le 25 novembre 1929 " (page 251).

Parcourir la lumière © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 2022.

Parcourir la lumière © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 2022.

Parcourir la lumière © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 2022.

Laissons ces interrogations et regardons ses paysages, ses trois magnifiques bords de la côte à Leucate d’une grande simplicité ou ceux de l’église romane à la toiture de lauzes d’Angoustrine à l’intérieur des terres. Un pur enchantement de se plonger dans cette section fort justement intitulée " parcourir la lumière " par la commissaire Pascale Picard. C’est ici qu’il est vrai, impliqué, le plus proche de son sujet, sincère, juste dans cette captation de la lumière catalane et plus tard éthiopienne, cette lumière du Sud.

George Daniel de Monfreid (1856-1929), Paysage de Lozère (Vareilles), 1891. Huile sur toile. 67,5 x 91,5 cm.. Montpellier, musée Fabre  //  Paul Gauguin (1848-1903). Les meules jaunes ou La moisson blonde, 1889. Huile sur toile. 73 x 92,5 cm.. Paris, musée d’Orsay © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 2022.

Influence sans discussion de Gauguin et de ses bretonnes Meules jaunes (1889) présentées à côté de Paysage de Lozère (1891) comme avec le souvenir du Cheval blanc qu’il vendra en 1926 aux musées nationaux, lui inspirant son Petit cheval blanc.

Les carnets journaliers. Dimanche 23 août 1903 © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 2022.

Dommage que Monfreid n’ait pas regardé, par curiosité, ses contemporains, comme si son questionnement de la peinture s’était arrêté définitivement ce dimanche 23 août 1903, lorsque la mort de Gauguin aux Îles Marquises lui parvint.  " Reçu la nouvelle, en revenant du bain, que Gauguin est mort aux îles marquises. Je me hâte d'écrire à Vollard pour lui demander les comptes de Gauguin. Téléphoné à Mr. Fayet la nouvelle et passé commander des faire-part." note-t-il dans son agenda. Ajoutant le coût de son téléphonage à Fayet et de l’achat de timbres. Chaque jour, ses dépenses étaient scrupuleusement inscrites dans ses carnets.

© Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 2022.

Monfreid sous le soleil de Gauguin

25 juin – 6 novembre 2022

Musée d'art Hyacinthe Rigaud – 66 000 Perpignan

Commissariat Pascale Picard, directrice de l'établissement public du musée d'art Hyacinthe Rigaud Perpignan

Catalogue édité par SilvanaEditoriale. Textes de Pascale Picard; Claire Bernardi & Ophélie Ferlier-Bouot; Guillaume de Monfreid; Marc & Laure Latham; Marie-Claude Valaison; Flore Collette, Céline Dumas, Maud Marron-Wojewodzki & Pascale Picard. Le choix de fonds bleu, vert, marron, crème, vieux rose ne contribuent pas au confort de la lecture ! 296 pages. Prix 39 €.

Accueil du Musée d'art Hyacinthe Rigaud | Musée Rigaud (musee-rigaud.fr)

(1) La ville de Perpignan a mené une politique d’acquisition dans la préparation de cette exposition. L’Autoportrait à la veste blanche, 1889 ; vente aux enchères, 3 décembre 2020, Bordeaux, Jean dit Cazaux et Associés, Collection George-Daniel de Monfreid et Henry de Monfreid, préemption à 90 376 €; Le Portrait d’Olympe Rollet, 1912, ancienne collection Victor Segalen, vente aux enchères, 8 octobre 2019, Paris, Ader, préemption 8 448 €; 26 bois gravés reproduisant les œuvres de Gauguin, destinés à l’impression de la publication du manuscrit Noa Noa de Gauguin, publiés aux Éditions Crès, en 1924, par George Daniel de Monfreid ; vente aux enchères, 3 décembre 2020, Bordeaux, Jean dit Cazaux et Associés, Collection George-Daniel de Monfreid et Henry de Monfreid, préemption à 25 280 €; 96 carnets journaliers rédigés par l’artiste tout au long de sa carrière, de 1896 à 1907, de 1909 et de 1916-1929, vente aux enchères, 3 décembre 2020, Bordeaux, Jean dit Cazaux et Associés, Collection George-Daniel de Monfreid et Henry de Monfreid, préemption à 11 502 €.

(2) George-Daniel De Monfreid 1856-1929 : Le confident de Gauguin. Exposition à Alençon, musée des Beaux-arts et de la Dentelle,14 juin-28 septembre 2003 puis à Narbonne, musée d'art et d'histoire, 20 octobre 2003-18 janvier 2004. [trait d'union entre George et Daniel].

 https://gw.geneanet.org/pchailly?lang=fr&n=monfreid+de&oc=0&p=george+daniel

 

 

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