​​​​​​​Alberto Giacometti, la liberté d’être - Toulouse, Les Abattoirs et aussi Paris

Gilles Kraemer (envoyé spécial)

© Le Curieux des arts Gilles Kraemer, automne 2023, Toulouse, Les Abattoirs.

Les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse ne possèdent aucune œuvre d’Alberto Giacometti souligne Annabelle Ténèze présentant, avec Émilie Bouvard, l’exposition – co-organisée avec la Fondation Giacometti - que l’institution toulousaine consacre à cet artiste.

Alberto Giacometti existentialiste et Les Temps modernes. Bronze de Diane Bataille, ca 1947. Fondation Giacometti © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, automne 2023, Toulouse, Les Abattoirs.

La période retenue est celle de 1946 à 1966, de l’après-guerre à son décès. Autour de l’abstraction, des modalités d’inscription de l’œuvre dans l’espace, dans le vide, de la création et l’espace de l’atelier, dans l’engagement existentialiste. Loin, précise Annabelle Ténèze, de l’image d’Épinal, de l’artiste travaillant seul dans son atelier du 46, rue Hippolyte-Maindron mais celle d’un homme intégré dans son temps, côtoyant les Sartre – nombreux dessins sur la couverture ou les pages de la revue mensuelle Les Temps modernes dont Jean-Paul Sartre est le directeur  , Jean Genet - projet de couverture pour Le Balcon, 1956 -, Samuel Beckett – imaginant l’arbre d’En attendant Godot pour les représentations au Théâtre de l’Odéon en 1961, connaissant le succès de l’Homme qui marche perçu avançant esseulé ou heureux.

Un œuvre qui fait sens.

Giacometti expose en 1951 à la galerie Maeght. Au milieu, Quatre femmes sur socle, 1950. Bronze. Fondation Giacometti © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, automne 2023, Toulouse, Les Abattoirs.

Ugo Mulas, Alberto Giacometti installant son exposition à la Biennale de l'art de Venise, 1962 (détail). Archives Fondation Giacometti © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, automne 2023, Toulouse, Les Abattoirs.

Émilie Bouvard décrit Alberto Giacometti (1901-1966) tel l’artiste fortement impliqué dans la disposition chorégraphique dans l’espace de ses sculptures. S’il n’est pas présent à ses expositions new-yorkaises chez Pierre Matisse de 1948 et 1950, la préparation de celles-ci, souligne Romain Perrin dans le catalogue, fait l’objet de nombreux échanges épistolaires, l’artiste s’en remettant à l’œil de son galeriste. Nombre de photographies sur ses participations, aux Biennales de l’art de Venise, XXVIII^e en 1956 et XXXI^e en 1962, son exposition chez Aimé Maeght - essai de reconstitution à Toulouse de cette exposition parisienne de l’été 1951 - captent l’instant où il déplace et place ses sculptures de bronze et de plâtre, dans une interrogation de la cohérence des œuvres dans l’espace par rapport à l’espace. Imaginant chez Maegth un haut socle de plâtre pour le bronze Petit buste d’homme, une table pour La Forêt ou posant Le Chat au sol. Tel précisé par Romain Perrin, dans un autre essai, chaque exposition lui permet de faire le point sur son travail, de voir des ensembles d’œuvres hors de l’atelier. Ainsi chaque sculpture se façonne par les expositions, chacune offrant des solutions provisoires […] amenant le sculpteur à tout remettre en question par le fait même de son travail.

"Je commence à approcher de la vérité" Alberto Giacometti, 1962, entretien lors de sa participation à la Biennale de l'art de Venise © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, automne 2023, Toulouse, Les Abattoirs.

Souvent photographié - il ne prend aucun cliché -, comme le souligne Inès de Bordas dans son essai, bien que réservé, il prend volontiers la pose, laissant les photographes pénétrer dans l’espace de son atelier, perpétuellement cravaté et en veste. Il aurait "fait un malheur" sur les réseaux dits sociaux par son visage très marqué, son teint grisâtre, comme celui d’une statue médiévale selon Man Ray en 1972. Des photographies, noir & blanc de Sabine Weiss ou en couleurs de Jack Nisberg, sont mises en correspondance avec une immense table présentant de petites sculptures. À nous de faire le lien entre images et œuvres.

Alberto Giacometti, Isaku Yanaihara, 1956. Huile sur toile. 81,4 x 65,2 cm.. Fondation Giacometti © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, automne 2023, Toulouse, Les Abattoirs.

Des visiteuses dans l’atelier d'Isaku Yanaihara © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, automne 2023, Toulouse, Les Abattoirs.

Du plus célèbre des modèles de l’atelier, les photographies d’Annette Giacometti du philosophe japonais Isaku Yanaihara (1918-1989) - vingt et une peintures, deux versions du buste et quelques dessins – nous plongent dans les relations entre ce modèle et Alberto. 

Alberto GIacometti, Grande femme I, 1960. Bronze. 272 x 34,9 x 54 cm.. Fondation Giacometti © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, automne 2023, Toulouse, Les Abattoirs.

Alberto Giacometti, Homme qui marche II, 1960. Plâtre. 188, 5 x 29,1 x 111,2 cm.. Fondation Giacometti © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, automne 2023, Toulouse, Les Abattoirs.

Scénographie dans un minimalisme merveilleux de Pascal Rodriguez dans des rapports d’échelle et au sol avec les sculptures d’Alberto. L’apprivoisement de la nef avec les trois sculptures présentées comme flottantes, Homme qui marche II (1960), Grande femme I et Grande tête qui doivent également être vues d’en haut. Éclairage magique de Raymond Belle, doux, caressant, effleurant.

Présentation presse de l'exposition Giacometti par Annabelle Ténèze et Émilie Bouvard sous les phrases de Joël Andrianomearisoa, dans un jeu de pistes sentimental © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, automne 2023, Toulouse, Les Abattoirs.

Le temps de Giacometti, 1946-1968

22 septembre 2023 – 21 janvier 2024

Les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse

Commissariat Émilie Bouvard, directrice scientifique et des collections de la Fondation Giacometti, Paris & Annabelle Ténèze, conservatrice en chef du patrimoine et directrice générale des Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse. Assistées d’Audrey Palacin

Alberto Giacometti,  Homme qui marche II, 1960. Plâtre. 188, 5 x 29,1 x 111,2 cm.. Fondation Giacometti © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, automne 2023, Toulouse, Les Abattoirs.

Catalogue. Textes d’Inès de Bordas, Émilie Bouvard, Hugo Daniel, Catherine Grenier, Julien Michel, Romain Perrin, Annabelle Ténèze. 224 pages. Éditions Les Abattoirs, Fondation Giacometti, Éditions Gallimard. 35 € (en service de presse).  

Poursuivre cette exposition avec E.R.O.S. (1959). Daniel Cordier accueille, dans sa galerie parisienne du 8, rue de Miromesnil, en 1959, la huitième Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme, "E.R.O.S.", célébrant l’érotisme. Retour sur l’histoire de cette exposition surréaliste à travers la collection Daniel Cordier en dépôt permanent aux Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse - 7 juillet 2023 – 21 janvier 2024

Annabelle Ténèze a pris, le 24 septembre 2023, les fonctions de directrice du Louvre-Lens, après sept années dans la "ville rose", succédant à Marie Lavandier, aujourd’hui présidente du Centre des monuments nationaux.

Le Nez. L’Institut Giacometti présente une exposition inédite réunissant les versions de cette œuvre qu’Alberto retravailla plusieurs années.

Ayant fait l’objet de versions différentes, Le Nez (1947-1964), est à la fois une figure grotesque rappelant le personnage populaire de Pinocchio, et une vision de la mort, thème récurrent chez l’artiste. L’exposition présente pour la première fois cinq versions du Nez, trois modèles différents en plâtre conservés par la Fondation Giacometti et le Centre Pompidou (1947-49-64), deux bronzes (1964) dont un prêt de la Justin Sun Collection, et l’ensemble des dessins et archives concernant cette sculpture emblématique. Des œuvres iconiques sont présentes : Pointe à l’œil (1932), Tête crâne (1934) et Tête sur tige (1947). Une sélection de bustes, en particulier de son frère Diego (1955-56), montre par ailleurs le contraste très particulier que l’artiste institue entre la vision de face et de profil, dont Le Nez est l’expression ultime. A l’occasion de cette exposition, la Fondation Giacometti intègre pour la première fois la technologie développée des hologrammes. Le modèle du Nez en plâtre peint, 1947 (collection de la Giacometti Stiftung, en dépôt au Kunstmuseum de Bâle), trop fragile pour voyager, est ainsi représenté de manière virtuelle, et rapprochée des versions ultérieures de l’œuvre. À travers les œuvres de quatre artistes contemporains - Annette Messager, Rui Chafes, Hiroshi Sugimoto et Ange Leccia, l’Institut Giacometti éclaire d’un jour nouveau la création du sculpteur.    Antoine Prodhomme (d’après le dossier de presse)

Commissaire : Hugo Daniel - Du 7 octobre 2023 au 7 janvier 2024

Catalogue co-édité par la Fondation Giacometti et FAGE éditions, Lyon. Bilingue français/anglais. 176 pages, 150 illustrations. Prix 28 € (en service de presse)

Mark Rothko, série des Black and Gray, Untitled, 1969. Acrylique sur toile. Andersen collection , Stanford University (détail)  //  Alberto Giacometti, Homme qui marche I, 1960. Bronze, rehauts à l’huile. Fondation Marguerite et Aimé Maeght, Saint-Paul-de-Vence © Antoine Prodhomme, 17 octobre 2023.

Pourquoi Mark Rotkho comme dernière image alors qu'il n'est pas évoqué à Toulouse ? Deux indices : Unesco et 1969. Réponse à la Fondation Louis Vuitton, jusqu’au 2 avril 2024 dans la salle des Black and Gray. Et la lecture de l’essai de Claudia Buizza dans le catalogue - déjà une référence ! - de l'exposition à la Fondation.

Mark Rothko, série des Black and Gray, Untitled, 1969. Acrylique sur toile (détail)  //  Alberto Giacometti, Grande Femme III, 1960. Bronze, 6/6. Susse fondeur Paris. Fondation Beyeler, Riehen, Basel © Antoine Prodhomme, 17 octobre 2023.

Mark Rothko. 1903-1970

Du 18 octobre 2023 au 2 avril 2024.

Fondation Louis Vuitton

Commissariat Suzanne Pagé et Christopher Rothko avec François Michaud

Catalogue de poids (2406 gr), dans l'idéal d'un beau format en longueur ! 220 illustrations. 316 pages. Éditions Fondation Louis Vuitton / Citadelles & Mazenod. En français. En anglais. Prix 45 € (en service de presse).