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Gilles Kraemer

 

Cordouan, Le phare des rois ou Le roi des phares. Lors de la 44ème session élargie du Comité du patrimoine mondial, organisée par l’UNESCO en coopération avec le pays hôte, la République populaire de Chine - 16 au 31 juillet 2021 à Fuzhou -, le phare de Cordouan a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, liste désignant des biens présentant un intérêt exceptionnel pour l’héritage commun de l’humanité.

© Dominique Abit

Cette candidature fut lancée officiellement en 2016. Jean Gaumy, membre de l’Académie des beaux-arts était parmi les ambassadeurs de Cordouan, en compagnie, entre autres d’Isabelle Autissier, navigatrice et écrivaine ou de  Christian Buchet, historien et économiste de la mer.

Unique et universel, ce phare, gardien de la Gironde, le plus grand estuaire d’Europe, est à la fois un monument à l’architecture remarquable et un symbole de l’essor de la construction des phares. Il fut édifié, il y a plus de quatre siècles, sur un îlot rocheux en pleine mer, se distinguant des autres phares par une architecture grandiose et une histoire hors du commun.

 © Quentin Salinier.

L’idée de ce phare revient à Henri III décidant de construire un phare à cet emplacement, confiant ce projet hors norme à l’architecte Louis de Foix (ca 1535 – ca 1602-1606). Celui-ci est connu pour avoir détourné l'Adour afin de redynamiser le port de Bayonne, ce qui fut effectif en octobre 1578.

L’objectif de cet architecte ? Faire de ce phare une œuvre royale, digne des anciennes Merveilles du monde. Sauf qu’entreprendre un tel chantier en pleine mer est loin d’être chose facile ! La construction sera ralentie par les guerres de Religion et la difficulté de ses travaux onéreux.

A la mort d’Henri III, Henri IV relance le projet de construction de Cordouan et en fait le symbole du pouvoir royal. La tour à feu accueille même une chapelle royale. En 1611, 27 ans après le début des travaux, la construction s’achève sous la direction de François Beuscher, qui fût peut-être l’élève de Louis de Foix et le phare mis en service. Il s’agit alors d’une tour ronde de trois étages, haute de 37 mètres.

La chapelle côté est. Gilles Vilquin. Copyright © DRAC Nouvelle-Aquitaine.

La voûte de la chapelle. Gilles Vilquin. Copyright  © DRAC Nouvelle-Aquitaine.

La chapelle constitue la pièce centrale du phare par sa taille, sa structure avec son extraordinaire coupole à caissons et par sa symbolique. La chapelle monumentale est d’abord conçue comme une célébration de la monarchie, une glorification des deux souverains fondateurs de la tour : Henri III, le roi martyr et Henri IV, fraîchement converti. La place centrale de la chapelle prend ainsi une dimension très politique. À partir de là, Louis de Foix donne à la chapelle une dimension extraordinaire et une décoration surprenante par rapport au monument. Première donnée, l’énorme coupole à caissons qui coiffe la chapelle s’ouvre en son sommet par un oculus laissant apercevoir à l’étage supérieur une couronne à fleurs de lys, symbole de la célébration de la monarchie.

La chapelle présente une décoration dense et soignée, à la gloire des deux souverains avec leurs monogrammes mais aussi de Louis de Foix dont le buste et la longue inscription célébrant ses mérites constituent un autre élément central de la chapelle.

La salle des Girondins au 3ème étage, vue d'en haut  © Dominique Abit.

La salle des Girondins au 3ème étage © Manuel Cohen. La salle des Girondins est la première salle datant de la surélévation de Cordouan, au moment de la Révolution française. Pour protéger le monument (symbole de la royauté) des représailles des révolutionnaires, l’architecte baptise la salle du nom de l’assemblée des Girondins, une des assemblées révolutionnaires de l’époque.

Cet édifice témoigne de l’art de la construction des phares pendant une période de développement de la navigation, quand les phares avaient un rôle important en tant que marqueurs territoriaux et dispositifs de sécurité.

Dans les années 1780, la partie supérieure de la tour est en très mauvais état et les marins se plaignent de l’insuffisance de la portée lumineuse de Cordouan. L’architecte Joseph Teulère (1750-1824) remporte le concours lancé par le secrétaire d’État à la Marine en 1786, le marquis de Castries, et se voit confier le projet de surélever le phare de plus de 20 mètres, afin d’améliorer l’éclairage. Il réussit à conserver l’édifice de la Renaissance (à l’exception de sa lanterne) et son caractère symbolique. Le style architectural de la partie supérieure, typique de la fin du dix-huitième siècle, ne dénote pas par rapport à la base. Cordouan prend alors la forme que nous lui connaissons. En même temps, il s’agit de développer un nouveau système de feux remplaçant le charbon de terre brûlant dans un vaste réchaud logé dans une lanterne en fer installée depuis 1727. Cet exhaussement et les modifications apportées à sa lanterne témoignent des avancées scientifiques et technologiques de l’époque.

En 1823, Augustin Fresnel y expérimente un prototype de lentille à échelons, nouveau système révolutionnant l’éclairage moderne des phares.

© Dominique Abit.

Aujourd’hui encore, Cordouan n’a rien perdu de sa fonction utilitaire et continue de servir de repère aux marins naviguant dans l’estuaire de la Gironde. Cinq groupes électrogènes alimentent deux groupes de dix batteries qui desservent l’ensemble des installations électriques du phare. Une ampoule de 250 Watts et un nouvel écran tournant achèvent le nouveau système d’éclairage du phare. Le feu de Cordouan porte à quarante kilomètres en mer et assure aux marins le rythme immuable de ses trois battements de cils en douze secondes.

 

Intérieur de la Chapelle Scrovegni. Date : 01/05/2004. Auteur : Comune di Padova, Gabinetto Fotografico dei Musei Civici di Padova. Copyright : © Comune di Padova Settore Cultura, Turismo, Musei e Biblioteche.

Padoue Urbs picta. La  Chapelle des Scrovegni de Giotto et les cycles de fresques du XIVe siècle à Padoue sont également inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.

 

D’un côté Jean qui rit, de l’autre Jean qui pleure de l’autre côté de la MancheLe Comité du patrimoine mondial a décidé de retirer le bien Liverpool – Port marchand (Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord) de la Liste du patrimoine mondial, " en raison de la perte irréversible des attributs qui transmettent la valeur universelle exceptionnelle du bien. ".

 

 

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