La compagnie Barolosolo ou l'amour du cirque de Calder avec quatre bouts de ficelle - 75ème Festival d’Avignon
Gilles Kraemer (séjour personnel à Avignon)
samedi 10 juillet 2021
Avec trois bouts de ficelle, du carton, des bouchons de liège, des fils de fer, avec presque rien, naquit des mains de la force de la nature Alexander Calder (1898-1976), un cirque de rêverie, pour grands et petits. Un cirque que ce Monsieur Loyal transportait dans deux valises, qu’il installait et dont il commentait les exercices des circassiens.
© photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Avignon, juillet 2021.
Avec presque rien, 90 ans plus tard, la compagnie Barolosolo réinvente pareil émerveillement dans son cirque installé dans La cour du spectateur, si bien nommée. Cette fois-ci en vrai, enfin... en presque vrai.
Avec quatre bouts de ficelle, des gilets de sauvetage, beaucoup de gilets de sauvetage Cabesto, des morceaux de kayak, des pagaies, des ballons gonflables, un tuyau d’arrosage, une échelle double, des séchoirs à linge, une tête de lion en raphia, le cirque Barolo va toujours plus haut, toujours plus fort selon son slogan pour terminer la représentation par un numéro final, crucial, abyssal, comme l’annonce un Monsieur Loyal solennel : le musicien, dans un kayak, placé sur une échelle inclinée va traverser un cercle de papier placé en bas de celle-ci. On aime bien le dithyrambique, les superlatifs au cirque Barolo pour faire monter la pression, interpeller, émouvoir, apeurer, étonner le public complètement captivé et participant, enfants comme adultes, pendant plus d’une heure. Tout doit être extraordinaire et nous faire frémir. Normal, le cirque, c’est la magie.
© photos Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Avignon, juillet 2021.
Avec Ariane, ça va fuser, la femme de fil et non la femme de fer qui sera la funambule sur un morceau de tuyau en plastique posé au sol. La généreuse qui fait tomber les hommes sera Madame Bibendum dans son costume de bouées de sauvetage. La grande dresseuse du Colorado dont le cheval est un kayak. Le lion Léopold, manifestement la dompteuse ne domine pas ses fauves car elle n’a plus de bras gauche, sera tué par celle-ci, son quatrième. Exit Léopold IV. Pas rancunière, la dompteuse conserve les photographies des lions qu’elle a abattus.
Comme l’on est au cirque, l’entracte – pas de glace Miko de notre enfance – s’impose car avec le pop-corn Barolo, nous avons le pop-corn qu’il vous faut. Toujours emplies de poésie les annonces de Monsieur Loyal, très physique Valentin le Désossé, alors que le patron du cirque, celui qui orchestre tout, c’est le musicien qui s’impose dès le départ. Le principal, c’est l’essentiel. Il va mener tout ce beau monde à la baguette de son accordéon.
Étoiles de bonheur garanties pour tous dans cette ré-inventivité poétique du cirque Calder avec six bouts de ficelle et quatre comédiens-circassiens. Génial.
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10 – 31 juillet 2021
Mise en scène collective : Mathieu Levavasseur, Michel Cerda, Anne De Buck, Thibault Lapeyre, Camille de Truchis, Sylvain Decure, Laurent Desflèches, William Valet
Artistes en pistes : Mathieu Levavasseur, porteur; Anne De Buck, voltigeuse; Léa Passard, acrobate au mât chinois; Samuel Peronnet, accordéoniste
Composition musicale : Samuel Peronnet / Costumes et accessoires: Céline Perrigon, Thomas Debroissia
Lumière et régie générale : Marc Boudier
Compagnie Barolosolo
Festival OFF d’Avignon, Cour du Spectateur
Alexander Calder Cirque Calder, 1926-1931. Matières diverses : fil de fer, bois, métal, tissu, fibre, papier, carton, cuir, ficelle, tubes de caoutchouc, bouchons, boutons, sequins, boulons et clous, capsules de bouteille 137,2 x 239,4 x 239,4 cm.. New York, Whitney Museum of American Art, New York. Purchase, with funds from a public fundraising campaign in May 1982. Photo © Whitney Museum of American Art © Calder Foundation, New York/Artists Rights Society (ARS), New York / Adagp, Paris. http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-calder/ENS-calder.html
Alexander Calder. Les années parisiennes (1926-1933), Centre Georges Pompidou, 18 mars au 20 juillet 2009 où ce cirque fut présenté. Il compte plus de deux cents pièces, parmi lesquelles soixante-neuf figures et animaux, quatre-vingt-dix accessoires – tapis, lampes, filets, rideaux – et trente-quatre instruments de musique, disques de phonographe et accessoires de bruitage.
https://www.barolosolo.com/la-compagnie/ Cette compagnie est soutenue par la Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée et le Département de L’Aude.