Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Publié par Gilles Kraemer

Gilles Kraemer (envoyé spécial).   

 

Château de Lunéville © photo G Berger – GD 54.

Il sonne comme l’air de la comtesse Dove son i biei momenti / Di dolcezza e, di piacer ? ce titre d’exposition Les Belles Heures du château de Lunéville, celles de ce château qu'en 1766, à la mort de Stanislas Leszczynski, son gendre Louis XV transformera en caserne. Il sera vidé de son mobilier, le parc démantelé. Lunéville rattachée au royaume de France, surnommée "un petit Versailles", deviendra une ville de garnison. De ce passé militaire, la statue au centre de l’avant-cour de ce château, par Charles Cordier (1893), du général Lasalle tué à Wagram l’évoque.

 

Les jardins du château de Lunéville © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2020.

Majesté sereine du duc Léopold, prince éclairé et humaniste (il régnera de 1698 à 1729) et de son fils François III (1729 à 1737) quittant le duché lorsqu’il devint François II de Toscane en 1737 ; il sera ensuite empereur du Saint-Empire romain germanique sous le nom de François I  et l’époux de Marie-Thérèse de Habsbourg. Puis Stanislas Leszczynski (1737-1766). Trois temps d’une cour princière que retrace cette exposition.

Qu’il est loin le temps où Henri II le Bon, duc de Lorraine et de Bar confiait, en 1612, la construction du château de Lunéville à l’architecte Jean de Lyot de Wassy sous la direction de Jean La Hiere. Agrandissement en 1701 par Pierre Bourdict avec deux ailes encadrant la cour des communs. En 1712, Léopold confie à Germain Boffrand (neveu de Jules Hardouin-Mansart) la construction d’un nouveau corps de logis prolongeant le château du côté des jardins. L’incendie du 3 janvier 1719 dévaste le nouveau bâtiment. Le château originel (corps central et ses ailes) laisse place à de nouveaux bâtiments autour de la cour d’honneur. Les trois grandes arcades ouvrant sur l’interminable perspective des jardins contribuent à son originalité.

 

Le double L de Léopold © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2020.

Les trois arcades, entre ville et jardin © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2020.

Le grand escalier nord © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2020.

Le 2 janvier 2003, un incendie détruit la chapelle, les appartements ducaux, le musée de la faïencerie, le cercle militaire, les collections militaires. En 2017, le département de Meurthe-et-Moselle devient propriétaire de l’ensemble du château dont il était co-propriétaire avec le ministère de la Défense depuis 2000. Les travaux de restauration, lancés le 2 avril 2005, se poursuivent. La chapelle, construite entre 1720 et 1723, restaurée en 2010, voit aujourd’hui l’apparition de fissures sur les décors en plâtre, obligeant à l’installation "temporaire" de filets de protection. La restauration du grand escalier nord – amorçant la réhabilitation générale du site - pour un montant de 1 300 000 € est prévue sur 2021-2022.

 

Le château de Lunéville © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2020.

Le tableau de Claude Jacquart (1686-1736) Marche de mariage de sa Majesté Henri-Jacques de Lorraine et d’Anne Marguerite Gabrielle de Beauvau-Craon le 19 août 1721 (60 x 110 cm.) reflète l’état de l’édifice avant que les toits plats voulus par Boffrand ne soient remplacés par des toitures plus élevées, mieux adaptées au climat lorrain. Le mariage entre Henri-Jacques de Lorraine, prince de Lixheim, cousin éloigné du duc Léopold et d'Anne-Marguerite-Gabrielle de Beauvau-Craon, a lieu le 19 août 1721, à Lunéville. Cette union permettra au marié d'accéder au titre de grand maître de la maison du duc de Lorraine. Le tableau représente avec faste le cortège marital sortant du château, encadré d'une haie de soldats. 

Lors de sa vente à Drouot, le 15 juin 2015, Princesse Minnie de Beauvau-Craon, vente du mobilier du château de Haroué, ce tableau sera acquis pour 81 247 € par le musée du château de Lunéville.

 

Les jardins du château depuis le bureau de Léopold © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2020.

A gauche, attribué à Jacques Van Schuppen (1670-1751), portrait du prince Louis de Lorraine en costume d’apparat, vers 1710. Huile sur toile  //  A droite, Pierre Gobert (1662-1744), portrait de la duchesse Elisabeth-Charlotte et de son fils le prince Louis, vers 1708-1709. Huile sur toile  //  Tous les deux au Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain, Nancy © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2020.

Louis-Michel Van Loo (1707-1771), portrait de Catherine Opalinska, épouse de Stanislas. Huile sur toile  //  D’après Jean Girardet (1709-1778), portrait de Stanislas Leszczynsky en armure, vers 1750. Huile sur toile  //  Tous les deux au Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain, Nancy © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2020.

Restitution photographique de la salle à manger avec la table volante vers 1730 © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2020.

La rénovation et extension, depuis octobre 2017, du palais des ducs de Lorraine-Musée Lorrain permet de découvrir à Lunéville des prêts de cette institution nancéienne : portraits d’apparat, vues des résidences de campagne, créations paysagères, objets personnels de ces belles heures D’or et de gloire qui firent le renom de cette ville.

Portrait d’apparat de la duchesse Élisabeth-Charlotte et du prince Louis mais où la mère pose une main bienveillante sur l’épaule droite de son fils. Un portrait en costume d’apparat le représente, un an avant qu’il ne soit emporté par la variole à l’âge de 7 ans. Miroir d’applique aux armes de Lorraine et d’Orléans et service de table en faïence de Moustiers à ces mêmes armes d’alliance. Nièce de Louis XIV, Elisabeth-Charlotte souhaitait une étiquette moins rigide que celle de Versailles. C’est pour elle qu’est imaginée une "table volante", servie et desservie depuis les cuisines se trouvant en sous-sol (salle actuellement fermée) ; elle n’hésite pas à "préparer" le repas. Le Rocher aux quatre-vingt-six automates grandeur nature de différents corps de métiers imaginé en 1742 pour Stanislas comme l’est le pavillon de Chanteleux ou le château d’Einville. Doté d’une rente confortable, le père de la reine de France Marie Leszczynska pouvait assurer un important mécénat artistique avec des "folies" librement inspirées de l’Orient : le Kiosque et le Trèfle.

 

© photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2020.

La seconde partie de l’exposition Lumière sur la cour de Lunéville revient sur l’héritage esthétique, culturel, scientifique et philosophique du XVIIIe siècle. Le château abrite "une salle des machines" animée par Philippe Vayringe, horloger et machiniste de Léopold renfermant près de 120 instruments et maquettes que complète une bibliothèque de 2 800 volumes. Lorsque François III ordonnera le déménagement du château, ces objets scientifiques iront à Vienne. Entre-temps, ce lieu d’enseignement scientifique aura émerveillé Voltaire et Emilie du Châtelet. Celle-ci décèdera dans le château, dans la chambre dite verte (actuellement fermée), le 10 septembre 1749 des suites d’une fièvre puerpérale.

Rafraîchissoir à décor de bouquet à la rose, Lunéville, vers 1750. Rafraîchissoir à verre à décor de feuillages et de bouquets, Lunéville, vers 1770 - In situ de l’exposition © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2020.

Une place est apportée aux rituels de beauté, temps fort de la toilette mondaine en public (1), aux usages de la table, aux arts décoratifs, à la manufacture royale de la faïencerie de Lunéville fondée en 1730, à l’exotisme turc et chinois des décorations, aux séjours des esprits des Lumières, à la création d’une Académie de peinture et de sculpture à Nancy.  Le parcours se conclue sur quatre grandes compositions allégoriques de Claude Charles (1661-1747), qui, après un séjour à Venise en 1702, interviendra sur le décor de la chambre du duc Léopold et de son épouse. (2)

L’on est loin aujourd’hui du projet d’installation d’un complexe hôtelier de luxe dans la partie noble du château comme il en fut question.   infodujour.fr/culture/architecture/29219-rififi-au-chateau-de-luneville  &  www.lefigaro.fr/culture/un-projet-d-hotel-pour-luneville-20191121

 

(1) L’association des Amis du château de Lunéville et de son musée souhaite acquérir auprès du marché parisien de l’art - galerie Benjamin Steinitz - le miroir de toilette en bronze doré et bois peint de la duchesse Elisabeth-Charlotte d’Orléans (1676-1744), fille de Monsieur, frère du roi et de la princesse Palatine, 1718, pour 300 000 € ; un appel à mécénat va être lancé.

Claude Charles, Allégorie de l’architecture, vers 1702. Huile sur toile. Musée du château de Lunéville- In situ de l’exposition © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2020. A gauche, plan de la ville de Nancy. A droite, dôme évoquant le premier projet dessiné en 1699 par Léopold Jean Betto pour la construction de l’actuelle cathédrale de Nancy

(2) L’association des Amis du château a participé à l’acquisition auprès du marché parisien de l’art – galerie Alexis Bordes – de quatre grandes compositions allégoriques – Chorographie, Sculpture, Mathématique, Architecture - dues à Claude Charles (1661-1747), peintures présentées en fin de parcours de l’exposition Les Belles Heures du château de Lunéville.

 

 

 

Les Belles Heures du château de Lunéville : D’or et de gloire. Lunéville et ses ducs au XVIIIe siècle / Lumière sur la cour de Lunéville

Château de Lunéville

Pas de catalogue de l’exposition

L’exposition La sculpture et son château. Variations sur un art majeur qui aurait dû se tenir à l’été et l’automne 2020 à Lunéville est reportée 25 juin au 1er novembre 2021, cause pandémie de Covid-19. Sculptures d’Antoine Coysevox, Michel-Ange Slodtz, Barthélémy Guibal et Paul-Louis Cyfflé, François Dumont

De même l’exposition Les Adam. La sculpture en héritage qui aurait dû se tenir à l’automne-hiver 2020 à Nancy au musée des Beaux-Arts est reportée du 18 septembre 2021 au 9 janvier 2020.

 

Musées et expositions actuellement fermés sur l'ensemble du territoire national #confinement2 pour une période allant du vendredi 30 octobre à mardi 1er décembre 2020…

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article