Antonio Giarola bouleverse les sens à Paris Tableau 2015
Antonio Giarola dit Il Cavalier Coppa, Les Cinq sens, Homme en train de bander sa main (le Toucher). Détail. Huile sur toile, 122 x 100 cm. Daté 1660 sur le bord intérieur de la table © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, présentation presse de Paris Tableau 10 novembre 2015. Remerciements à Maurizio Nobile
Paris Tableau, 23 galeries de peintures, de Didier Aaron & Cie au londonien The Weiss Gallery. Et deux marchands de cadres anciens. Pour cette 5ème édition, ce salon international de la peinture ancienne s'affirme définitivement incontournable. Et un lieu de découverte comme ce coup de cœur pour Les Cinq sens du véronais Antonio Giarola dit "il cavalier Coppa" (Vérone, vers 1597 - 1674) chez Maurizio Nobile, cinq tableaux présentés pour la première fois dans un salon, d'une qualité muséale ou digne d'un collectionneur sensible à la "belle" peinture, n'hésitant pas après une petite réflexion devant le prix demandé de 800 000 euros, comme ici pour ces cinq toiles.
Provenant d'une collection lombarde, toutes de dimensions identiques et datées de 1660, elles ont attiré l'attention de Federico Zeri qui en révéla l'importance et en recommanda l'acquisition aux anciens propriétaires en 1998. Il n'eut pas le temps d'exprimer une attribution. Elles sont maintenant identifiées comme étant d'Antonio Giarola, peintre véronais et collaborateur de Guido Reni puisqu'il exécutait des copies d'après des tableaux de Guido.
Antonio Giarola, Les Cinq sens, Homme en train de bander sa main (le Toucher). Huile sur toile, 122 x 100 cm. Daté 1660 sur le bord intérieur de la table © Maurizio Nobile
Cinq hommes pour représenter les cinq sens, de l'homme viril au vieil homme, comme le déroulé d'une existence, tous barbus, devant un fond neutre, un paysage ou des nuages. Dans une iconographie tout à fait différente de celle que l'on connaît. Comme si ces toiles s'adressaient à un commanditaire ayant décidé du sujet en correspondance avec le sens, un commanditaire féru de philosophie grecque, connaissant la Bible. Et s'étant peut être fait représenter car des cinq toiles, celle du Toucher détonne par cet homme assis, devant un fond uni, portant un riche manteau et se pansant la main droite. Visage parfait, trop parfait, tel un portrait fidèle, détonnant des visages des quatre autres hommes qui sont plus des visages d'expression. Avec une composition, triangulaire elle aussi comme les quatre autres toiles mais en une composition au milieu du tableau alors que les autres sont légèrement décentrées et plus sinueuses.
Antonio Giarola, Les Cinq sens, Homme à demi-nu avec un encensoir (l'Odorat). Huile sur toile, 122 x 100 cm. Daté 1660 sous le bras gauche © Maurizio Nobile
L'Odorat, un homme dans la force de l'âge, comme vêtu d'une toge, laissant apparaître sa poitrine nue, le regard tourné vers le ciel, en coin, comme interrogatif, dans l'attente d'une apparition. Il lève une navette et tient un encensoir. Composition dans un mélange entre antiquité et liturgie.
Antonio Giarola, Les Cinq sens, Homme avec un cor (ou trompe de chasse (l'Ouïe). Huile sur toile, 122 x 100 cm. Daté 1650 (plus vraisemblablement 1660) sur le cor © Maurizio Nobile
L'Ouïe, homme trapu, avec un cor de chasse, se détachant sur un ciel de nuages gris, un manteau orange aux couleurs changeantes; une immense cape dans des couleurs allant du violet au vert bouteille, dans cette opposition des étoffes chatoyantes si chère aux peintres vénitiens. Scène de chasse, peut-être ? Une symbolique d'un homme d'église, d'un prophète, d'un apôtre, toutes les propositions sont possibles.
Antonio Giarola, Les Cinq sens, Vieillard avec une chope (le Goût). Huile sur toile, 122 x 100 cm. Daté 1660 sur le pied de la table © Maurizio Nobile
Le Goût, un vieux homme assis, soulevant une chope, le regard tourné vers le spectateur comme une invitation à en faire de même, à entrer dans le tableau.
La Vue, un homme assis devant un paysage, ses lunettes posées à côté de lui, totalement absorbée dans la lecture de la Bible. Rien ne peut le perturber. Est-ce Saint Jérôme ?
Antonio Giarola, Les Cinq sens, Homme lisant (la Vue). Huile sur toile, 122 x 100 cm. Daté 1660 sur la tranche du livre tenu de la main gauche © Maurizio Nobile
Non, Paris Tableau ne montre nullement des signes de faiblesses, même si certaines toiles ont été vues à la Tefaf en 2013 ou en mars de cette année, il n'y a pas que des oeuvres à 5 millions d'euros. Les Cinq sens d'Antonio Giarola sont la démonstration magistrale de la vigueur de ce salon que l'on ne doit pas considérer comme petit sous un prétexte de réunir seulement 23 marchands.
Un communiqué des plus lacunaire et sibyllin de ce 13 septembre, annonce que "Dès septembre 2016, Paris Tableau participera à la 28e édition de la Biennale Des Antiquaires au Grand Palais et apportera toute son expertise et son expérience, notamment par l’organisation d’un symposium." Et précise que "Paris Tableau, a été créé en 2011 par un consortium de marchands de tableaux parisiens".
Où, quand, comment pour 2016 ?
Gilles Kraemer
Paris Tableau
11 au 15 novembre 2015
Palais Brongniart, Place de la Bourse, Paris
Maurizio Nobile
à Bologne (via santo Stefano 191 a) et à Paris (45, rue de Penthièvre)
Stand de Maurizio Nobile © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, présentation presse de Paris Tableau 10 novembre 2015. Remerciements à Maurizio Nobile