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Tancredi Parmeggiani à Venise, 1955-1956 © photographie Guillaume Kraemer, vue de l'exposition La mia arma contro l'atomica è un filo d'erba. Tancredi. Una retrospettiva. Collezione Peggy Guggenheim, Venezia, 19 décembre 2016

Un prénom. Tancredi. Seulement un prénom. Comme Leonardo ou Raffaello. Tancredi Parmeggiani né à Felte en 1927. Le 1er octobre 1964, son corps fut retrouvé à Rome, dans le Tibre. Luca Massimo Barbaro, le commissaire de l'exposition Trancredi. Une rétrospective à la Collezione Peggy Guggenheim de Venise, souligne que ce peintre tragiquement disparu à 37 ans avait tout pour devenir "d'abord une légende et puis un véritable et propre mythe après sa mort prématurée qui en a fait l'icône de l'artiste beau et damné, profondément romantique, un protagoniste silencieux, mystérieux et "affascinante"". Affascinante, même la traduction française fascinant n'offre pas la puissance lue et entendue de cet adjectif pour qualifier ce météorite de la peinture.

Tancredi Parmeggiani, Primavera, 1951 (datato 1952). Guazzo e pastello su carta, 69,8 x 100 cm. The Museum of Modern Art, New York. Donazione Peggy Guggenheim, 1952. Dans le cadre de l'exposition La mia arma contro l'atomica è un filo d'erba. Tancredi. Una retrospettiva. 12 novembre 2016-13 mars 2017, Collezione Peggy Guggenheim, Venezia

Tancredi Parmeggiani, Spazio, Acqua, Natura, Spettacolo, 1958. Olio su tela, 170,2 x 200,7 cm. Brooklyn Museum. Donazione Peggy Guggenheim, 60.4. Dans le cadre de l'exposition La mia arma contro l'atomica è un filo d'erba. Tancredi. Una retrospettiva. 12 novembre 2016-13 mars 2017, Collezione Peggy Guggenheim,Venezia


 

Tancredi Parmeggiani, Senza titolo (Composizione), circa1957. Olio su tela, 140,3 x 200,3 cm. Wadsworth Atheneum Museum of Art, Hartford, CT. Donazione Peggy Guggenheim, 1957. Dans le cadre de l'exposition La mia arma contro l'atomica è un filo d'erba. Tancredi. Una retrospettiva. 12 novembre 2016-13 mars 2017, Collezione Peggy Guggenheim,Venezia

Protégé de Peggy Guggenheim, celle-ci écrivit dans le catalogue, lors de la première rétrospective qui lui fut consacrée à Venise, en novembre 1967, Ca'Vendramin Calergi : "Après de nombreuses années à Venise, non plus galeriste mais me consacrant uniquement à compléter mon musée, je fis pour le jeune Tancredi une des rares exceptions à la règle que je m'étais fixée". C'est-à-dire le défendre, lui acheter des toiles. Ou mieux encore les offrir ou les vendre aussi à des institutions - une façon d'ailleurs fort intelligente et stratégique de le faire connaître internationalement (1). Ne donna-t-elle pas au Brooklyn Museum : Spazio, Acqua, Natura, Spettacolo (1958), trois toiles au Wadsworth Atheneum Museum of Art de Hartford dont Senza titolo (Composizione) (vers 1957), Primavera (1951(datée 1952)) au Museum of Modern art de New York ? Trois toiles, importantissimes de son parcours météorique, revenues à cette exposition, dans la Sérénissime qu'il quitta au printemps 1959 pour Milan.

Ce peintre au visage d'ange, auquel Peggy offrit un contrat - comme à Jackson Pollock - pendant quelques années et lui réserva de 1952 à 1955 un atelier dans son Palazzo Venier dei Leoni, le siège actuel de la Collezione Peggy Guggenheim, qui était-il ? Qui était ce peintre trop méconnu en France (2) dont Alain Jouffroy écrivait dans le catalogue de son exposition à la Galleria dell'Ariete à Milan en 1961 "Tancredi, homme épris de liberté totale, , exprime le besoin de liberté totale le plus librement qu'il lui est possible, c'est-à-dire sans respecter aucun système, pas même celui qu'il aurait pu se constituer lui-même [..] cette religion qu'on appelle "art moderne", dont Tancredi est aujourd'hui l'un des plus grands et des plus purs hérétiques".

De gauche à droite : Tancredi Parmeggiani, Hiroshima I, 1962. Technique mixte sur toile, 157 x 143 cm. Collection privée, Trévise // Tancredi Parmeggiani, Hiroshima 2. Baldoria a Hiroshima, 1962. Technique mixte sur carton, 162 x 110 cm. Collection Museo Civico Giovanni Fattori, Livorno // Tancredi Parmeggiani, Hiroshima 3, 1962. Technique mixte sur toile, 170 x 152,2 cm. Collection privée Florence, courtesy Tornabuoni Arte © photographie Guillaume Kraemer, vue de l'exposition La mia arma contro l'atomica è un filo d'erba. Tancredi. Una retrospettiva. Collezione Peggy Guggenheim, Venise, 19 décembre 2016

Réponse en une centaine de dessins et peintures que cette extraordinaire exposition - malgré le peu de hauteur des salles - présente en un parcours chronologique, de son Autoportrait (1946-1947), comment ne pas songer à Bonnard ou celui absolument extraordinaire de 1947 de la collection Facchin, à ses trois toiles de 1962, Hiroshima 1, 2 et 3, un fabuleux feu d'artifice concluant cette exposition, trois toiles en écho avec la phrase de Tancredi, en titre de l'exposition : "La mia arma contro l'atomica è un filo d'erba". Difficile de suivre Tancredi. Il ne cesse d'avancer, d'explorer, de goûter, de digérer, d'analyser, de commenter, d'interprêter, de dépasser, de précéder, de regarder en arrière. Insatiable, étonnant, percutant. Matissien dans le trait de son dessin Portrait de Romano Conversano (1946). Naturellement regardant Picasso dans ses Autoportraits de 1948. Effleurant la technique de Pollock de la peinture jetée sur la toile en 1951 Senza titolo. Dans un fourmillement de signes, de virgules, de points, de mouvements, de pointillés avec la lumineuse Primavera venue du MoMA ou Senza titolo (1952). Nous brouillant totalement dans la poétique rougoyante d'Aspirazione a New York (1952) dans la mouvance du futurisme dynamique. Impossible de le suivre tellement il avance, rageur, dans une volonté irréfragable de nous perturber. Découvrant les larges aplats, la couleur pour elle seule, la couleur posée en dialogue avec ses voisines, la couleur dans des étirements en 1953.

 

Tancredi Parmeggiani, (Senza titolo) Soggiorno a Venezia, 1954. Huile, 93 x 128 cm. Fondazione Musei Civici di Venezia, Galleria Internazionale d'Arte Moderna di Ca'Pesaro © photographie Guillaume Kraemer, vue de l'exposition La mia arma contro l'atomica è un filo d'erba. Tancredi. Una retrospettiva. Collezione Peggy Guggenheim, Venise, 19 décembre 2016

Soggiorno a Venezia (1954) au milieu du parcours de l'exposition, avec la force et la puissance dans une douceur de la couleur. S'il ne put présenter cette toile à la XXVII Biennale di Venezia, celle-ci l'ayant refusée, la Galleria d'Arte Moderna di Ca'Pesaro à Venise l'acquit immédiatement. La cité lagunaire vue de haut, une atmosphère hivernale, la neige filtrant la lumière. Comme elle avait acheté Judith II (Salomé) de Klimt, à la IX Biennale, en 1910. Toile inaliénable que Luigi Brugnaro, le maire de la Sérénissime, avait émis le souhait de vendre en octobre 2015 ! Devenue, par un changement radical du même élu politique, la star incontestée et incontournable de l'exposition Attorno a Klimt. Giudetta, eroismo e seduzione au Centre culturel Candiani de Mestre (14 décembre 2016 - 5 mars 2017). Mais, il est vrai que ce centre culturel est à Mestre, sur la terre ferme ! (3).

Tancredi Parmeggiani, (Senza titolo) Città, 1954. Technique mixte sur toile, 178 x 195, 5cm.. Mart, Museo arte moderna e contemporanea di Trento e Rovereto. Collezione Domenico Talamoni © photographie Guillaume Kraemer, vue de l'exposition La mia arma contro l'atomica è un filo d'erba. Tancredi. Una retrospettiva. Collezione Peggy Guggenheim -Venezia, 19 décembre 2016

À gauche Tancredi Parmeggiani, Senza titolo (Luci di Venezia), 1958. Technique mixte sur carton appliqué sur toile, 148 x 203 cm. Collection privée // À droite, au premier plan Tancredi Parmeggiani, A proposito dell'atmosfera norvegese 1, 1959. Techique mixte, 89 x 116 cm. Collection privée // Tout au fond, Tancredi Parmeggiani, Senza titolo (Fiori dipinti da me e da altri al 101% n.5), 1962. Technique mixte et collage sur toile, 81 x 65 cm. Matteo Lampertico, Milan © photographie Guillaume Kraemer, vue de l'exposition La mia arma contro l'atomica è un filo d'erba. Tancredi. Una retrospettiva. Collezione Peggy Guggenheim, Venise, 19 décembre 2016

 Retour vers la couleur, les couleurs dans des assemblages de carrés bleutés, rouges en 1955. Impossible de le suivre, il avance trop vite, comme une volonté de tout dire, très rapidement, comme s'il percevait ce qui l'attendait. Les deux toile du Brooklyn Museum (1958) et du Wadsworth Atheneum Museum of Art de Hartford (vers 1957) déjà évoquées et Draybreack in Venice (1957) venue du musée de Kansas City, encore une toile offerte fort judicieusement par Peggy. L'espace se dilue, comme un dernier regard sur Venise avec la blancheur de Luci di Venezia (1958) et les rouges d'A proposito di Venezia (1958) avant la découverte de la Norvège - son épouse était la peintre norvégienne Tove Dietrichson -, de son atmosphère A proposito dell'atmosfera norvegese I, de sa lumière A proposito della luce norvegese, dans un unité de couleurs. Couleurs qu'il poussera à l'extrême, dans ces dernières toiles, celles du cycle des Diari paesani, dans des collages sur la toile. XXXII Biennale di Venezia en 1964 avec trois tableaux Omaggio a Gauguin, Giornali senza parole et Dalle origini al carnevale, l'année où Rauschenberg reçut le grand prix de la Biennale, à 39 ans. Un dernier regard avant sa pirouette mortelle, son suicide. "La vita è ancora tutta da scoprire". Il avait 37 ans.

Une exposition à ne pas manquer absolument, incontournable. Un rêve mais, il faut toujours rêver. À quand une exposition de cet artiste en France ? Dans une institution muséale ?  Chez Tornabuoni Art, ceci irait de fait pour cette galerie, défendant les artistes italiens à Florence, Milan, Forte dei Marmi et Crans Montana, Milan et Londres ? L'on connaît Boetti Alighiero, Giuseppe Capogrossi (4), Enzo Cucchi, Fontana, Domenico Gnolli, Mimmo Paladino, Emilio Vedova. Mais connaît-on Tancredi ? Est-il suffisamment exposé ? Una mostra meravigliosa e affascinante a vedere e rivedere. 

Gilles Kraemer (déplacement et séjour à titre personnel)

Remerciements à Guillaume Kraemer pour son œil photographique 

(1) Étude dans le catalogue sur les 17 toiles offertes par Peggy Guggenheim à des institutions, entre 1952 et 1964. Aujourd'hui, le North Carolina Museum of Art, Raleigh a vendu ses 4 toiles et le San Diego Museum of Art la sienne.

(2) Sur le site Internet du Centre Georges Pompidou, la recherche Trancredi aboutit à Luciano Berio Claudio Monteverdi, Il Combattimento di Tancredi e Clorinda - arrangement pour soprano, ténor, baryton et ensemble... .

(3) Presentazione di Luigi Brugnaro Sindaco di Venezia dal catalogo della mostra Attorno a Klimt. Giuditta, eroismo e seduzione Edizioni Linea d’Acqua (Venezia, 2016) : "Grazie alle ricche collezioni dei Musei Civici possiamo oggi vedere il capolavoro dell’artista viennese Gustav Klimt Giuditta II unitamente a una numerosa serie di affascinanti suggestioni legate alla nostra storia e alla nostra cultura. L’esposizione presenta diversi livelli di lettura, tra antico e moderno, e differenti linguaggi artistici tra pittura, incisione, fotografia, scultura, permettendo al pubblico di seguire il percorso dell’eroina biblica dalle preziose edizioni dell’Antico Testamento fino ai film del primo Novecento. E' con soddisfazione che presento, nel primo appuntamento espositivo, proprio l’opera di Klimt, oggi celebrata da tutto il mondo e acquisita dal Municipio di Venezia oltre un secolo fa, con un'intuizione precorritrice dei tempi e all'avanguardia."

(4) Capogrossi. Collezione Peggy Guggenheim. 29 septembre 2012-10 février 2013. Commissariat de Luca Massimo Barbaro. Ici aussi, catalogue indispensable.

La mia arma contro l'atomica è un filo d'erba. Tancredi. Una retrospettiva. Mon arme contre la bombe atomique est un fil d'herbe. Tancredi. Une rétrospective

12 novembre 2016 -13 mars 2017

Collezione Peggy Guggenheim,Venezia

vaporetto Accademia ou Salute. à dix minutes de ces deux arrêts.

Commissariat de Luca Massimo Barbaro assisté de Laura Corazzol

Catalogue indispensable et magnifiquement mis en page. Luca Massimo Barbaro Mi interessa fare dell'arte facendo della pittura. Storia pittorica di Trancredi. Luca Pietro Nicoletti La pittura di Tancredi nel contesto. Fortuna e letture. Grażina Subelyté Opere donate da Peggy Guggenheim. Elena Forin Biografia. 248 pages. Marsilio éditeurs. 35 €. 30 € à l'exposition.

Ringraziamenti a M R C, del servizio di stampa, per la sua accoglienza.

Internet guggenheim-venice.it/

 

Tancredi [Parmeggiani], le météorite de la peinture. Tancredi, il meteorite della pittura. Collezione Peggy Guggenheim
Tancredi [Parmeggiani], le météorite de la peinture. Tancredi, il meteorite della pittura. Collezione Peggy Guggenheim
Tancredi [Parmeggiani], le météorite de la peinture. Tancredi, il meteorite della pittura. Collezione Peggy Guggenheim
Tancredi [Parmeggiani], le météorite de la peinture. Tancredi, il meteorite della pittura. Collezione Peggy Guggenheim
Tancredi [Parmeggiani], le météorite de la peinture. Tancredi, il meteorite della pittura. Collezione Peggy Guggenheim
Tancredi [Parmeggiani], le météorite de la peinture. Tancredi, il meteorite della pittura. Collezione Peggy Guggenheim
Tancredi [Parmeggiani], le météorite de la peinture. Tancredi, il meteorite della pittura. Collezione Peggy Guggenheim
Tancredi [Parmeggiani], le météorite de la peinture. Tancredi, il meteorite della pittura. Collezione Peggy Guggenheim
Tancredi [Parmeggiani], le météorite de la peinture. Tancredi, il meteorite della pittura. Collezione Peggy Guggenheim
Tancredi [Parmeggiani], le météorite de la peinture. Tancredi, il meteorite della pittura. Collezione Peggy Guggenheim

Dix vues défilantes de l'exposition © photographies Guillaume Kraemer, exposition La mia arma contro l'atomica è un filo d'erba. Tancredi. Una retrospettiva. Collezione Peggy Guggenheim -Venezia, 19 décembre 2016. 

Tag(s) : #Venise, #Italie, #Expositions à l'étranger
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