Picasso et ses baigneuses à Venise ! Picasso sulla spiaggia a Venezia ! Peggy Guggenheim Collection
Pablo Picasso, La Baignade, 12 février 1937. Huile, crayon conté et craie sur toile. 129,1 x 194 cm.. Peggy Guggenheim Collection, Venezia © Succession Picasso, by SIAE 2017.
Gilles Kraemer
déplacement et séjour à titre strictement personnel à Venise.
"Nel 1937 cominciò dunque a essere di nuovo se stesso" écrit Gertrude Stein, dans Picasso, ouvrage publié à Londres en 1938. Pablo Picasso (1881-1973) redevient lui-même. Dans son texte accompagnant le catalogue de l'exposition à la Fondation vénitienne Peggy Guggenheim, le commissaire Luca Massimo Barbero, directeur de l'Institut de l'histoire de l'art de la Fondazione Giorgio Cini insiste sur ce tournant de l'année 1937, importante pour l'histoire politique de l'Europe, importante pour le peintre "Pochi anni sono così significativi per l’opera di Pablo Picasso e per la storia europea come il 1937. Nel percorso creativo del grande artista gli anni trenta si aprono con una nuova modalità di ricerca protesa al definire insolite, possibili anatomie, sintesi organiche e accenti originali che la critica assocerà a un nuovo “sentire” surreale".
La fondation vénitienne Peggy Guggenheim s'est arrêtée à l'année 1937 dans l'œuvre du "minotaure", année de l'iconique Guernica - future exposition au musée Picasso à Paris, mars-juillet 2018 - année des baigneuses aussi.
Comment ne pas songer à Picasso 1932 décrétée année érotique par le musée Picasso-Paris en 2017, suivant le natif de Málaga dans son processus créatif et sa vie quotidienne, entre sa famille et sa jeune maîtresse Marie-Thérèse Walter rencontrée en 1927.
Comment ne pas évoquer Baigneuses au ballon peint à Dinard (31 août et 1er septembre 1929) alors que Marie-Thérèse, en vacance dans cette ville où la famille Picasso était en villégiature, retrouvait son amant sur la plage. Ou Baigneuse ouvrant une cabine (9 août 1928), cette cabine, lieu pour se changer mais aussi abri d'amours coupables. La baigneuse qui y pénètre n'en possède-t-elle pas une clef pour s'y enfermer avec son amant ?
La baignade (12 février 1937), une des œuvres incontournables de la collection Peggy Gugenheim au palazzo Palazzo Venier dei Leoni, grand tableau en gris et en bleu avec deux femmes et l'étrange tête d'homme les regardant, est le départ de la remarquable exposition-dossier que la fondation vénitienne consacre, en deux salles, à la série picassienne des baigneuses. S'y ajoute Femme assise sur la plage (10 février 1937), grand tableau tout de gris et de bleu lui aussi, des collections Jean Cassou puis Jacqueline Delubac, venu du musée des Beaux-Arts de Lyon. Et Grande baigneuse au livre (18 février 1937), tout en hauteur, prêt du musée Picasso de Paris. En trois toiles et 14 numéros, dont les deux aquatintes du Songe de Franco (janvier 1937) et le bronze de La baigneuse (printemps 1931), tout est dit.
1937 année cruciale pour Picasso adhérant aux idéaux des républicains espagnols dans cette guerre civile espagnole (1936-1939), celle du bombardement de la ville basque de Guernika le 26 avril 1937 qui lui inspira immédiatement la réaction picturale de l'emblématique Guernica, toile terminée en juin et exposée la même année au Pavillon espagnol de l'Exposition universelle de Paris. Cette position marquée de la liberté, il l'avait initiée dans l'aquatinte en deux feuillets du Songe et mensonge de Franco dans laquelle apparaissent la femme tenant l'enfant, le village en feu, le cheval, la femme criant. Cri comme celui de la mère du Massacre des innocents de Poussin considéré picturalement comme le cri le plus insoutenable dans l'histoire de la peinture.
1937 année éprouvante en événements politiques touchant directement l'Espagnol, année aussi des Baigneuses.
Pablo Picasso, Femme assise sur la plage, 10 février 19370 Huile, fusain et pastel sur toile. 130,5 x 162, 5 cm.. Musée de Beaux-Arts de Lyon. Donation Jacqueline Delubac, 1997 © Succession Picasso, by SIAE 2017.
Les baigneuses sont un thème éternel des maîtres inspirant en permanence Picasso, lequel y capture ses inspirations. Tiziano et Giorgione, les vénitiens. Dominique Ingres dans l'orientalisme, la Sublime porte, les femmes au bain. Puvis de Chavannes. Paul Cézanne et Renoir.
La peinture Sur la plage (12 février 1937) initie le parcours. Peinte à Le Tremblay-sur-Mauldre, ville à l'ouest de Paris, elle représente des figures anthropomorphes, très proches de la sculpture. Deux femmes jouant avec un petit bateau, le calme alors qu'apparaît à l'horizon une tête menaçante, comme le renvoi à Suzanne au bain, observée malicieusement par des vieux pervers qui l'accuseront ensuite, thème très présent dans les miniatures des Livres d'heures. A côté, le dessin préparatoire du musée Picasso et un autre dessin - totalement inédit - d'une collection privée. Femme assise sur la plage, autre chef-d'œuvre, peint deux jours plus tôt, peut être considéré comme l'aboutissement de toutes les recherches autour de la courbe du corps et de son positionnement dans l'espace.
Dernière grande toile dans la conclusion du parcours, Grande baigneuse au livre, peinte le 18 février, encore plus sculpturale que les deux autres toiles, dans le hiératisme de la représentation de la femme qui occupe presque tout l'espace, dans un dialogue de courbes et de tubes, comme une réminiscence du cubisme.
Dernier regard sur un dessin des baigneuses, bien loin des toiles de février, celui de Deux femmes nues sur la plage, du 1er mai.
Exit la quiétude, avec ces deux femmes, comme sous le choc de Guernica, la bouche grande ouverte, criant de désarroi.
Picasso. Sulla spiaggia. Picasso. On the Beach.
26 août 2017 - 7 janvier 2018
Peggy Guggenheim collection - Venezia
Commissariat de Luca Massimo Barbero
Catalogue en italien et en anglais, 66 pages, élégamment présenté sous une couverture toilée. Un seul texte, celui de Luca Massimo Barbero. 14 illustrations.
Cette exposition entre dans le cadre de Picasso-Méditerranée, événement culturel international, se déroulant du printemps 2017 à l'été 2019, à l'initiative du Musée national Picasso - Paris
Vaporetto, linea 1/2, fermata Accademia ou arrêt Santa Maria delle Salute
Et, à 3h 45 de Venise, en train jusqu'à Rome www.trenitalia.com
pour une autre exposition entrant, elle aussi, dans le cadre de Picasso-Méditerranée
Picasso. Tra cubismo e classicismo : 1915-1925
22 septembre 2017 - 21 janvier 2018
Scuderie del Quirinale - Rome
Commissariat d'Olivier Berggruen avec Anunciata von Liechtenstein. Catalogue
Présentation du rideau de scène Parade de Picasso (1917), musique d'Erik Satie, écriture de Jean Cocteau, chorégraphie de Léonide Massine aux Gallerie Nazionali di Arte Antica di Roma - Palazzo Barberini - Rome (10 minutes à pied depuis les Scuderie). Présentation dans le grand salon du palais Barberini, imaginé par Gian Lorenzo Bernini, voûte peinte par Pietro Berrettini da Cortona.
Catalogue. 256 pages, 227 photographies. Éditions Skira / Scuderie del Quirinale /Musée Picasso Paris. Prix 42 euros.
#mostraPicasso www.scuderiequirinale.it
Picasso 1932. Année érotique
Musée national Picasso-Paris
10 octobre 2017 - 11 février 2018
www.museepicassoparis.fr Commissariat de Laurence Madeline et de Virginie Perdrisot.