La 28e Biennale des antiquaires met le turbo (I)
Visuel de la XXVIIIe Biennale des antiquaires
120 antiquaires contre seulement 73 en 2014 et 100 en 2012. Et quatre maisons de haute joaillerie au pied de l'escalier d'honneur - Cindy Chao the art jewel, de Grisogono, Nirav Modi & the Beautiful watch - , elles furent 14 en 2014 et 10 en 2012. La Biennale des antiquaires changeait, le tropisme s'accélérait vers la joaillerie, délaissant les antiquaires et les marchands. Cette année, fini le brillant, les embouteillages de semelles rouges devant les stands de joailliers. Retour aux "fondamentaux" dirait-on au Biaritz Olympique si l'on est un accro du Pays basque. Et, ce n'est pas trop tôt après les sursauts de ce printemps 2016, la non participation des galeries Aaron et Kraemer.
Changement de cap complet, virage à 360 degrés. Dominique Chevalier, président du Syndicat national des antiquaires depuis le 21 octobre 2014, prend les choses en main. La concurrence des foires d'art et d'antiquités existe. Et, c'est bien de s'en rendre enfin compte et de réagir. Masterpiece London est un beau concurrent. Et encore plus la néerlandaise Maastricht et sa Tefaf. D'autant plus que cet automne 2016, le concept Tefaf s'exporte outre-Atlantique avec Tefaf New York Fall ; 93 marchands y sont attendus du 21 au 26 octobre, Park Avenue Armory.
Donner un nouvel élan à cette manifestation, créée en 1956 à ... la porte de Versailles, devenant annuelle à partir de 2017. Reste à trouver un nom pour l'année prochaine. Sélectionner les exposants avec une commission Biennale présidée par Henri Loyrette réunissant cinq membres de droit (ceux du bureau du conseil du SNA : Dominique Chevalier, Bernard Dragesco, François Laffanour, Corinne Kevorkian et Mathias Ary-Jan) et 9 personnalités. Temps plus resserré, 9 jours cette année, 11 jours en 2014 face aux 18 jours de 2000; Maastricht c'est 10 jours. La scénographie n'est plus confiée à un décorateur - rappelez vous le charmant décor de charmilles de 2014 alors que le dossier de presse nous vendait un jardin à la Le Nôtre -, mais à une scénographe, Nathalie Crinière, habituée de la verrière puisqu'elle y mit en scène la présentation de la vente de la Collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé à l'hiver 2009. Réouverture du Salon d'honneur, il ne le fut pas en 2014, accueillant 12 marchands dont le président du SNA. En rejoignant la Biennale des Antiquaires Paris Tableau, créé en 2011 et qui se tenait au palais Brongniart en novembre, renforce le nombre d’exposants en tableaux anciens avec les galeries Canesso, Éric Coatalem, Jean-François Heim, Talabardon & Gautier... .
Pour la première fois, trois expositions se déroulent dans l'enceinte du Grand Palais. Dans le Salon d'honneur, le musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg présente 34 pièces autour d'Un siècle d’élégance française, chefs-d’œuvre du XVIIIe siècle dont une Médaillier, atelier d’André-Charles Boulle, Paris, vers 1723 ; le Mobilier National avec Tradition et audace ! avec des tapisseries de Dewasne, non vues depuis 1992, dialoguant avec des meubles des années 1967 à 1998. La Fondation de la Haute Horlogerie et La conquête du temps prend place sous le grand escalier d'honneur.
La Biennale restant l'événement de la rentrée et si vous ne voulez pas attendre le 10 septembre, pour la première fois une série limitée de 500 entrées au vernissage du 9 septembre est réservée au public. Cinq cents euros pour deux, entrée par l'accès V.I.P. naturellement !
En attendant, voici un premier choix.
Gilles Kraemer & Antoine Prodhomme
Offrandes nocturnes à une ascète. Trois femmes richement vêtues, assises sous un ciel de pleine lune au bord d’un fleuve portent des offrandes à une ascète fumant le hookah sous un arbre, devant sa hutte, accompagnée de deux disciples, tandis qu’un enfant, accroupi face à un chien, attise un feu. Cachet de collection du nawab d’Oudh Asaf ud-Daula (r.1775-1797), daté 1190(1777 ap.J.-C.). Inde moghole, école de Lucknow, 3e quart du XVIIIe siècle. Gouache et or sur papier. 29,7 x 21 cm. Provenance : Ancienne collection Vignier, 1937. Les scènes représentant des femmes nobles visitant l’ermitage de saints soufis ou d’ascètes hindous, hommes ou femmes, devint un sujet en vogue de la peinture moghole du 18e siècle, notamment dans l’école de Lucknow. Cette scène nocturne permet l’utilisation du clair-obscur d’inspiration occidentale, influence apportée à Lucknow par la présence d’une forte communauté européenne. Galerie Kevorkian. Paris. N 28
Carreau de revêtement décoré en lustre métallique cuivré sur glaçure stannifère blanche d'une large inscription coranique bleue en caractères thuluth, se détachant en relief sur un champ tapissé d'oiseaux perchés sur des branchages aux tiges curvilignes. Une frise d'oiseaux en relief, affrontés ou opposés deux à deux sur fond de feuillages, borde la partie supérieure du carreau, tandis qu'une frise plus étroite de lettres coufiques en borde la partie inférieure. Les têtes des oiseaux ont été martelées, comme c'est le cas sur tous les carreaux de ce type. Iran, art il-khanide, début du 14e siècle. 37 x 30 cm. Il subsiste une vingtaine de carreaux de ce type, figurant dans des collections publiques ou privées, provenant du sanctuaire d' Abd al-Samad à Natanz. L'un de ces carreaux, exposé à New York au MET, est daté de 707 de l'Hégire (1307-8 ap.J.-C.). Galerie Kevorkian. Paris. N 28
La part de la bibliophilie est "peau de chagrin". Le temps d'une présence de 6 libraires est bien loin. Seulement 2 en 2014. Un cette année pour défendre Paris comme capitale de la bibliophilie, ce qu'elle est dans les ventes aux enchères. Manifestement, la préférence des libraires se porte actuellement vers la TEFAF Maastricht et sa section Paper initiée en 2006. Miguel de Cervantes, Don Quichotte. En Bruselas, Huberto Antonio, 1616. Rarissime édition collective de Don Quichotte complète des deux parties imprimées en 1607 et 1616. Cet exceptionnel exemplaire du prince de Rubempré, aïeul des princes de Mérode, est conservé dans sa première reliure en vélin souple de l’époque, l'état rêvé et de rêve de tout bibliophile. Librairie Camille Sourget S 34
Joan Blaeu, Atlas Major. Amsterdam, Ioannis Blaeu, 1662. Onze volumes grand in-folio, vélin hollandais d’éditeur à recouvrements, plats ornés d’encadrements dorés et vaste motif central formé de volutes dorées enserrant la sphère, emblème des Blaeu, tranches dorées. En reliure du temps, cet édition originale de l'Atlas Major, est un magnifique exemplaire dont les 593 cartes, ainsi que les titres, ont été coloriés à l’époque, en 1662, avec des rehauts d’or. Librairie Camille Sourget S 34
Tête de Bouddha. Schiste gris. Afghanistan/Pakistan. Art gréco-bouddhique du Gandhara Ier - IIème siècle. Dimensions : 51 x 27 x 28,5 cm.. Provenance: Ancienne collection Eva Schultz à Milan, acquise au début des années 1980. L'accent a été mis sur des œuvres de très Haute Époque allant du II siècle avec la sculpture bouddhique de la région du Gandhara jusqu'au X- XIe siècle pour la dynastie Tang en Chine et la période Heian au Japon. Le stand est dessiné par François-Joseph Graf. Galerie Jacques Barrere, stand D 05. Place de choix, sous la coupole, juste à côté de la galerie Templon
D'après Antonio Rossellino (1428-1479) Vierge et l'Enfant ou Madone aux candélabres. Bas-relief en stuc polychrome et doré, Florence. Fin du XVe siècle. 80 cm x 53 cm. La Vierge, vue en demi-hauteur, tournée vers la droite, est assise sur une chaise, alors que l'Enfant est placé sur un coussin posé sur les genoux de sa mère et tient un oiseau dans ses mains jointes. Dans l'arrière-plan se trouvent deux candélabres et une guirlande. Le bras du siège apparaît dans le coin inférieur gauche. Galerie Sismann MN 03
Retour à la Biennale de Maurizio Canesso, président de Paris Tableau. Francesco Furini (Florence, 1603-1646). Samson et Dalila. Huile sur toile. 111,5 x 140,8 cm.. Présentée à l'exposition Un’altra bellezza. Francesco Furini, Florence, Palazzo Pitti, Museo degli Argenti, 22 décembre 2007 – 27 avril 2008 avec une datation des années 1645. Le sujet fréquemment peint au XVIIe siècle, s’inspire d’une scène de l’Ancien Testament. Dans une technique rapide, vaporeuse et délicate, il privilégie les enchevêtrements élégants des personnages. Le jeu des jambes et des bras insuffle une réelle dynamique à la scène. Les têtes des soldats émergeants derrière la tenture et de la pénombre, le pas élancé du Philistin dont le profil au nez pointu fait écho à celui de Dalila, les ocres plus ou moins jaunes, les blancs, les touches de rouge, les bleus d’intensité différente, concourent au rythme enlevé. Les silhouettes sont comme happées par la nuit, matérialisée par le fond sombre, qui en gomme les contours, faisant jouer en plein la couleur. Galerie Canesso S 15
Ludovico Mazzanti (Roma, 1686 – Orvieto, 1775). Saint Jérôme. Huile sur toile. 136 x 97 cm.. Vers 1745. Provenant d'une collection particulière, cette toile est inédite. Saint Jérôme, un des quatre Docteurs de l’Église latine, agenouillé et en adoration devant le crucifix, a le haut du corps courbé au-dessus d’un autel de pierre. Un parchemin, une plume et un crâne, attribut de la pénitence, recouvrent partiellement cet autel improvisé alors qu’au premier plan les extrémités d’un fouet rappellent que le saint se fustigeait jour et nuit. De la main droite, il se frappe la poitrine d’une pierre, de la gauche il enserre le crucifix, autant de symboles de sa pénitence au désert. Son style est profondément marqué par son séjour à Naples, le goût pour les larges drapés aux plis généreux venant de l’observation du milieu romain. Il y ajoute des caractéristiques stylistiques tactiles qui se traduisent par une belle touche matiériste. La musculature puissante, très dessinée, est projetée vers l’avant, en suivant la diagonale du tissu recouvrant le rocher. Galerie Canesso S 15
Première participation à la Biennale de la galerie Terrades (Gabriel Terrades et Antoine Cahen), exposant habituel à Paris Tableau. Alexandre-Hyacinthe Dunouy (Paris, 1757 – Jouy-en-Josas, 1841). L’Éruption du Vésuve en 1813. Huile sur panneau ; 38,5 × 29,5 cm. Premier séjour de ce peintre formé dans la tradition du paysage historique en Italie de 1786 à 1791. Second à Naples, de 1810 à 1815 où il fut appelé par Joachim Murat. C'est durant ce séjour que le Vésuve se réveilla le 25 décembre 1813; il en fit la représentation dans un grand tableau, exposé au Salon de 1817, aujourd'hui conservé au château de Fontainebleau. Le tableau de la galerie Terrades est la répétition autographe de la partie centrale de cette œuvre. Une autre version existe, passée récemment en vente chez Sotheby's New York, aujourd'hui dans une collection particulière. Le phénomène naturel de cette éruption fut un large sujet d'études, au XVIIIe siècle, notamment par le chevalier Volaire. Galerie Terrades MS 11
Giovanni Boldini (Ferrare, 1842 – Paris, 1931). Jeune fille nue. Vers 1890. Huile sur toile, 60 x 74 cm. Signé en bas à droite Boldini. Exposition Boldini, lo spettacolo della modernità, Forlì, Musée San Domenico, 2015. Trait rapide, ligne sinueuse, tourbillonnante et tonalités contrastées. Ce nu féminin se détache du fond par la force d’expression de la matière picturale distribuée d’un pinceau fluide, nerveux, rapide, parcouru de lumière. Le modèle est étendu dans le désordre d’un lit défait, les cheveux lâchés, les yeux clos. La composition, dans la sensualité érotique de ce corps nu, garde son élégance. Francesca Antonacci Damiano Lapiccirella Fine Art, stand MN 01 La galerie Bottegantica, implantée à Bologne depuis 1986 et à Milan depuis 2010, spécialisée dans la peinture italienne du XIXe siècle et du début du XXe, présente à cette Biennale de nombreux portraits de Giovanni Boldini dont celui de La comtesse de Leusse, née Berthier, 1890 (huile sur toile, 170 x 59 cm), très proche dans sa composition et dans sa technique "en coup de fouet" de la peinture de son ami Paul-César Helleu. Galerie Bottegantica, MN 07
Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) Les Quatre Parties du Monde soutenant la sphère, 1867. Épreuve en terre cuite. Édition Susse, entre 1920 et 1939 signée : JB Carpeaux. H. 55 ; L. 25 ; P.25 cm. Provenance : Galerie Univers du Bronze, Paris puis collection Pierre et Geneviève Hebey, Paris. Ce modèle en terre cuite des Quatre Parties du monde soutenant la sphère est une esquisse pour la structure centrale de la Fontaine de l’Observatoire, placée devant le jardin du Luxembourg, entre le Sénat et l’Observatoire de Paris. Galerie Malaquais, stand N 04
2016. La Galerie Templon célèbre ses 50 ans d'activité. Pour la première fois, elle participe à la Biennale des Antiquaires, avec un clin d'œil à l’année 1966, date à laquelle Daniel Templon, alors âgé de 21 ans, ouvrit sa première galerie à Saint-Germain-des-Prés dans la cave… d'un antiquaire. La galerie a rassemblé des œuvres, exclusivement datées de 1966, de Simon Hantaï, d'Yves Klein, de Georges Mathieu de Jean-Paul Riopelle ou de Victor Vasarely. Victor Vasarely. Alphabet A - B - C. 1966. Acrylique sur toile, 100 x 100 cm. x 3. Courtesy Galerie Daniel Templon, Paris & Brussels. Galerie Templon D 06. Emplacement de choix, juste sous la coupole, entre la galerie Jacques Barrère et les arts d'Asie et la galerie Mermoz et les Arts premiers : Mexique, Amérique, Océanie.
Biennale des antiquaires
samedi 10 - dimanche 18 septembre 2016
Grand Palais – Avenue Winston Chrurchill 75008 Paris
Tous les jours de 11 heures à 20 heures Nocturne jusqu’à 23 heures jeudi 15 septembre
Entrée : 35 €
La Biennale des Antiquaires accueille le colloque organisé par Paris Tableau et dirigé par Christophe Leribault, directeur du Petit Palais. Sur le thème Figures du Dandy, de Van Dyck à Oscar Wilde, il se déroule mardi 13 septembre 2016 dans l’auditorium du Petit Palais. Quelques jours avant l’exposition Oscar Wilde. L'impertinent absolu au Petit Palais - 28 septembre 2016-15 janvier 2016. ̀