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Publié par Gilles Kraemer

 

Gilles Kraemer (déplacement et séjour à titre personnel à Perpignan)

2015. Perpignan. Il y a six ans, une exposition au centre d’art contemporain àcentmètresducentredumonde posait déjà la question de savoir si l’on devait avoir peur de la peinture ? Le peintre Frédéric Léglise (1972) avait réuni autour de lui des artistes osant mettre en pratique la représentation de l'image, cette image largement dépassée dans des écoles des beaux-arts, décriée, sinon honnie, mise au ban, pas enseignée : Le peintre et l’image, une liaison scandaleuse ? Quand à l’histoire de l’art dans ces écoles ? Même pas l’ébauche d’un vernis pour ne pas encombrer les jeunes cervelles. Cela me fait songer au "Henri 4" et à la "patte" du cheval des cartels du musée Carnavalet ouvert en juin 2021! Rétrécissement des connaissances…http://www.lecurieuxdesarts.fr/2015/09/la-peinture-et-la-representation-effraient-t-elles-reponse-a-cent-metres-du-centre-du-monde-a-perpignan.html

Gérard Gasiorowski (1930-1986), On le disait paranoïaque (série Autocritique du bouffon), 1974. 35 x 26cm.. Acrylique sur papier. Collection Stéphane & Sylvie Corréard © àcentmètresducentredumonde, Perpignan, été 2021.

Années "noires" dans les écoles et sur le marché de l’art, de 1990 à 2010, moment étrange pendant lequel l’on considérait que l’enseignement, dans un sens historique, devait être uniquement celui de la vidéo et de la sacro-sainte "installation" devant laquelle tous s’inclinent. Sans installation, point de salut. Se servir d’un marteau et d’un clou, suspendre des rideaux ou imaginer des compositions florales est plus facile que préparer une toile, ouvrir des tubes de peinture et poser un pinceau. Après, il faut trouver un curateur pour mettre tout ceci en musique dans des rémanences de la temporalité obligatoirement en abyme. Salmigondis conseillé.

Mais, des artistes ont tenu malgré tout à défendre le médium de la peinture, LE plaisir de la peinture. C’est ainsi que Frédéric Léglise présenta, à l’été 2015, 21 artistes dont Gilles Balmet et Lania Ziadé, Marc Desgranchamps et Lionel Sabaté, Hervé Ic et Nazanin Pouyandeh, Stéphane Pencréac’h et Erro.

À gauche Gilles Aillaud (1928-2005), Evier, 1976. 100 x 81 cm.. Huile sur toile, collection privée. À droite, Eva Nielsen (1983), Babel. 2011. 200 x 230 cm.. Sérigraphie et huile sur toile, collection Jacques Font © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, àcentmètresducentredumonde, Perpignan, août 2021.

Sur le mur de gauche, Thomas Lévy-Lasne (1980), À Pripiat, 2020. Huile sur toile. 150 x 200 cm., remerciements galerie Les filles du calvaire. À droite Laurent Proux (1980), Interior, Chicago, Southside, 2019. 200 x 180 cm.. Huile sur toile, remerciements galerie Semiose © àcentmètresducentredumonde, Perpignan, été 2021.

Vicent Madramany, l’ami des arts, fondateur de ce centre en 2004 nous a quitté le 29 mars 2018. Son nom est-il parvenu jusqu’à la rue de Valois ? Aujourd’hui Irène Gustavus, continue à défendre ce lieu de la passion. Elle a offert une carte blanche à Thomas Lévy-Lasne (1980) qui, six ans après avoir été l’un des 21, offre un focus à 50 artistes de la scène française, vivants et aussi morts - Gilles Aillaud, Gérard Gasiorowski, Jürg Kreienbühl et Eugène Leroy -. Pour Irène, " Thomas a souhaité montrer la continuité de la peinture à travers plusieurs générations, en allant au-delà des artistes âgés de 35/40 ans. De Laurent Proux sensible et inquiétant à Gaël Davrinche dans le geste et le lâcher prise, d’Éric Corne dans la symbolique à Jürg Kreienbühl peintre du détail fulgurant, de Nathanaëlle Herbelin dans l’inquiétude du vide au classicisme historique de Jean-Baptiste Boyer, de la vivacité de Marion Bataillard à la captation de la vie selon Bilal Hamdad, de l’acceptation du nom figuratif pour Cyrielle Gulacsy et Claire Chesnier au voyeurisme dans les ombres de Katia Bourdarel, de la réalité de Youcef Korichi à la poésie de Romain Bernini ou l’inquiétante nature de Simon Pasieka. ".

L’idée de cette exposition de groupe s’est finalisée, en octobre 2020, lors du second confinement, période difficile pour tous mais créatrice d’œuvres nouvelles de Paul Vergier, Katia Bourdarel, Cyrielle Gulecsky ou Bilal Hamdad… présentées ici. Ces artistes, choisis par Thomas, le furent dans ce rapport qu’ils ont avec l’apparence et dans le questionnement de se demander pourquoi ce besoin de figuration existe. Alors qu’Instagram existe ajoute-t-il. Et que nous sommes submergés d'images sur ce réseau social.

Au milieu, Benjamin Bruneau, Grunge-Boy, 2014. 195 x 139 cm.. Huile et transfert photographique sur toile. Sur le mur de droite, Françoise Petrovitch (1964), Sans titre. 2020. 240 x 160 cm.. Huile sur toile, remerciements galerie Semiose © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, àcentmètresducentredumonde, Perpignan, août 2021.

Jean-Philippe Delhomme (1959), Late afternoon, september, 2017. 153 x 183 cm.. Huile sur toile © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, àcentmètresducentredumonde, Perpignan, août 2021.

Des artistes ont tenu alors que la génération trentenaire actuelle n’a plus le complexe de la peinture que leurs aînés développaient ". Deux exemples ? Françoise Pétrovitch (1964) jusqu’à présent, plus connue comme céramiste, dessinatrice, graveur ou lithographe que peintre et à laquelle le Fonds Leclerc pour la culture consacre cet automne et cet hiver à Landerneau une grande rétrospective. Jean-Philippe Delhomme (1959) plus connu comme illustrateur que comme peintre, exposant aujourd’hui chez Perrotin.

À gauche, Gaël Davrinche (1971), Nocturne 50, 2020 & Nocturne 15, 2018, 250 x 200 cm.. À droite, Romain Bernini (1979), Them, 2021. 250 x 200 cm.. Huile sur toile, remerciements galerie Suzanne Tarasiève © àcentmètresducentredumonde, Perpignan, été 2021.

À gauche, deux toiles de Grégory Derenne (1978), Point de vue jour & Point de vue nuit, 2019. 116 x 81 cm.. Huile sur toile noire, remerciements galerie Bertrand Grimont. À droite, Youcef Korichi (1974), Griffes, 2018. Huile sur toile. 195 x 130 cm. remerciements galerie Suzanne Tarasiève © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, àcentmètresducentredumonde, Perpignan, août 2021.

Et que penser de Gilles Aillaud, Gérard Gasiorowski, Jürg Kreienbühl ou Eugène Leroy qui n’ont pas eu de grandes expositions à Paris ? Dès lors, l’on pourrait se poser la question de savoir comme l’art est montré en France ? ". Et quel art en général si l’on souhaite poursuivre la réflexion de Thomas ? Signe fort cependant avec Art Paris 2021, puisque dans quelques jours – 9 au 12 septembre - Guillaume Piens, son commissaire général, et Hervé Mikaeloff, commissaire invité, signent le "manifeste" d’une peinture figurative "new-look" tel que je définissais cette manifestation dans un de mes précédents articles avec la pratique de 20 artistes choisis de la scène française, face au portrait, à la figuration au sens classique de la figure, à la représentation humaine, au paysage. (1). Dans un panorama éclectique et foisonnant d’artistes. 35 ans séparant le plus jeune des deux plus anciens, dans l’attitude, aujourd’hui décomplexée, par rapport à l’histoire de l’art.

Nombre des artistes choisis par Thomas se retrouvent d’ailleurs dans la sélection d’Hervé dont… Thomas, ancien pensionnaire de la Villa Médicis, prompt à poser la question qui fâche : " pourquoi est-ce un défaut d’être français lorsque l’on est un artiste et pourquoi n’y aurait-il pas une exception française de la peinture alors qu’elle existe au cinéma et en littérature ? ".

Sur le mur de droite, Jean-Baptiste Bernadet (1978), Untitled (Fugue). 2020. Chacune 200 x 180cm.. Huile et cire froide sur toile, remerciements galerie Almine Rech. Sur le mur du fond, Youcef Korichi (1974), Griffes, 2018. Huile sur toile. 195 x 130 cm, remerciements galerie Suzanne Tarasiève. À travers la porte Maude Maris (1980), Communautés, 2020. 180 x 300 cm.. Huile sur toile, collection Saniza Othman & Michael Yong-Haron © àcentmètresducentredumonde, Perpignan, été 2021.

À gauche, François Malingrëy (1989), La moqueuse et les suiveurs, 2018. 200 x 230 cm.. Huile sur toile. À droite Nazanin Pouyandeh (1981), Les pétroleuses, 2018. 185 x 250 cm.. Huile sur toile, remerciements galerie Sator © àcentmètresducentredumonde, Perpignan, été 2021.

Pour " ce besoin immémorial de représenter l’innommable des apparences par la présence d’une peinture ", la réponse ne pouvait être qu’au centre du monde. À quelques mètres de la gare de Perpignan si chère à Salvador.

© àcentmètresducentredumonde, Perpignan, été 2021.

Les apparences. 50 peintres contemporains de la scène française.

20 juin – 12 septembre 2021

àcentmètresducentredumonde / centre d’art contemporain

3, avenue de Grande Bretagne - 66000 Perpignan - 04 68 34 14 35

Sur une proposition de Thomas Lévy-Lasne

Tous mes remerciements à Irène Gustavus, Amparo Sanchez et Thomas Lévy-Lasne.

https://www.acentmetresducentredumonde.com/

 

 

 

 

© Le Curieux des arts Gilles Kraemer, àcentmètresducentredumonde, Perpignan, été 2021.

© Le Curieux des arts Gilles Kraemer, àcentmètresducentredumonde, Perpignan, été 2021.

Gilles Aillaud, Henni Alftan, Marion Bataillard, Julien Beneyton, Jean-Baptiste Bernadet, Romain Bernini, Mireille Blanc, François Boisrond, Katia Bourdarel, Jean-Baptiste Boyer, Guillaume Bresson, Benjamin Bruneau, Damien Cadio, Antoine Carbonne, Mathieu Cherkit, Claire Chesnier, Jean Claracq, Philippe Cognée, Eric Corne, Gaël Davrinche, Jean-Philippe Delhomme, Grégory Derenne, Cyril Duret, Bruno Gadenne, Gérard Gasiorowski, Cécilia Granara, Cyrielle Gulacsy, Bilal Hamdad, Nathanaëlle Herbelin, Youcef Korichi, Jürg Kreienbühl, Iris Legendre, Eugène Leroy, Thomas Lévy-Lasne, Jérémy Liron, François Malingrëy, Maude Maris, Olivier Masmonteil, Audrey Nervi, Eva Nielsen, Simon Pasieka, Françoise Petrovitch, Nazanin Pouyandeh, Laurent Proux, Antoine Roegiers, Lou Ros, Vassilis Salpistis, Paul Vergier, Anthony Verot, Marine Wallon.

(1) http://artais-artcontemporain.org/artais_journal/artais_journal-26_WEB.pdf

Poursuivant l’exposition Les apparences, je renvoie aux entretiens d’une heure, entre les artistes de cette exposition et Thomas, à retrouver sur YouTube.

 

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