Le musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon. Un musée entièrement rénové
Agnolo di Cosimo, detto Il Bronzino (1503-1572 Florence), Déploration sur le Christ mort, 1543-1545 (détail). Huile sur bois. 268,5 x 172 cm.. Commande pour la chapelle privée de la duchesse Éléonore de Tolède, épouse de Cosme 1er de Médicis, offert à Nicolas Perrenot de Granvelle en septembre 1545 © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, novembre 2018, Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie, Besançon.
© photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, novembre 2018, Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie, Besançon. Accrochage "un peu froid" de l'Agnolo di Cosimo detto Il Bronzino
Le musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon se plait à se présenter comme le plus ancien musée de France, la plus ancienne collection ouverte au public puisqu'en 1694 l'abbé Jean-Baptiste Boisot lègue à la ville sa collection de peintures et de sculptures, à condition qu'elle soit montrée. Musée né de donateurs comme le souligne Nicolas Surlapierre, directeur des musées de Besançon, cette institution s'installe dans le bâtiment, où il se trouve toujours, le 30 décembre 1843. Les collections archéologiques y entreront en 1849. Ce bâtiment, à l'origine non conçu comme musée le devient totalement en 1895 avec la disparition du marché, du gymnase, de l'école d'art, du magasin des décors de théâtre et de la salle des fêtes.
Portrait de Pierre Adrien Pâris, 1812, par Joseph François Ducq (1762-1829) © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, novembre 2018, Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie, Besançon.
En 1819 Pierre Adrien Pâris (Besançon 1745-1819), architecte des Menus-Plaisirs de Louis XVI, avait offert un ensemble de 183 dessins d'artistes français de la seconde moitié du XVIIIe siècle, 38 peintures et des objets rapportés de ses séjours italiens. Il fut directeur par intérim de l'Académie de France à Rome de février à octobre 1807 et séjournera dans cette ville jusqu'en avril 1809 puis de 1810 à 1817. Il avait déjà vécu dans cette ville, à l'Académie de France, bien qu'il n'ait jamais remporté le Grand prix du 27 octobre 1771 au 7 octobre 1774 puis en 1783.
En 1840, le général François Xavier Donzelot offrit 16 tableaux principalement de l'école napolitaine dont Les Enfers, 1622, de François de Nomé (Metz vers 1593-vers 1650 Naples).
Entre 1860 et 1894, les donations du peintre Jean Gigoux (Besançon 1806-1894 Paris) permettent un enrichissement de 3 000 dessins - la moitié du Cabinet d'arts graphiques - et 460 tableaux. Jean Louis Eugène Willemot enrichit en 1889 cette institution de 1 000 faïences européennes, asiatiques et turques.
En 1963, Georges et Adèle Besson offrent 112 peintures, 221 dessins et des bronzes. En 2011-2012, Norbert Ducrot-Granderye offre des œuvres de Charles Lapicque (1898-1888).
La donation Besson incite à la restructuration du musée installé dans la Halle aux grains ou Halle Pierre Marnotte (1797-1882) - restaurateur de la Porte Noire bisontine. Commencé en 1835 et terminé par Alphonse Delcacroix, il fut inauguré en 1843.
Visite de chantier © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 14 avril 2018, Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie, Besançon.
Louis Miquel (1913-1987), élève puis collaborateur de Le Corbusier, entre 1967 et 1970, dont il s'agit de la première œuvre dans le domaine de la muséographie est choisi. Son projet s'insère dans l'ancien atrium du bâtiment Marnotte une structure en béton brut de décoffrage, sous la verrière de l'atrium, avec un système autonome de rampes, dans un parcours ascensionnel scandée par des paliers. Il n'entre en relation avec le bâtiment qu'au niveau du 1er étage, dans cette mise en tension de deux architectures contradictoires.
© photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, novembre 2018, Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie, Besançon. Depuis 1970, cette institution n'avait connue aucune rénovation, le parcours devenant peu à peu obsolète, perdant cohérence et lisibilité.
Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie, Besançon. Architectes A. Scaranello © photographie J.C. Sexe / Ville de Besançon.
Le cabinet bisontin Architectures Adelfo Scaranello fut chargé de la restructuration du musée dans une mise en concordance de ces deux architectures dissemblables qu'opposent classicisme et dissymétrie, arcs en plein-cintres et arêtes vives. Dans ce rendu de la lisibilité de ces deux architectures, priorité fut donnée à la transparence, à la ré-instauration de la lumière dans ce cube de béton de Louis Miquel, la présence de grandes baies au niveau de la rue pour une ouverture sur la ville, l'apparition de puits de lumière dans plusieurs salles d'exposition, le changement de la grande verrière devenue totalement opaque; la délocalisation des bureaux. 1 500 m² supplémentaires furent gagnés. Commencé le 15 octobre 2015, le chantier fut achevé le 15 novembre 2018, la ville de Besançon étant le maître d'ouvrage. Le coût de cette restructuration, 11 millions d'€, fut partagé entre la DRAC, la région Bourgogne-France-Comté, le département du Doubs et la ville (pour 43%). Le résultat en est un parcours redevenu fluide pour ce musée qui vient de signer une magnifique révolution. Normal, son adresse n'est-elle pas celle du 1, place de la Révolution !
Au sol Mosaïque de Neptune, 2e siècle. 640 x 1030 cm.. Sur le mur Mosaïque du Triomphe de Neptune, 2e siècle. 330 x 330 cm.. © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, novembre 2018, Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie. Ces deux mosaïques proviennent de la même "domus" de Besançon.
Taureau à trois cornes d'Avrigney, 1er siècle, alliage cuivreux. Hauteur 48 cm.. Découvert à Avrigney, Haute-Saône en 1756 © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, novembre 2018, Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie, Besançon.
Sur le mur, quatre bas-reliefs aux symboles des évangélistes. XIIe siècle. Marbre. À droite Mauro Corda (1960), Le reliquaire, 2004. Bronze, feuille d'or jaune et blanc, seringue. Dans le cadre de l'exposition Et le désert avance, des œuvres contemporaines investissent le musée des Beaux-arts & d'Archéologie de Besançon, issues du FRAC Franche-Comté, de dépôts du CNAP ou de la collection des artistes © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, novembre 2018, Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie, Besançon.
Sur le mur Vincent Barré (1948), Couronne, 2014. Bronze. Au premier plan Hubert Duprat (1957), Cristaux de pyrite, 2007-2008. Assemblage de pierres de pyrite © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie, Besançon.
Paul de Vos (pour le paysage) et Jan Wildens (pour les animaux), Deux phoques sur un rivage, vers 1640-1650. Huile sur toile. Legs Jean Gigoux © photographie Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie, Besançon. memoirevive.besancon.fr
François André Vincent (1746-1816), Portrait de Diane, levrette de Bergeret, 1774. Huile sur toile © photographie Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie, Besançon memoirevive.besancon.fr
François André Vincent (1746-1816), Portrait de Pierre Jacques Onésyme Bergeret de Grancourt (1715-1785), 1774. Huile sur toile © photographie Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie, Besançon
Receveur général des finances de Montauban, Bergeret séjournera à Rome en compagnie de Jean Honoré Fragonard en 1773. C'est au cours de son voyage qu'il rencontrera Pierre Adrien Pâris.
Gustave Courbet (Ornans 1819-1877 La Tour-de-Peilz 1877), L'Hallali du cerf, 1867. Huile sur toile. 355 x 505 cm.. Dépôt du musée d'Orsay, 1882. Au premier plan, Léon Auguste Perrey (Paris, 1840-1900), Jézabel mordue par deux chiens, 1889. Marbre. Dépôt de l'Etat en 1895 © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, novembre 2018, Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie, Besançon.
Gilles Kraemer
envoyé spécial
Musée des beaux-arts & d'archéologie de Besançon
1, place de la Révolution
25 000 Besançon
Guide des collections. Musée des beaux-arts & d'archéologie de Besançon. 2018. 308 pages. Ouvrage indispensable permettant de parcourir les riches collections de cette institution. Que dire de sa lecture souffrant terriblement du minuscule du corps de caractère, de l'impression en gris-noir et des nota bene obligeant à l'usage d'une loupe. Éditions SilvanaEditoriale. 2018. Prix 15 €.
Jacopo di Antonio Negretti detto Palma il Giovane (Venise, vers 1548-1628), Descente du Christ aux Limbes, vers 1595-1600. Plume, encre brune, lavis brun, lavis gris bleuté, rehauts de blanc sur papier préparé ocre. 38,9 x 21,5cm.. Acquis avec l'aide de l'association des amis des musées et des bibliothèques de Besançon et du FRAM © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, novembre 2018, Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie, Besançon.
Du 16 novembre 2018 au 18 février 2018, exposition Dessiner une Renaissance. Dessins italiens du Musée. XVe & XVIe siècles. Catalogue. 264 pages. Étude de 82 dessins, d'une pierre noire et estompe Portrait d'homme au manteau de fourrure, vers 1470-1480 attribué à Andrea Mantegna à deux pierre noire et rehauts de craie blanche d'Annibale Carracci, entre 1597 et 1601 en passant par Étude d'arbre de Domenico Campagnola, vers 1518. Ceci permet d'exposer une récente acquisition Descente du Christ aux Limbes de Palma il Giovane, acquise à Drouot le 21 mars 2018, ancienne collection Mathias Polakovits (10 800 € au marteau), présentée lors de la vente comme une Résurrection. Éditions SilvanaEditoriale. 2018. Prix 30 €. Le Cabinet d'arts graphiques a été aménagé dans un style néo-classique par Serge Royaux à la fin des années 1950. Il conserve 700 feuilles italiennes du XVe au XVIIIe siècle dont 100 dessins de Fragonard, provenant en quasi-totalité des dons et legs de Jean Gigoux.
Futures expositions consacrées au dessin. Dessins flamands et hollandais des XVIe et XVIIe siècles. Rubens, Van Dyck et Rembrandt en 2020. Un siècle de dessins français. De Vouet à Watteau en 2021, Carracci, Annibal, Agostino & Ludovico au palazzo Farnese en 2022.
Bernard Van Orley (vers 1488-1541/1542) et son atelier, Triptyque de Notre-Dame des Sept-Douleurs, vers 1550. Huile sur bois. 222 x 315 cm. Cadre du XVIe siècle © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, novembre 2018, Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie, Besançon.
Bernard Van Orley. Le triptyque de Notre-Dame des Sept-Douleurs. Catalogue relatif à cette huile sur bois, vers 1530, par Bernard Van Orley (vers 1488-1541/1542) et son atelier, figurant la Vierge et les prophètes Jérémie et Siméon, provenant de la collection Granvelle. Études de sa restauration, historique, iconographique, technique et stylistique. Corps de caractère vraiment minuscule. 220 pages. Collection Trimesis - Revue des musées du Centre / Besançon n°1. 2018. Éditions SilvanaEditoriale. Prix 21 €.
Du 16 novembre 2018 au 14 avril 2019, exposition Maîtres² (ou Maîtres carrés). Une histoire architecturale du musée des Beaux-arts et d'Archéologie de Besançon. Au sujet de M1 Pierre Marnotte et M2 Louis Miquel. Catalogue. 200 pages. Éditions SilvanaEditoriale. 2018. Prix 23 €.
En mémoire exposition à Besançon. 18 novembre 2017-18 mars 2018. Antoine de Granvelle. L'éminence pourpre. Images d'un homme de pouvoir de la Renaissance. Catalogue SilvanaEditoriale. 2017. Prix 25 €. La Déploration sur le Christ mort de Bronzino étant présentée au palazzo Strozzi à l'époque, ceci permit d'exposer sa copie par Pierre d'Argent, vers 1572, provenant de l'église de Saint-Laurent à Ornans. www.lecurieuxdesarts.fr/2018/02/la-famille-perrenot-de-granvelle-et-la-deploration-sur-le-christ-mort-de-bronzino-entre-florence-et-En mémoire, exposition au Palazzo Strozzi, Florence. 21 septembre 2017-21 janvier 2018. Il Cinquecento a Firenze. "Maniera moderna" e Controriforma. Le XVIe siècle à Florence. "Maniérisme" et Contre-Réforme. Catalogue Mandragora. 368 pages. www.lecurieuxdesarts.fr/2018/01/florence-manierisme-et-contre-reforme-entre-michel-ange-pontormo-et-giambologna-
Giovanni Battista Beinaschi (Fossano, circa 1634-1688 Naples), Saint Paul. Huile sur toile. 125 x 100 cm. © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, novembre 2018, Musée des Beaux-Arts & d'Archéologie, Besançon.
Poursuivant sa politique d'enrichissement, le musée vient d'acquérir auprès de la galerie parisienne Maurizio Canesso - avec l'aide du FRAM et de l'association des amis des musées et des bibliothèques de Besançon - une peinture de Giovanni Battista Beinaschi Saint Paul. Francesco Petrucci le date des années 1660. Formé à Turin puis à Rome, Beinaschi s'établit à Naples en 1664. Retour sur ses terres puisque cette peinture aurait été donnée par le pape Clément XIII à l'archevêque de Besançon Antoine Clerandins de Choiseul Beaupré qui l'aurait léguée à l'abbaye Saint Paul de Besançon.