Il cinquecento a Firenze maniera moderna e controriforma. Tra Michelangelo, Pontormo e Giambologna - Le 16e siècle à Florence maniérisme et contre-réforme. Entre Michel-Ange, Pontormo et Jean de Bologne - The Cinquecento in Florence. From Michelangelo and Pontormo to Giambologna
De gauche à droite : Rosso Fiorentino (Giovan Battista di Jacopo; Florence 1494 - 1540 Fontainebleau), Déposition de la croix, 1521. Huile sur bois. 343 x 201 cm.. Volterra, Pinacoteca e Museo Civico /// Pontormo (Jacopo Carucci; Pontorme, Empoli 1494 - 1557 Florence), Déposition, 1525-1528, tempera sur bois. 313 x 192 cm.. Florence, Chiesa di Santa Felicita, chapelle Capponi /// Bronzino (Agnolo di Cosimo; Florence 1503 - 1572), Déposition du Christ, 1543-1545 circa. Huile sur toile. 268 x 173 cm.. Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie. Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
Parcours de l'exposition en compagnie du Professore Carlo Falciani, un des deux commissaires de cette exposition, en un entretien exclusif.
Tel un beau et un long voyage, d'un siècle, à Florence, au cœur de la cité médicéenne, au palazzo Strozzi. Pour l'ultime acte d'une trilogie commencée avec Bronzino. Pittore e poeta alla corte dei Medici à l'automne 2010, poursuivie par Pontormo e Rosso Fiorentino. Divergenti vie della "maniera" au printemps 2014, terminée cet automne 2017 avec Il Cinquecento a Firenze "maniera moderna" e controriforma. Tra Michelangelo, Pontormo e Giambologna. Ces trois extraordinaires voyages - comme les Italiens savent le faire, par le propos, la réunion de chefs-d'œuvre, la présentation - nous les devons aux mêmes commissaires Carlo Falciani et Antonio Natali.
Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
Cette exposition est focalisée sur le XVIe siècle, uniquement florentin. Si la première - non vue - fut monographique, la seconde un dialogue entre deux peintres, la troisième réunit 41 artistes - Giambologna étant présent sept fois - autour de 75 œuvres. Dans un temps de grande splendeur, de magnificence et aussi dans moments de bouleversements.
Comme le souligne Carlo Falciani, "en mettant l'accent sur la peinture et la sculpture nous avons voulu développer l'idée d'une grande diversité. En huit salles et sept sections, le parcours se conçoit autour d'un argument de contenu ou d'engagement, des Maîtres à l'Aube du Seicento", la plus importante section Les styles du Studiolo, réunissant 23 œuvres dont sept sculptures.
Andrea del Sarto (Andrea d'Agnolo; 1486 - Florence - 1530), Complainte sur le Christ mort (Pietà di Luco), 1523-1525. Huile sur bois. 238,5 x 198,5 cm.. Florence, Gallerie degli Uffizi, Galleria Palatina // Michelangelo Buonarotti (Caprese o Chiusi della Verna 1475 - 1564 Rome), Dieu fluvial, vers 1526-1527). Modèle en argile, terre, sable, fibres végétales et animales, caséine, sur une structure en fil de fer. 65 x 140 x 70 cm.. Florence, Accademia delli Arti del Disegno, en dépôt au Museo di Casa Buonarroti. Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
Le choc de la première salle I maestri avec seulement deux artistes dans la confrontation magistrale et percutante de Buonarotti et del Sarto. Comme le prélude et l'annonce du second choc dans la salle suivante. Pour Giorgio Vasari dans Le Vite de' piu eccelenti architetti, pittori et scultori italiani..., Michelangelo est l'artiste le plus important. Alors qu'Andrea fut celui le plus copié de son temps, plus que Raphaël, un artiste modèle pour toute une génération de peintres. C'est une peintre avec "una simplicita" dans la démonstration de représenter la foi, devenant un modèle pour la contre-réforme. Dans son tableau d'autel Complainte sur le Christ mort ou Pietà di Luco (1523-1524) - le Christ dans une position presque identique à celle du Perugino (1495) - qu'y voit-on ? Le Sauveur offert à l'adoration de ses fidèles mais aussi le mystère de l'Incarnation eucharistique avec un calice, la patène et bien visible l’hostie consacrée.
Andrea del Sarto, Complainte sur le Christ mort (Pietà di Luco), 1523-1525. Huile sur bois. 238,5 x 198,5 cm.. Florence, Gallerie degli Uffizi, Galleria Palatina // Michelangelo Buonarotti, vers 1526-1527). Modèle en argile, terre, sable, fibres végétales et animales, caséine, sur une structure en fil de fer. 65 x 140 x 70 cm.. Florence, Accademia delli Arti del Disegno, en dépôt au Museo di Casa Buonarroti. Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
Dans cette salle résonne le dialogue entre ces corps peints et sculpté. Dans une courbure inversée des deux corps nus, celui divin et celui païen du Dieu fluvial (1526-1527). S'agit-il de la représentation d'un des quatre fleuves du Paradis, du royaume des morts ou d'Italie ? Toutes les possibilités sont évoquées pour ce projet de Michel-Ange pour le monument funéraire de Lorenzo duc d'Urbino dans la Sagrestia Nuova des chapelles médicéennes.
Rosso Fiorentino (Giovan Battista di Jacopo; Florence 1494 - 1540 Fontainebleau), détail de Déposition de la croix, 1521. Huile sur bois. 343 x 201 cm.. Volterra, Pinacoteca e Museo Civico. Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
La confrontation des maîtres dépasse le sublime, ne peut que nous engloutir dans le syndrome stendhalien, face à une juxtaposition rêvée de tous "connoisseurs" et qui ne se reproduira sans doute jamais. C'est la première fois, dans l'histoire de l'art, que les Dépositions de Rosso Fiorentino (1521), de Pontormo (1525-1528) et de Bronzino se trouvent réunies.
Pontormo (Jacopo Carucci; Pontorme, Empoli 1494 - 1557 Florence), détail de Déposition, 1525-1528, tempera sur bois. 313 x 192 cm.. Florence, Chiesa di Santa Felicita, chapelle Capponi. Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
LE triptyque idéal dans son absolue pureté de trois chefs d'œuvre de l'art occidental. Si les deux premiers tableaux d'autel viennent de Voltera et de Florence, celui de Bronzino (1543-1545), aujourd'hui conservé à Besançon, retourne à Florence pour la première fois. Il avait très vite quitté la chapelle du Palazzo Vecchio pour être offert, en 1545, par le duc Cosimo de' Medici à Nicolas Perrenot de Granvelle, originaire de cette ville du Doubs, secrétaire particulier de l'empereur Charles Quint.
Bronzino (Agnolo di Cosimo; Florence 1503 - 1572), détail de Déposition du Christ, 1543-1545 circa. Huile sur toile. 268 x 173 cm.. Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie. Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
Il est de de retour face au Rosso d'une époustouflante modernité, comme une fontaine de compositions où se ressourceraient les cubistes, Derain, Balthus. Face à Pontormo où se retrouve une filiation du Christ du tableau de Sarto, avec ses personnages comme des danseurs, vêtus de rose et de bleu.
Section Tableaux d'autel de la Contre-Réforme. De gauche à droite Alessandro Allori, (Firenze 1535-1607), Christ et la femme adultère,1577. Huile sur toile. 380 x 263,5 cm.. Firenze, Basilica di Santo Spirito /// Giovanni Stradano (Jan van der Straet; Bruges 1523 - 1605 Florence), Crucifixion, 1569. Huile sur toile. 467 x 293 cm.. Florence, Basilica della Santissima Annunziata // Santi di Tito (Firenze1563-1603), Résurrection, 1574 circa. Technique mixte sur bois. 456 x 292 cm.. Firenze, Basilica di Santa Croce // Giambologna (Douai 1529 circa - 1608 Firenze), Crucifixion, 1598. Bronze. 171,5 x 169 x 55 cm.. Firenze, Basilica della Santissima Annunziata. Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
Voici les temps de la Contre-Réforme (Concile de Trente 1545-1563) "qu'il ne faut pas voir comme un moment de brouillard, d'obscurantisme, de seule religion. Florence mélange la religion et le paganisme".
Pietro Candido (Pieter de Witte; Bruges 1548 circa - 1628 Munich), détail de Complainte sur le Christ mort, circa 1586. Huile sur bois. 298,5 x 183 cm.. Volterra, Pinacoteca e Museo Civico. Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
Dans ces cinq tableaux d'autel entourant Christ en croix de Giambologna, presque grandeur nature, deux courants s'opposent. Une Crucifixion de Vasari et une Immaculée Conception de Bronzino et de son atelier (faut-il le préciser), très sévères. Face à ce respect et cette idéalisation poussés de la rigueur de la religion, le mouvement avec un chef d'œuvre de Santi di Tito Résurrection, la grâce et la douceur du Christ et de la femme adultère d'Alessandro Allori, l'influence si perceptible de Sarto dans la Déploration sur le Christ mort de Pietro Candido (vers 1586).
Section Portraits. Poppi (Francesco Morandini; Poppi 1544 circa - 1597 Firenze), Ritratto di Antonio de’ Ricci, 1587-1590 circa. Huile sur toile. 201,2 x 116cm.. Firenze, Museo di Casa Martelli // Maso da San Friano (Tommaso Manzuoli; 1531 - Florence -1571), Portrait de Sinibaldo Gaddi (né en 1563 et décédé le 31 mars 1564) post 1564. Huile sur toile. 116 x 92 cm.. Collection privée // Mirabello Cavalori (1530/1535 - Florence - vers 1572), Portrait d'un jeune homme avec l'allégorie de l'Amitié, post 1565. Huile sur toile. 182 x 105 cm.. Collection privée // Valerio Cioli (Settignano 1529 - 1599 Florence), Portrait du nain Barbino, 1564-1566. Marbre. 93x 43 x 39 cm.. Florence, Gallerie degli Uffizi, Museo del Giardino di Boboli. Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
Santi di Tito (1536 - Florence - 1603), détail de Portrait de Guido Guardi et de ses fils, 1564/1568 - 1570/1580. Huile sur bois. 98,4 x 75 cm.. Collection privée. Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
L'exposition quitte la grandiloquence pour aborder l'intimité et "les tendances du portrait florentin", le passage d'une ville bourgeoise et républicaine à la cité grand-ducale et aristocratique. Le portrait d'État et d'affirmation du pouvoir avec François I de Médicis, l'allégorie avec L'Amitié selon Mirabello Cavalori, la vertu filiale des fils à l'égard de leur père, la femme, le naturalisme extrême de la statue du Nain Barbino par Valerio Cioli.
Section Styles du Studiolo. Et autres. Au milieu, Giambologna (Douai 1529 circa - 1608 Firenze), Rapt de la Sabine, 1579 circa. Bronze. 109 x 45 x 40 cm.. Napoli, Museo di Capodimonte. Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
Comme une continuation du Studiolo au Palazzo Vecchio, souhaité par François de Médicis, une salle propose toutes la variété des styles, du Mercure de Giambologna venu du Kunsthitorisches Museum viennois à Hercule portant le globe terrestre, bronze dorée de Vincenzo de' Rossi, d'une Flagellation d'Alessandro Allori à une Déploration de Vasari (1548) issue d'une collection privée.
Section Allégories et mythes. Vincenzo de' Rossi (Fiesole 1525 - 1587 Florence), Adonis mourant, 1565-1570. Marbre. 68 x 168,5 x 65 cm.. Florence, Museo Nazionale del Bargello // Jacopo Zucchi (Firenze 1541 circa - 1596 Roma), Amore e Psiche, 1589. Huile sur toile, 173 x 130 cm.. Roma, Galleria Borghese // Bartolomeo Ammannati (Settignano 1511 - 1592 Florence), Hercule et Antée, 1559-1560. Bronze. 200 x 112 x 65 cm.. Firenze, Villa medicea di Castello. Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
Poursuite avec les Allégories et les mythes; le marbre de Fata Morgana de Giambologna (1572). "Le profane, la beauté. Car Florence est comme une médaille à deux faces, elle est entre vie terrestre et vie céleste. Avec Vénus et Amour d'Alessandro Allori (1575-1580), un des sommets de la peinture profane de la seconde moitié du Cinquecento".
Jacopo Zucchi (Firenze 1541 circa - 1596 Roma), détail d'Amore e Psiche, 1589 (détail). Huile sur toile, 173 x 130 cm.. Roma, Galleria Borghese. Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
Comme l'est, Amour et Psyché de Jacopo Zucchi, de la Galleria Borghese, dans lequel se retrouve toute l'érudition de ce peintre de cour au service de Ferdinando de' Medici présentant, dans une élégante composition teintée d'une dimension sensuelle et d'érotisme, l'instant fatidique où elle découvre l'identité véritable de son amant.
Section Vers le Seicento. Andrea Boscoli (1564? - Florence - 1607), Annonciation, 1600. Huile sur toile. 206 x 135 cm.. Fabriano, Chiesa del monastero di San Luca. De part et d'autre, Giovan Battista Caccini, Santa Lucia et Sant'Agnese, 1607-1609. Marbre. 146 x 44,5 x 40. Florence, Chiesa di Santa Trinita. Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
Giovan Battista Paggi (1554 - Gênes - 1627), détail de Transfiguration, 1596 (détail). Huile sur toile. 380 x 260 cm.. Florence, Chiesa di San Maroc. Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
La dernière section, en deux salles, est celle du "changement avec l'arrivée du naturalisme, l'annonce du baroque, l'ouverture sur le nouveau siècle", se clôturant avec une Annonciation de Jacopo da Empoli (1609).
Ringraziamenti al Professore Carlo Falciani. © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017. Les phrases entre guillemets sont extraites d'un entretien avec lui.
Gilles Kraemer
déplacement et séjour à titre strictement personnel à Florence
Exposition Il Cinquecento a Firenze, Palazzo Strozzi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2017.
Il Cinquecento a Firenze "maniera moderna" e controriforma. Tra Michelangelo, Pontormo e Giambologna // Le 16e siècle à Florence "maniérisme" et contre-réforme. Entre Michel-Ange, Pontormo et Jean de Bologne
21 septembre 2017 - 21 janvier 2018
Palazzo Strozzi - Florence - Firenze (à 10 mn à pied de la gare Santa Maria Novella)
Mostra curata / Commissariat Carlo Falciani et Antonio Natali
www.palazzostrozzi.org/ #500Firenze
Catalogue indispensable. Sous la direction de Carlo Falciani et d'Antonio Natali. 175 illustrations. 368 pages. Éditions Mandragora. Pour un prix modeste de 39,90 euros. Textes suivants le déroulé de l'exposition de Cristina Acidini, Philippe Costamagna Le miroir d'une société. Le portrait à Florence sous les règnes de François I et Ferdinand I, Elizabeth Cropper, Carlo Falciani, Antonella Fenech Kroke, Alessandra Giannnotti, Philippe Morel, Tommaso Mozzati, Antonio Natali, Massimilio Rossi, Luovica Sebregondi. Importantissime bibliographie.
A l'occasion de cette exposition, 17 œuvres furent restaurées dont 10 tableaux d'autel parmi lesquels Déposition de Pontormo, Immaculé Conception de Bronzino et de son atelier, dernier tableau d'église qu'il peignit et jamais exposé jusqu'à aujourd'hui, Christ et la femme adultère et Miracles de saint Fiacre d'Alessandro Allori, Résurrection et Vision de saint Thomas d'Aquin de Santi di Tito, un artiste à redécouvrir. Et deux statues - Dieu fluvial de Michelangelo qui a retrouvé sa couleur claire évocatrice du marbre et Crucifixion de Giambologna. Deux statues ont été restaurées plus tard : Sainte Lucie et Sainte Agnès de Giovan Battista Caccini.