La nature se photographie à Chaumont-sur-Loire
Juliette Agnel, Les Portes de glace, Groenland, 2018. © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer. Remerciements Juliette Agnel. Exposition Chaumont-Photo-sur-Loire, domaine de Chaumont-sur-Loire, Nuits étoilées et Portes de glace, novembre 2018.
Qui sont ces artistes entretenant des rapports poétiques avec la nature ? Respectons l'ordre photographique et regardons. Juliette Agnel dont j'avais pu découvrir le travail dans les Vertiges de La Banque à Béthune (commissariat de Léa Bismuth) www.lecurieuxdesarts.fr/2018/10/les-vertiges-de-labanque-bethune.html
Ces Portes de glace sont une ouverture vers un autre monde, celui de l’Île de la mort d'Arnold Böcklin (1883) "tout en songeant aux écrits de Paul-Émile Victor, précise-t-elle, dans cette proximité physique des icebergs, ce frôlement des montagnes de glace; ces photographies sont prises d'un bateau de croisière par une journée à moins 30 degrés". Travail de peintre chez cette photographe qui aime les paysages de l'extrême de l'hémisphère nord et les nuits étoilées poétiques du Maroc.
Juliette Agnel, Les Portes de glace, Groenland, 2018. Tirages fine art mat sur papier Hahnemülhe © Juliette Agnel.
Face à ses photographies, d'une profonde intériorité, j'y ai vu des pastels, cette poussière de couleurs légèrement déposées sur la feuille. Est-ce le choix du Hahnemühle pour le tirage de ses photographies qui provoque ceci ? J'y ai ressenti une proximité avec Caspar David Friedrich et ses heurts de glace (La mer de glace, 1823) ou comme une impression d'être proche de Léon Gérôme lorsqu'elle se déplace dans le désert marocain.
Alex MacLean © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer. Remerciement l'artiste et domaine de Chaumont-sur-Loire. Exposition Chaumont-Photo-sur-Loire, Renaissance(s), novembre 2018.
Alex MacLean a capté "l'essence des paysages", ceux du Val de Loire dans cette commande du domaine de Chaumont, à l'occasion des 500 ans de la Renaissance, avec ses clichées aériennes des châteaux de la Renaissance.
Impressions solaires, 2018 © Robert Charles Mann.
Robert Charles Mann © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Chaumont-Photo-sur-Loire, domaine de Chaumont-sur-Loire, novembre 2018.
Quintessence dans les points de vue fascinants et étonnants de Robert Charles Mann, le plus magicien des cinq, par ce travail "révélé", résultant d'une résidence à Chaumont. Il a impressionné pendant six mois la course du char de feu d’Hélios du 1er jour de l'hiver 2017 au premier jour de l'été 2018, du plus court jour au plus long jour, grâce à des "solargraphes" déposés en divers endroits du Domaine. "J'ai laissé faire la nature, n'y ajoutant rien souligne cet étasunien installé en France depuis 1989, le temps et la lumière sont l'histoire de la photographie". Peu à peu le papier noir et blanc, impressionné en continu, est devenu couleurs. Scanné, ce négatif devient La trace ultime de la captation de cette image d'un semestre. Magique.
Davide Quayola © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer. Remerciement l'artiste. Exposition Chaumont-Photo-sur-Loire, domaine de Chaumont-sur-Loire, Impressions végétales, novembre 2018.
Davide Quayola, lui aussi résident au domaine, a laissé son regard se porter sur les arbres de Chaumont dans une démarche scientifique à la recherches d'autres esthétiques, japonisante ou impressionniste, tout en gardant une démarche des plus classiques dans cette captation de la nature exclusivement en hiver, dans sa période de repos. L'accrochage contribue à cette épure de son travail. Son grand pin, scandé en trois, me renvoie à celui du musée de Miho, à l'est de Kyoto, vu depuis le grand hall, dans cette connivence entre architecture de Pei et la nature. Un lieu absolu où est abrité la plus belle et impressionnante statue de bouddha du Gandhara (2e siècle). Là aussi, Quayola ne s'éloigne pas des fondamentaux du paysage, un thème classique de la photographie.
Santeri Tuori devant, le diptyque Forest #34, 2017. De la série Forest Series © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer. Remerciement l'artiste et Gallery Taik Persons. Chaumont-Photo-sur-Loire, domaine de Chaumont-sur-Loire, Forêts imaginaires, novembre 2018.
Santeri Tuori, me fait de suite songer aux maîtres du lavis chinois pour cette évanescence, à Rodolphe Bresdin pour le minuscule et la justesse de ses encres, à François Houtin le graveur pour ses appétences de la nature. Pour ce goût du noir et blanc, la plus difficile des couleurs pour faire sourdre la personnalité de cette végétation. J'ose dire : du travail de graveur-aquarelliste. Il s'attaque aux sinuosités de la nature pour en détendre tous les fils, dans sa technique de sur-impression d'images de lieux dans lesquels il s'est rendu, dans une fusion des couches de photographies.
Chaumont royaume béni de la nature où. Chantal Colleu-Dumond règne sur ce lieu magique tout au long des saisons.
Davide Quayola & Santeri Tuori © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer. Chaumont-Photo-sur-Loire, domaine de Chaumont-sur-Loire, novembre 2018.
Gilles Kraemer
envoyé spécial
Chaumont- Photo-sur-Loire
17 novembre 2018 - 28 février 2019
Domaine régional de Chaumont-sur-Loire / Centre d'arts et de nature
41150 Chaumont-sur-Loire
Chaumont © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, domaine de Chaumont-sur-Loire, été 2011.