ST-ART 2017 prend ses marques
22e édition de ST-ART, foire strasbourgeoise. Comme le souligne Jean-Eudes Rabut - qui fut chef de cabinet du maire de Paris Jacques Chirac puis directeur général de Middle East Airlines - président du directoire de Strasbourg événements, "il s'agissait d'insuffler une dynamique à ce salon". Dans un sous-entendu de modernisme et de prise de conscience avec le présent, en un mot dépoussiérer et vite, vite. Mission accomplie même si une ou deux galeries sélectionnées dénotent parmi les 70 exposants. "Tout en sachant qu'elle ne peut concurrencer sa voisine géographique Art Basel ou la FIAC ou Art Paris et, ce n'est nullement son positionnement. Le propos clairement affirmé de ST-ART est d'être un salon découvreur, de découverte, ouvert aux créateurs émergents", même si quelques estampes des incontournables Picasso, Matisse ou Miro sont bien là, largement visibles dans des cadres surdimensionnés et dorés à l'extrême. Il faut rassurer en proposant des valeurs certaines mais, ceci est le propos de toutes les foires d'art contemporain. Ce salon, dont la directrice artistique est Patricia Houg, se veut européen, sa marque de fabrique, au cœur de l'Europe, avec 8 galeries allemandes (Luzia Sassen), 6 belges (Guy Pieters), 4 espagnoles (Pigment gallery), 4 italiennes (Forni) et 2 suisses (Mollwo, Samhart).
Poursuivant son propos de mettre en avant des lieux institutionnels européens, pour l'instant français - verra-t-on en 2018 l'ouverture vers un autre pays ? -, après la Maison européenne de la Photographie en 2015 puis la fondation Maeght, carte blanche est laissée à la Venet Foundation (créée en 2014 aux États-Unis). Celle-ci présente des œuvres de la collection du sculpteur des courbes et des lignes droites Bernar Venet. De Donald Judd à Sol LeWitt, de Carl Andre à Lawrence Weiner ou Robert Morris, trente années d'amitiés sont évoquées, une collection faites d'échanges ou d'œuvres conçues pour lui (César, Arman), un aperçu non exhaustif et minimaliste de ce que possède cette fondation établie à Muy, non loin de Nice. "Comme une biographie des relations amicales avec des artistes, dans un grand éloge du partage" insiste Benar Venet.
Politique de renouveau aussi avec la programmation d'une carte blanche à un critique d'art. Après l'œil de Marcel Nuridsany défendant Anne Ferrer, Olivier Kaeppelin pose son regard sur Damien Cabanes (né en 1959). Moins le sculpteur, finaliste de la sélection du prix Marcel Duchamp en 2011 (avec Mircea Cantor, Guillaume Leblon et Samuel Rousseau), mais le peintre "solitaire" de la toile libre. "Un peintre pleinement contemporain, utilisateur des flux du passé et des gestes actuels, nous proposant la vitalité de ses espaces". "Sa pensée est celle de la forme, de la figure, de la présence issue de l'abstraction". En 2018, l'œil du connoisseur sera celui du critique et journaliste Henri-François Debailleux pour lequel "les galeries doivent être découvreuses, laboratoires, proposant et promouvant des artistes jeunes ou émergents".
Quelques pistes.
Défendus par la galerie nantaise Montesquieu de Lydia Natiez, deux artistes, deux peintres. La chinoise Li Fang - lauréate de la Fondation Colas en 2012 -, peinture à l'huile, larges aplats, des vues de plage, comme des sculptures de Xavier Veilhan animées. Le russe Roman Proniaev (1972) avec des mondes de l'étrangeté agrandies à l'extrême, dans une promenade boschienne.
Galerie Sobering de Jean-Claude Ghenassia avec une mini-rétrospective du grec Pavlos (1930), le sculpteur des affiches massicotées qui fut largement présent dans des précédentes FIAC.
Dukan du dynamique galeriste éponyme (et aussi YIA Art Fair #11). Alicia Paz (1957), franco-américano-mexicaine, vivant à Londres, la mouvance mondiale pour un monde de mystères entre Portugal et Pays-Bas dans la revisitation des azulejos et des carreaux de Delf. Thomas Agrinier (1975) que l'on ne présente plus tellement sa peinture est dynamique, entre figuratif débridé et art de la rue, un geste vibrant, impulsif, explosif, mouvant. À collectionner impérativement.
Luzia Sassen de Cologne. Saxa (1975) et son immense portrait de Martin Luther, un portrait fait d'une suite de mots, la typographie au service de la peinture.
Christophe Tailleur et Thomas Henriot (mon double coup de cœur 2017 à Art Paris chez Christophe Tailleur et chez Céline Lemone à DDessin (17)). Arpenteur du monde, entre Tanger et Cuba. Toujours un grand intérêt pour la sincérité de la démarche de Thomas Henriot qui joue d'un peu de couleurs maintenant.
Le lauréat 2017 Prix Art de la Ville de Strasbourg a été attribué à Jean-Marc Lacaze, représenté par la galerie strasbourgeoise Aedaen Gallery dirigée par Patrick Adler. "Jean Marc Lacaze vit et travaille à La Réunion. Son travail est soutenu par le FRAC Réunion, la DAC Océan Indien, la galerie Opus et la galerie AEDAEN. Il est actuellement en résidence à Mayotte. Artiste « protéiforme », il ne donne pas de limites stylistiques et formelles à ses expériences et rencontres. Il utilise différents média en fonction de son désir de langage et de sensation plastique. D’un esprit expressionniste, ironique et coloré, il enrichit son regard critique et enjoué sur ce qui l’entoure, quotidiennement, au jour le jour. Dans un doute récurrent et nécessaire, il œuvre pour trouver une simplicité vitale. L’humour via la dérision confrontée à la gravité est un des moteurs bigarrés de son travail.".
Gilles Kraemer (envoyé spécial)
ST-ART Foire européenne d'art contemporain
17 au 20 novembre 2017
Strasbourg
Internet www.st-art.com