Biarritz vu par Georges Ancely
Qui était donc Georges Ancely (1847-1919), le photographe de ces merveilleux instantanés qui nous ramènent 132 années en arrière, nous replongeant dans les débuts du tourisme balnéaire à Biarritz ? Un nom peu connu dans le domaine de la photographie jusqu'à ce que le musée toulousain Paul-Dupuy - qui abrite une partie de sa collection de plaques de verre au gélatino-bromure d'argent - lui consacre en 2011 une importante exposition sur les clichés qu'il prit de Toulouse.
Natif de la ville rose, dirigeant la bijouterie-horlogerie familiale de la rue de la Pomme, il décide de s'adonner à sa passion : la photographie, conseillé par Eugène Trutat, fondateur de la Société de photographie de Toulouse. Il fréquentera assidument Biarritz qu'il photographia entre 1880 et 1895 ; une centaine de ses clichés agrandis en des formats différents d'après les plaques originales est présentée. Divers portraits de cet homme, de belle prestance, par lui-même ou par ses confrères photographes tel J. Chazal de Constantine qui tira son portrait habillé en émir, nous accueillent à l'entrée de cette exposition subtilement mise en scénographie par Sylvain Roca.
L'atmosphère de la ville est restituée avec des mannequins figurant la procession vers le Rocher de la Vierge, les enfants jouant sur la Grande Plage si reconnaissable à sa tente rouge et blanche, son marchand d'oublies (gaufres), des photographies du Port des Pêcheurs sont projetées sur la voile d'un bateau le Karmentxu. En bruit de fond s'immiscent les cris et rires des enfants et le clapotis des vagues. Une salle reconstitue le bureau de Georges Ancely avec ses meubles, deux de ses appareils photographiques, le registre sur lequel il notait ses prises de vues ; sur les rayonnages figurent l'Annuaire du Club alpin français, la Revue des Pyrénées et de la France méridionale, des ouvrages de Victor Hugo et d'Adolphe Thiers reliés à ses initiales
Nous suivons Georges Ancely, l'accompagnant du Port Vieux - initialement port baleinier, accueillant baigneurs et un établissement de bains de mer - à la Grande Plage avec son établissement de bains de style mauresque inauguré par Napoléon en 1858 et au fond la Villa de l'impératrice Eugénie construite en 1854, emplacement actuel de l'Hôtel du Palais. Biarritz s'ouvre au tourisme, de grandes affiches en vantent ses attraits et l'arrière pays, insistant sur l'accès aisé de cette ville : 14 heures par le train ! La ville revit à travers les photographies en noir et blanc d'Ancely dont certaines sont mises en écho avec des lithographies d'époque du Port Vieux, du Port des Pêcheurs et de la Grande Plage. Les vacancières se promènent sur la plage, protégées du soleil par des chapeaux et des ombrelles. Les guides-baigneurs en tenue foncée et chapeau ou béret, assistent les plus téméraires affrontant les vagues. Après le bain, les dames restent au bord de l’eau vêtues d’une cape de laine. Même le fameux Carcabueno, guide-baigneur qui possédait le plus grand nombre de sauvetages à son actif, se promenant au pied du Casino Hôtel du Bellevue, n'a pas échappé à l'œil d'Ancely. Le Rocher de la Vierge offre une vue exceptionnelle sur la côte et le spectacle des vagues se brisant sur sa digue. Georges Ancely se rendra en Algérie en 1881, Italie en 1888, Suisse 1894 et Espagne 1889 et 1901, pays auxquelles la dernière salle est consacrée.
Instants de vie, instants d’éternité, cette exposition nous réserve un grand plaisir avec cette découverte d'un photographe oublié.
Gilles Kraemer (déplacement et séjour à titre strictement personnel)
Biarritz par Georges Ancely. Photographies 1880-1895
30 juin - 29 septembre 2012
Le Bellevue - place Bellevue – 64200 Biarritz
Commissariat de la direction des affaires culturelles de la ville et de Marc Ancely (arrière arrière petit-fils de Georges)
Catalogue largement illustré, édité par la ville de Biarritz, textes en français, espagnol et anglais, 196 pages. Prix 19 euros.