Le mystérieux merveilleux herbier de Jean-Michel Othoniel. Le Louvre
En 1990, l'exposition Les Vanités dans la peinture au XVIIe siècle. Méditations sur la richesse, le dénuement et la rédemption, au musée des Beaux-Arts de Caen, puis au Petit Palais à Paris - commissariat d'Alain Tapié - révélait le langage des fleurs. Une exposition restée dans les mémoires.
Un autre regard aujourd'hui. Non celui d'un Jean-Jacques Rousseau moderne constituant un herbier mais celui d'un artiste plasticien porté sur les langages codés des plantes. L'Herbier merveilleux. Notes sur le sens caché des fleurs du Louvre de Jean-Michel Othoniel magnifie cette recherche de l'interrogation des messages cachés de la nature. Ce musée du Louvre, Jean-Michel le connaît. Il y fut gardien pendant ses vacances d'étudiant, le parcourant nuitamment non comme Belphégor ou de jour. Temps évoqué avec regret, le Louvre n'était pas qualifié de grand, l'entrée pyramidale n'existait pas. Dans sa cour existait un jardin, bien minuscule, mais bien présent.
Des souvenirs des œuvres vues jointes aux notes - réécrites - qu'il a toujours glanées sur les plantes, son appareil photographique à la main, il a parcouru pendant plus d'une année les différents départements de ce musée. S'attachant à la symbolique des fleurs et des végétaux, dans ses déambulations il a cherché leurs représentations dans des œuvres de cette institution, portant son regard de voyageur sur les peintures, sculptures, fresques, faïences, dessins ou mosaïques. De l'acanthe, porteuse de l'immortalité et de l'amour divin au volubilis référence du manteau de la Vierge, il nous dévoile 99 secrets.
La flore, ce bibliophile, cet amoureux du livre, l'a toujours aimée. Elle nourrit son travail, depuis la Villa Médicis, la découverte des jardins de Rome et celui du Pincio en premier, ceux des demeures de la campagne romaine. Le jardin de Peggy Guggenheim à Venise où il suspendit ses œuvres dans les arbres. Je le soupçonne, bien qu'il ne le cite dans son ouvrage, d'avoir un faible pour Hypnerotomachia Poliphili, Poliphile cherchant à retrouver son amante Polia. Toute la nature y est évoquée et illustrée dans cet ouvrage publié sur les presses vénitiennes d'Alde en décembre 1499.
Un merveilleux abécédaire, aux tranches brunes, un ouvrage toilé de format oblong comme un carnet de dessins qu'un artiste glisserait dans la poche profonde de sa veste avant de parcourir bois, forêt, pré, champ... Un abécédaire dont la lettre "r" est la grande victorieuse. Mais comment n'en douterait-on pas ? La reine c'est la rose. Non la blanche unique fleur des Noces de Paolo Veronese, non la pourpre de la Vierge, non la rouge de Vénus, non la rose de la marquise de Pompadour, mais celle de l'amour et de la politique, celle que Rubens déposa aux pieds de Marie, celle du Mariage par procuration de Marie de Médicis et d'Henri IV.
Gilles Kraemer
remerciements à Anne-Frédérique Fer pour les photographies
Jean-Michel Othoniel. L'Herbier merveilleux. Notes sur le sens caché des fleurs du Louvre. 208 pages. 160 illustrations. Format 13 x 21 cm.. Éditions Musée du Louvre / Actes Sud. Tirage à 3 500 ex. en français et 2 500 en langue anglaise. Prix 35 €.
Jean-Michel Othoniel, La rose du Louvre, 2019. Exposition dans la cour Puget, Louvre, mai 2019 © Anne-Frédérique Fer / FranceFineArt.com.
Jean-Michel Othoniel, La rose du Louvre, 2019. Exposition dans la cour Puget, Louvre, mai 2019 © Anne-Frédérique Fer / FranceFineArt.com.
Poursuivant son dialogue avec le Louvre, Jean-Michel Othoniel présente dans les niches de la cour Puget, parmi les chefs d’œuvres de la statuaire des jardins des XVIIe et XVIIIe siècles, six peintures inédites (encre sur feuille d'or). Point de naissance de celles-ci ? La rose de Rubens.
Jean-Michel Othoniel, La rose du Louvre, 2019. Exposition dans la cour Puget, Louvre, mai 2019 © Anne-Frédérique Fer / FranceFineArt.com.
Jean-Michel Othoniel au Louvre
Musée du Louvre. 25 mai 2019 au 24 février 2020.
#OthonielAuLouvre
www.francefineart.com/index.php/agenda/14-agenda/agenda-news/3154-2727-louvre-othoniel Entretien d'Anne-Frédérique Fer, rédactrice en chef de FranceFineArt, avec Jean-Michel Othoniel, 24 mai 2019.