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Publié par Gilles Kraemer

Gilles Kraemer

Pamela Tulizo (1993), Sans titre, 2020 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, janvier 2022, Maison Européenne de la Photographie

Tout juste 29 ans, Pamela Tulizo, née à Bukavu, République Démocratique du Congo ! Déjà lauréate de la 3ème édition du Prix Dior de la photographie et des arts visuels pour jeunes talents 2020. La Maison Européenne de la Photographie lui consacre – en trois séries de photographies - une exposition.

Pamela Tulizo (1993), Sans titre, 2020 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, janvier 2022, Maison Européenne de la Photographie

Retour en arrière. Où était Pamela, lors du premier confinement du printemps 2020, planète dans la stupéfaction de la Covid-19 ? En résidence au WIELS, centre d’art contemporain à Bruxelles. Contrainte de prolonger son séjour. Se souvient-on encore des razzias ahurissantes de papier hygiénique, rayonnages dépouillés comme le furent ceux d’huile et de farine ? Ce papier au même niveau que l’alimentaire, déclaré de facto besoin absolu, chose la plus essentielle en période de crise, point de départ d’une série de photographies. Dans un détournement du papier toilette, Pamela l’imagina ustensiles de cuisine – verre, bouteille -, accessoires de mode – bracelet, collier, boucle d’oreille -, aliments – spaghetti -.   

Pamela Tulizo (1993), Double identité (Femmes du Kivu), 2019 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, janvier 2022, Maison Européenne de la Photographie

Pamela, ne pouvant, pour l’instant, quitter l’Afrique pour des raisons liées à la pandémie, Laurie Hurwitz la commissaire nous précise qu’elle a monté cette exposition à distance, par téléphone et par courriel, Internet fonctionnant très difficilement. Concrétisation que l’on peut magnifiquement montrer le travail photographique de cette journaliste formée à l’écriture radiophonique à Radio France International avant d’être photographe après ses études au Market Photo Workshop à Johannesburg.

Pamela Tulizo (1993), Double identité (Femmes du Kivu), 20219 (détail) © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, janvier 2022, Maison Européenne de la Photographie

Répondant à la thématique Face to face du Prix, Pamela Tulizo a choisi de confronter le portrait victime de la femme congolaise à une représentation de la femme forte remarque la commissaire, notant que pour cette 3ème édition, Dior a opéré un choix engagé, en sortant de la photographie de mode. Exit le glamour sur papier glacé, dans cette réflexion sur l’image de la beauté. Sa démarche se centre sur les questions liées à l’identité des femmes de la région du Kivu dans sa série Double identité (2019), treize portraits de la même femme, dans la dualité du tiraillement entre l’ambition de la battante et l’acceptation du poids sociétal. De cette confrontation d’identités surgit l'espoir. Hyper élégante ou femme lourdement chargée, miroirs renvoyant une docteur ou une contremaître, journaliste ligotée par ses micros, corps couvert de logos de journaux. Perturbante, une femme Janus, le corps divisé en deux, maquillée et vêtue d’un demi tailleur bleu impeccable, en larmes et portant un autre demi, rose Schiaparelli tâché. Comme collier, des épingles de nourrice.

Pamela Tulizo (1993), Enfer paradisiaque, 2021 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, janvier 2022, Maison Européenne de la Photographie

Enfer Paradisiaque (2021) est sa troisième exploration d’un autre monde de beauté et d’engagement. Sur des robes de soirée, elle a cousu du maïs, des ampoules, du charbon de bois, des mèches de coton pour lampe à pétrole, des haricots rouges. Un renvoi, par ses incrustations, aux aliments de base ou aux objets de première nécessité de son pays. Une image belle et forte de la femme, dans une évocation étonnante et dénonciatrice dans ce détournement de l’image de mode avec cette robe jerricanes, bidons de plastique indispensables pour le transport de l’eau potable.

 

Pamela Tulizo -Face to face

21 janvier – 13 mars 2022

Commissaire d’exposition : Laurie Hurwitz

Studio Niveau +1 / Maison Européenne de la Photographie / Paris

Exposition organisée par la MEP en partenariat avec Christian Dior Parfums  https://www.mep-fr.org/que-faire-a-la-mep/expositions/

Pamela Tulizo (1993), Double identité (Femmes du Kivu), 2019 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, janvier 2022, Maison Européenne de la Photographie

Organisé en partenariat avec Luma Arles et l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles (E.N.S.P.), deux lieux qu’une avenue sépare, ce prix met en lumière les jeunes artistes visuels issus des plus grandes écoles internationales d'art et de photographie. Présidé cette année par la photographe Viviane Sassens, le jury se composait de Simon Baker, directeur de la MEP, du mannequin Helena Christensen, de Maya Hoffmann, présidente de Luma Arles, d’Emma Lavignes, à cette date directrice du Palais de Tokyo, de Jérôme Pulis, directeur communication internationale Christian Dior Parfums & de Rachel Rose dont nous avions pu découvrir le travail à Lafayette Anticipations en 2020. Personne de l’ENSP comme membre du jury ?

En raison de la pandémie, ce prix fut présenté dans une version digitalisée de l’exposition.

Sur le site Internet de Luma, Conversation entre Pamela Tulizo & Viviane Sassens. Pourquoi les questions en anglais de Viviane ne sont-elles pas sous-titrées en français alors que Pamela s’exprime en français ! https://www.luma.org/fr/live/watch/Conversation-avec-la-laureate-du-Prix-Dior-de-la-Photographie-et-des-Arts-Visuels-pour-jeunes-talents-9837a97f-6fa8-47e3-90ab-637618813126.html

 

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