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Publié par Antoine Prodhomme

Antoine Prodhomme

vendredi 13 mai 2022, générale

La Périchole.  Mise en scène Valérie Lesort / Décors Audrey Vuong / Costumes  Vanessa Sannino © photo Stéfan Brion.

Semaine opéra faste à Paris. Mardi 10 mai, exceptionnelle première avec l’Elektra de feu de Christine Goerke sous la direction de Seymon Bychkov à l’OnP. Mercredi 11 mai, première exceptionnelle de Giulio Cesare au TCE, avec le bémol de la mise en scène. Vendredi 13 mai, porteur de chances et de toutes les réussites, avec cerise sur le gâteau, de cette folle et enthousiasmante semaine, la générale de La Périchole à l’Opéra Comique. Une Périchole, aux yeux étincelants d’amour, à se damner. Pompons au pluriel sur le gâteau / sur le plateau devrions nous écrire puisque presque tous les costumes des chanteurs sont ornés de pompons. Inénarrables costumes de Vanessa Sannino, messieurs et mesdames aux jupes superposées cachant une froufroutante culotte jaune aperçue au moment du "french cacan péruvien", les trois cousines cabaretières magnifiques façon Frida Khalo, les costumes extravagants à souhait aux couleurs terriblement péruviennes, la fraise surdimentionnée du vice-roi / Tassis Christoyannis à l’habit d’or et de fleurs de lys, la Périchole / Stéphanie d’Oustrac totalement métamorphosée, une icône avec sa robe "bibendum".   

Philippe Talbot (Piquillo), Stéphanie d’Oustrac (La Périchole). La Périchole.  Mise en scène Valérie Lesort / Décors Audrey Vuong / Costumes  Vanessa Sannino © photo Stéfan Brion.

Brava à Carole Allemand pour ses marionnettes, son lama de paille chevauché par le vice-roi, ses lamas se bécotant en prison ou crachant. Comment ne pas s’imaginer dans la peau du Tintin du Temple du soleil à ce moment lorsque le premier notaire / Thomas Morris et le second / Quentin Desgeorges deviennent les Dupont / Dupond et le vieux prisonnier / Thomas Morris, qui ne se souvient plus pourquoi il est en prison, furieusement professeur Tournesol ?  

Géniale Valérie Lesort, la metteur en scène pour cette Périchole, indiscutablement le meilleur spectacle d’opéra de toute cette saison parisienne 2021-2022. Enfin le rire, la joie, la bonne humeur, le plaisir communicatif de se retrouver dans une salle de spectacle, dans cette mise en scène très astucieuse sur un plateau n’ayant pas un grand développé, sur lequel les décors d’Audrey Vuong font mouche. Dans cet espace réduit, Valérie a su placer toute la ville de Lima - 42 personnes au maximum -, sans donner une impression de rétréci, y déployant piquant et légèreté. Coup de cœur naturellement pour le coup de foudre au premier degré de Piquillo / Philippe Talbot avec flèche en pleine poitrine et coup de tonnerre dans cet opéra bouffe dans lequel une femme prend à pleines mains son destin face à son falot amant qui se laisse mener par les circonstances et qu’elle adore follement.    

Direction enlevée de Julien Leroy à la tête de l’Orchestre de chambre de Paris et du chœur Les éléments, ne trahissant pas l’âme d’Offenbach. Musique colorée à souhait, en concordance avec le plateau, dans une orchestration sonnante, aux instruments bien fondus. Brillant. Emmené de main de maître par Julien Leroy dans des attitudes proprement de matador, sautant, plantant ses banderilles dans la musique, aux mains zigzagantes.  

Couple idéal Périchole / Piquillo. Philippe Talbot, à la voix de ténor léger correspondant bien à l’opéra comique opérette, dans son rôle de gentil, un peu niais. Stéphanie d’Oustrac dont le grave actuel convient très bien à son rôle, parfaite en tant que comédienne dans un livret fourmillant de jeux de mots.

La Périchole.  Mise en scène Valérie Lesort / Décors Audrey Vuong / Costumes  Vanessa Sannino © photo Stéfan Brion.

Don Andrès de Ribeira / Tassis Christoyannis à la magnifique barbe blanche, presque un dieu descendu de l’Olympe, dont la voix de baryton est conforme à son rôle de vice-roi, plein d’autorité et d’ironie car conscient de son âge. Et de son abandon de séduction.

Don Miguel de Panatellas / Éric Huchet dans sa connaissance parfaite de sa partie vocale, merveilleux scéniquement rejoint très bien Don Pedro de Hinoyosa / Lionel Peintre, une complicité vocale ténor / baryton. Un duo parfait et équilibré.

Julie Goussot, Marie Lenormand, Lucie Peyramaure (les trois cousines) La Périchole.  Mise en scène Valérie Lesort / Décors Audrey Vuong / Costumes  Vanessa Sannino © photo Stéfan Brion.

Guadalena / Julie Goussot, Berginella / Marie Lenormand et Mastrilla / Lucie Peyramaure, les trois cabaretières, les trois cousines, pétulantes, font tout pour attirer le chaland. Apres au gain mais grand cœur lorsqu’il s’agit de sauver la Périchole et son Piquillo.

Alors, champagne pour tous? "Pisco" plutôt puisque nous sommes dans un flamboyant Pérou d’opérette.

La Périchole, opéra-bouffe en trois actes de Jacques Offenbach, livret de Ludovic Halévy et Henri Meilhac, créé le 25 avril 1874 au Théâtre des Variétés

Direction musicale - Julien Leroy

Mise en scène - Valérie Lesort

Décors - Audrey Vuong  -  Costumes - Vanessa Sannino  -  Lumières - Christian Pinaud  -  Chorégraphie - Yohann Têté  -  Marionnettes - Carole Allemand

La Périchole © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 13 mai 2022, Opéra Comique.

La Périchole - Stéphanie d’Oustrac

Piquillo - Philippe Talbot

Don Andrès de Ribeira - Tassis Christoyannis

Don Miguel de Panatellas - Éric Huchet

Don Pedro de Hinoyosa - Lionel Peintre

Premier notaire/Tarapote/le Vieux prisonnier - Thomas Morris

Guadalena/Manuelita - Julie Goussot

Berginella/Frasquinella - Marie Lenormand

Mastrilla/Brambilla - Lucie Peyramaure

Second notaire - Quentin Desgeorges

Ninetta - Julia Wischniewski

Chœur - Les éléments

Orchestre de chambre de Paris

Opéra Comique - Paris - Du 15 au 25 mai 2022

https://www.opera-comique.com/fr

 

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