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Publié par Gilles Kraemer

Gilles Kraemer.    

33ème édition de TEFAF Maastricht, rendez-vous incontournable des amateurs, des collectionneurs, des conservateurs et directeurs d’institution. Tous sont là, du 7 au 15 mars 2020 et encore plus lors de la journée d'avant-première du jeudi 5 mars et la journée de vernissage du 6 mars. 285 exposants attendent avec impatience les acheteurs. 

Décision sans précédent, l'édition 2020 de la TEFAF Maastricht a fermé ses portes mercredi 11 mars, soit 4 jours plus tôt que la date de clôture initialement prévue le dimanche 15 mars, en conséquence de l'évolution de la situation relative au coronavirus. Sur les 7 jours où elle s'est tenue, la foire a accueilli près de 28.500 visiteurs.

 

Luca Cambiaso (Moneglia, Genova, 1527 - 1585, El Escorial). Le Christ dépouillé de ses vêtements par ses bourreaux. Huile sur toile. 184 x 133 cm..

Fils du peintre Giovanni Cambiaso (1495-1579), Luca Cambiaso cultive dans cette seconde moitié du Cinquecento, un langage artistique qui se dénote du maniérisme ambiant, son style évoluant en fonction d’apports variés qui vont de la clarté et de la monumentalité des figures de Michel-Ange aux nouvelles solutions artistiques en provenance de Parme, en particulier pour la lumière, mises en œuvres par Correggio (c. 1489-1534) et Parmigianino (1503-1540). Il développe ses nocturnes à partir de 1575, et ce, jusqu’en 1583, date de son départ pour Madrid où il travaillera à l’Escorial. Dans le domaine des scènes éclairés à la chandelle, Cambiaso fait figure de novateur, anticipant les résultats analogues obtenus par les caravagesques nordiques comme Gerrit van Honthorst (1590-1656) ou le français Georges de la Tour (1593-1652). Dans son œuvre, la section des nocturnes s’ouvre avec le chef-d’œuvre du Christ devant Caïphe (Gênes, Accademia Ligustica di Belle Arti).

La scène représente le moment qui précède la flagellation, alors que l’un des bourreaux a déjà la corde enroulée autour de la main gauche et serrée entre ses dents, prêt à agir pour attacher le Christ à la colonne en marbre veinée. Ici, la flamme de la chandelle éclaire d’une lumière blanche le visage calme et résigné du Christ ainsi que son buste afin d’accentuer l’effet dramatique, relayé par le visage du jeune enfant tourné vers ce dernier et portant, sous son bras droit, les verges pour la flagellation. Au second plan, les figures des bourreaux, synonymes du mal, sont volontairement caricaturales. Galerie Canesso, Paris. 

Antonio Joli (Modena 1700 - 1777 Napoli), Caprice avec Alexandre le Grand devant la tombe d’Achille. Huile sur toile. 43,2 x 61 cm.. Galerie Cesare Lampronti, Londres, Rome. 

 

Baron Gérard (Rome 1770 - Paris 1837), Portrait de la comtesse Katarzyna Joanna Gabrielle Starzenska (1782-1862). Huile sur toile. 71,5 x 43,3 cm.. Galerie Éric Coatalem, Paris.  

Provenance : offert en 1804 par la comtesse Starzenska à Alexandre Louis Joseph, marquis de Laborde (1773-1842) ; collection du marquis Léon de Laborde (1807-1869), son fils en 1842 ; collection de la comtesse Pierre de Cossé-Brissac (1867-1937), sa petite-fille en 1869 ; legs de cette dernière en 1937 à son neveu, le comte Arnauld Doria (1890-1977) référencé sous le numéro 39 de sa collection (étiquette au dos du châssis).

Ce tableau ne possède aucune variante avec le grand tableau réalisé en 1803 par le Baron Gérard et conservé en Ukraine à la National Art Gallery de Lviv (autrefois Lwow en Pologne). Ce portrait en pied à l'allure majestueuse dont l'artiste s'était fait une spécialité est toujours resté dans la famille. Cette toile, présentée par la galerie Coatalem, est le ricordo reprenant la jeune comtesse Starzenska, à 21 ans, dans une attitude purement romantique, au milieu des montagnes où les mélèzes grimpent à flanc de coteau jusqu’à la demeure familiale. Vêtue d’une élégante robe de velours noir qu'un châle rouge vient rehausser, le modèle laisse reposer à ses pieds une guitare-lyre près d’un cours d’eau.

Katarzyna Bobronicz-Jaworska, nait en Pologne en 1782 à Przemysl. En 1799, elle épouse à Vienne un riche propriétaire terrien et amateur d’art, le comte Xavier Starzenski (1764-1828). Le couple vint rapidement s'installer à Paris où il séjourna entre 1803 et 1804 en fréquentant notamment la cour Impériale de Napoléon. Défrayant la chronique par ses nombreuses aventures sentimentales, celle que l'on surnommait en France "la belle Gabrielle", se lia plus que d'amitié avec Eugène de Beauharnais, fils de Joséphine. Cette dernière, pour préserver la carrière politique du fils adoptif de Napoléon, décida de mettre un terme à cette liaison en éloignant la comtesse Starzenska et sa famille de la cour Impériale. C’est dans le salon de Mme Récamier que François Gérard rencontra à la fin de 1803 "la belle Gabrielle". C'est dans ces mêmes salons entourant la cour que la comtesse Starzenska rencontra le financier Alexis de Laborde à qui elle offrit en 1804 la réduction de son portrait réalisé par le Baron Gérard.

Il a été permis d'apprendre qu'au début de l'année 2021, Eric Coatalem a vendu cette toile au Musée national de Varsovie - Muzeum Narodowe w Warszavie. 

 

 

Louis Anquetin (Etrépagny 1861-1932 Paris), Bourrasque sur le pont des Saints-Pères, circa 1889. Aquarelle et gouache. 66 x 53 cm.. Signé en bas à droite. Provenance : Collection privée, Paris. 

Il s’agit de l’œuvre préparatoire pour le tableau éponyme (huile sur toile, 119,5 x 126 cm.) conservé à Brême au Kunsthalle. Louis Anquetin peint ce Coup de vent en 1889. Le tableau, peu académique, défraie la chronique. On lui reproche d’enfreindre les règles en vigueur. " En réalité, cette scène est délicieuse, d’abord parce qu’elle est d’une vérité incontestable, elle recèle toute la joyeuse et l’endiablée physionomie d’un coin de Paris où le vent fait rage et j’ajouterai qu’il faut avoir l’œil singulièrement sûr pour donner à une telle scène un si admirable accent de sincérité " in Mathias Morhardt Anquetin, La passion d’être peintre. Galerie de la Présidence, Paris. 

Verdure, atelier de Jan Raes. Tapisserie de laine et de soie. Bruxelles, circa 1600. 350 x 318 cm.. Mullany, Londres. 

Les Chasses de Compiègne, 1812-1815. Panoramique commandé au peintre Carle Vernet spécialisé dans les scènes de chasse et de chevaux. Imprimé à la planche en papiers raboutés par la manufacture Jacquemart, successeur de Réveillon. Carolle Thibaut-Pomerantz, Paris, New York.

 

TEFAF Maastricht 2020. Au milieu, Baron Gérard, Portrait de la comtesse Katarzyna Joanna Gabrielle Starzenska . Remerciements Galerie Éric Coatalem, Paris.

 

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