Jean Luce et le renouveau de la table française. 1910-1960, prix du Cercle Montherlant - Académie des beaux-arts 2024. Et autres ouvrages primés consacrés à Pierre Subleyras, Fred Deux, les Inuits, l'abbé Louis Gougenot .
Antoine Prodhomme
Le Prix du Cercle Montherlant-Académie des beaux-arts a été décerné à l’ouvrage Jean Luce et le renouveau de la table française. 1910-1960 de Sung Moon Cho, paru aux éditions Norma.
Fruit d’un travail de plus de huit années, cet ouvrage est co-édité avec le Musée des Arts Décoratifs. Il restitue une première biographie de Jean Luce, mais aussi le travail de ses contemporains comme Marcel Goupy, Suzanne Lalique ou Francis Jourdain.
Commencée en 1911 à l’exposition du musée Galliera et terminée en 1962, sa carrière traverse de nombreux mouvements du XXe siècle, depuis la toute première émergence de l’Art déco jusqu’au fonctionnalisme de l’après-guerre. Jean Luce est un héritier des marchands éditeurs de céramique et de verre du XIXe siècle et à 30 ans à peine, il est le seul créateur spécialiste des arts de la table à posséder un espace personnel à l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris en 1925. Toujours à l’affût des innovations techniques et industrielles, il collaborera après la Seconde Guerre mondiale avec des marques comme Duralex, qui lui permettront de poursuivre sa réflexion sur le fonctionnalisme.
Docteure en histoire de l’art, Sung Moon Cho est chercheuse en arts décoratifs contemporains, spécialisée en céramique et verre du XXe siècle et en histoire des arts de la table.
Créé en 2002 à l’initiative du Cercle Montherlant, doté d’un montant de 10 000 euros, le prix est réparti entre l’auteur (8 000 €) et l’éditeur (2 000 €). Il est soutenu depuis 2023 par Philippe Bénacin, président-directeur général de la société Interparfums.
L’Académie des beaux-arts a par ailleurs décerné les prix d’ouvrage suivants :
Le Prix Bernier, d’un montant de 7 000 euros, partagé cette année en deux prix de 3 500 € chacun, a été attribué aux ouvrages suivants :
Pierre Subleyras 1699-1749, de Nicolas Lesur, aux éditions Arthéna (association pour la diffusion de l'histoire de l'art) - Pierre Subleyras fut le plus grand peintre de Rome au XVIIIe siècle. Languedocien, formé à Uzès, à Toulouse puis à Paris, pensionnaire de l’Académie de France au palais Mancini, il obtint des commandes prestigieuses des plus importantes personnalités de son temps. Du Repas chez Simon exposé en 1737, au portrait du pape Benoît XIV en 1740 et à la Messe de saint Basile peinte pour la Basilique Saint-Pierre de Rome en 1747, il imposa sa manière à une ville qui ne manquait ni de modèles, ni de rivaux. Ouvrage préfacé par Pierre Rosenberg.
Fred Deux, l’incorrigible, de Frédérick Aubourg, aux éditions Cohen & Cohen - Cet ouvrage nous plonge dans l’incroyable univers d’un artiste aux prises avec sa vie d’enfant, la grande histoire, et sa recherche artistique à partir d’un texte, La Gana, écrit par l’auteur Jean Douassot (nom de plume de l’artiste Fred Deux), qui décrit le monde sombre et miséreux du Boulogne-Billancourt des années 30 qu’il a connu dans son enfance. En 1958, ce texte fait l’objet d’une censure. C’est cette histoire, objet du litige entre Fred Deux et l’éditeur qui est ici racontée. Le texte est illustré de 80 œuvres de l’artiste et commenté par Frédérick Aubourg, psychanalyste et collectionneur..
Le Prix René Dumesnil, d’un montant de 3 000 euros, a été attribué à La musique qui vient du froid, Arts, chants et danses des Inuit de Jean-Jacques Nattiez, Les Presses de l’Université de Montréal. - Ecrit par un musicologue passionné, cet ouvrage propose une anthropologie et une histoire de la culture musicale inuit en plus d’un panorama de ses manifestations. Son iconographie met l’accent sur les représentations artistiques - sculptures, dessins, estampes - des danses à tambour et des chants de gorge.
Le Prix Paul Marmottan, d’un montant de 2 500 euros, a été attribué à Voyage dans différentes contrées de France et d’Italie 1755 - 1756 de l’abbé Louis Gougenot, éditions des Cendres. - Entrepris en 1755 en compagnie du peintre Jean-Baptiste Greuze, le Voyage d’Italie de l’abbé Louis Gougenot constitue un témoignage exceptionnel d’un voyageur français en Italie au milieu du XVIIIe siècle. Toujours conservé dans une collection privée et courant sur trois épais volumes, le manuscrit de l’abbé Gougenot est accompagné de dessins de Greuze et de l’abbé. Cette édition critique, établie et annotée par Antoine Chatelain, invite le lecteur à suivre les pérégrinations de l’auteur – de Paris à son ascension du Vésuve – et à découvrir les richesses des églises et palais italiens. Le Grand Tour. Cet abbé était membre associé libre de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Ce récit est un admirable pendant des Lettres d'Italie du président Charles de Brosses.
Ces prix seront remis, au cours de la séance solennelle de rentrée de l’Académie des beaux-arts sous la Coupole du Palais de l’Institut de France, le mercredi 20 novembre 2024.