De l‘installation de Christophe Leribault à l’Académie des beaux-arts
Gilles Kraemer
© Le Curieux des arts Gilles Kraemer, septembre 2024.
Installation pluvieuse, installation heureuse ce mercredi 25 septembre 2024, sous la Coupole du Palais de l’Institut de France. Celle de Christophe Leribault par son confrère Erik Desmazières au fauteuil précédemment occupé par Pierre Cardin, section des membres libres. Fauteuil n°VIII dont le premier occupant fut le sculpteur Étienne Gois (1730-1823) ; premier prix de sculpture de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1757 pour Tobie fait enlever les morts, il séjournera de 1761 à 1764 au palazzo Mancini, alors la résidence des pensionnaires.
Adrien Goetz, Laurent Petitgirard, Christophe Leribault, Coline Serreau, Erik Desmazières © Dominique Germont / Les Nautes de Paris, septembre 2024 https://www.nautesdeparis.fr/christophe-leribault-president-de-versailles-installation-sous-la-coupole-de-linstitut-de-france/
Erik Desmazières © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, septembre 2024.
Un lien avec l'Académie de France à Rome - Villa Médicis, établissement public national où Christophe Leribault fut pensionnaire en 1995-1996, lieu lui offrant comme le souligna Erik Desmazières « de vous consacrer entièrement à la rédaction de votre thèse pendant l’année que vous y passez comme pensionnaire sous l’égide du buste en perruque du peintre, descendu d’un grenier pour veiller sur votre table de travail et en compagnie d’un chat venu accidentellement. ». Ce n’était pas encore Grisette…
Thèse « consacrée au peintre Jean-François de Troy sur les conseils d’Antoine Schnapper, votre directeur de thèse. Car sur ce maître du XVIIIe tout restait à dire ! ». Publiée aux Éditions Arthena, tout de suite auréolée du Prix du Syndicat National des Antiquaires 2002 du livre d'art. De Troy (1679–1752), non pensionnaire mais qui fut directeur de l’Académie de France à Rome de 1738-1752.
Christophe Leribault © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, septembre 2024.
« Cette année passée à la Villa Médicis, dont vous parlez encore avec enthousiasme, aura également été pour vous l’occasion de croiser les artistes de votre génération qui s’y trouvent pensionnaires. Et comme le temps passe certains sont aujourd’hui parmi nous en habit vert… ».
Tel Jean-Michel Othoniel qu’il exposera lors de son directorat au musée Eugène Delacroix, concomitamment à ses fonctions au département des arts graphiques du Louvre, en 2012 : Delacroix, des fleurs en hiver. Jean-Michel Othoniel / Johan Creten ».
« Et que vous invitez à métamorphoser en 2021 l’ensemble du bâtiment [du Petit Palais] avec son Théorème de Narcisse. Une exposition ludique et poétique, qui valut le don au musée de sa « Couronne de la Nuit » qui orne désormais le seul des trois splendides escaliers du palais qui n’avait pas reçu de décor à sa création. ».
Revenons à son parcours. Quel parcours, quel bilan ! Carnavalet, Louvre, Delacroix. Nomination au Petit Palais en 2012, le musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, « huit ans d’expositions mémorables. Avec ce goût des scénographies immersives qui aide à replacer les œuvres dans leur contexte de récréation et qui rend tout plus sensible, plus incarné, pour le plus grand bonheur du public qui franchit la sublime porte du Petit Palais en plus grand nombre chaque année. ». Des Bas-fonds du Baroque, présentés avant à la Villa Médicis, magnifiés par Pier Luigi Pizzi – co-commissariat d’Annick Lemoine - à Luca Giordano ou Oscar Wilde. (1)
« Et puis, il y a votre tropisme nordique. Les liens amicaux avec nombre d’institutions d’Oslo à Helsinki, et tout particulièrement le Nationalmuseum de Stockholm et ses conservateurs Magnus Olausson et Carl Johan Olsson. ». Carl Larsson. L’Âge d’or de la peinture danoise. Ilya Répine.
Étant de ceux qui ouvrent en grand les portes de nos musées, celles de l’Établissement public du Musée d’Orsay et du Musée de l’Orangerie Valéry Giscard d’Estaing le furent en 2021. Redéfinition de l’accrochage. Sortie de l’ombre du « peintre lyonnais mystique, Louis Janmot, qui attirera plus de 250.000 visiteurs, une prouesse pour cet artiste singulier mais très très peu connu du grand public. ». De spectaculaires entrées d’œuvres majeures dont celle de Partie de bateau de Gustave Caillebotte grâce à un mécénat unique. Résonance plus ample de l’exposition Paris 1874, inventer l’impressionnisme marquant les 150 ans de la première exposition du mouvement en initiant le prêt de 178 œuvres majeures du musée à plus d’une trentaine d’établissements de la France métropolitaine, jusqu’à la Réunion, la Villa Médicis, Saint-Lô avec un Degas Portrait du graveur Desboutin et du graveur Lepic autour d’une exposition consacrée à l’estampe impressionniste. (2)
En mars 2024, avec la présidence de l’établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles. Versailles, c’est un retour aux premières amours dix-huitièmistes pour cet homme « toujours dans la bienveillance, avec une fidélité jamais prise en défaut, une attention aux autres, et au bout du compte une efficacité dans l’action qui force l’admiration... ».
© Le Curieux des arts Gilles Kraemer, septembre 2024.
Brillante installation comme, comme encore vives dans ma mémoire celle magistrale de William Christie en janvier 2010 par Hugues R. Gall, celle 100% flamenco de Bianca Li en octobre 2021 par Frédéric Mitterrand. Ces discours de réception furent des moments de pur bonheur, de maîtrise de notre langue, d’une totale liberté de propos. (3) La liberté de la parole règne sous la Coupole où se dit tout haut ce que tout le monde pense des éphémères de la rue de Valois. (4)
Un comité de l’épée, présidé par Pierre Rosenberg, 60 noms, réunissant la princesse Jeanne-Marie de Broglie, la comtesse Cristina de Vogüe, Alice Goldet si discrète mécène, Laure de Margerie et son époux Olivier Meslay arrivés la veille des Etats Unis, des collectionneurs de dessins contemporains, Magnus Olaussen, Carl-Johan Olsoson, Yan Pei Ming, le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus, un couple de galeristes parisiens dont l’un des artistes Kehinde Wiley fut présent sous la Grande nef d’Orsay, le directeur du Centre Georges Pompidou fermant bientôt pour travaux, Johan Creten, Daniel Marchesseau qui vendit ses Lalanne au profit de la rénovation de l’Hôtel de Mailly-Nesle où sera installé le Centre de ressources et de recherche du musée d’Orsay, l’ancienne présidente de l’établissement public du domaine Versailles, Catherine Pégard, aujourd’hui directrice du développement culturel de l’agence française pour le développement d’AlUla - AFALULA.
Louis Langrée, Roselyne Bachelot © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, septembre 2024.
Parmi les invités, pas moins de quatre anciens occupants de la rue de Valois – une première ce quatuor de ministres avec… une parité respectée -, Roselyne Bachelot présente à presque toutes les installations, Jacques Toubon, Rima Abdul Malak, Franck Riester dont le nom fut murmuré comme prétendant du … domaine de Versailles dans sa recherche d’un point de chute. Béatrice de Rothschild, Anne de Caumont La Force, Philippe Bélaval, conseiller culture du président de la République, Michèle Prouté, Olivia Voisin du musée d’Orléans, Hélène Bonafous-Murat, le directeur du Théâtre national de l’Opéra-Comique Louis Langrée, Sylvain Amic d’Orsay, Éva Binh présidente de l’Institut français, le directeur général de l’INHA Éric de Chassey qui fut directeur de la Villa, Annick Lemoine du Petit Palais, Marie Lavandier du CMN, les artistes Éva Jospin et Françoise Petrovitch, le président de Drouot Alexandre Giquello, Nicolas Kugel de l’éponyme galerie, véritable "Kunstkammer" du quai Anatole France, Bruno Gaudichon qui fut 35 années à la tête de La Piscine, Emmanuel Perrotin.
Christophe Leribault, Pierre Rosenberg © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, septembre 2024.
À l’issue de la cérémonie, Pierre Rosenberg lui a remis son épée. Une épée de pair de France, du temps de Louis XVIII, identique à celle que porte sur son portrait par Auguste-Dominique Ingres Amédée-David, comte de Pastoret (1791-1857) représenté à l’âge de 32 ans. Élu le 22 mars 1823 au fauteuil n°VIII, celui de … Christophe Leribault.
Conjonction de planètes.
(3) http://www.lecurieuxdesarts.fr/2021/10/blanca-li-a-l-academie-des-beaux-arts-100-flamenco.html
(4) http://www.lecurieuxdesarts.fr/2021/10/blanca-li-a-l-academie-des-beaux-arts-100-flamenco.html