Entre Besançon, Colmar et Dijon, le beau triptyque de la peinture germanique
Gilles Kraemer, envoyé spécial
Maître d'Uttenheim (actif ca 1460-1480), Scène de la légende de saint Étienne, ca 1465-1470 [détail de la Lapidation]. Peinture sur bois (résineux). Moulins, musée Anne-de-Beaujeu © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts, Dijon.
Peintures germaniques des collections françaises (1370-1550), trois volets d’une exposition entre trois institutions, Dijon, Colmar et Besançon. 139 numéros présentés visualisent l’aboutissement d’un programme de recherche initié par l’Institut national d’histoire de l’art et dirigé depuis 2019 par Isabelle Dubois-Brinkmann, conservatrice en chef du patrimoine et pensionnaire de cet institut avec la collaboration d’Aude Briau, chargée d’études et de recherche au sein de cette même institution parisienne. (1). De l'éphémère de cette exposition, le lourd et très conséquent catalogue conserve, in fine, la mémoire de cette impressionnante vision d'un intense moment artistique outre-Rhin. Méconnu. Enfin reconnu.
Ce programme a permis le récolement de près de 500 ensembles (panneaux individuels ou retables composés de plusieurs éléments) répartis à l’échelon national (musées publics ou privés, bâtiments officiels et lieux de culte) et produits dans les régions germanophones du Saint-Empire romain germanique pendant le Moyen Âge et la Renaissance. La date de 1550 est reprise des usages adoptés pour les catalogues raisonnés des musées allemands, avant le basculement vers le maniérisme.
Célébrée et collectionnée au XIXème, cette peinture subit les crispations liées aux trois conflits avec la Prusse puis l’Allemagne. Dernière exposition que l’on pourrait sous-titrer, celle d’une réconciliation politique, au siècle précédent en 1950 au musée de l’Orangerie des Tuileries (aujourd’hui musée de l’Orangerie) : Des maîtres de Cologne à Albrecht Dürer. Primitifs de l’école allemande.
Effacement du goût outre-Rhin face à celui outre-Alpes. Le tropisme de la peinture italienne a toujours été plus grand public face à cet art d’expressivité, foisonnant d’intrigues et de personnages, allant parfois jusqu’à l’outrance, coloré et dynamique.
A sa reconnaissance d’intérêt national par l’État, à son haut patronage des présidents suisse, français et allemand s’ajoute, pour cette exposition tripartie, le concours financier de l’ambassade de la République fédérale d’Allemagne à Paris pour le catalogue. Une première cette implication politico-culturelle ?
Allemagne du Sud ?, d'après Albrecht Altdorfer, Le Massacre des Innocents, ca 1515-1520 (détail). Peinture sur bois (résineux). Roanne, musée des Beaux-Arts et d'Archéologie Joseph-Déchelette © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts et d’archéologie, Besançon.
Maître d'Uttenheim (actif ca 1460-1480), Scène de la légende de saint Étienne, ca 1465-1470 (détail, La Lapidation. Peinture sur bois (résineux). Moulins, musée Anne-de-Beaujeu © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts, Dijon.
Place aux crucifixions, aux martyres, aux morts plus nombreux que les vifs [Colmar], aux quatre anges si priants du Retable de la Déploration du Christ (ca 1483) [Dijon], à la brochette d’enfants de l’impitoyable Massacre des Innocents (ca 1515-1520) Allemagne du Sud ? d’après Albrecht Altdorfer [Besançon] – autre Massacre des Innocents, celui de Martin Schongauer au revers du saint Barthélemy, avec tous les enfants au sol bien alignés [Colmar] - à la lapidation du futur saint Étienne agenouillé, priant, entouré par la danse subtilement chorégraphiée de ses tortionnaires ; l’un, le jaune a atteint à la tête Étienne, Maître d’Uttenheim (ca 1465-1470) [Dijon].
Pas beaucoup de répit dans ces peintures, sanguinolentes représentations propres à mettre en garde, à stupéfier d’effroi et à émouvoir les fidèles, présentées dans ces trois institutions, le musée de Besançon apparaissant plus joyeux dans son parcours thématique par l’ajout du portrait, de l’allégorie et de la mythologie. Ce dernier aspect ouvre l’exposition bisontine consacrée uniquement à la période 1500-1550, avec L’Enlèvement d’Hélène (ca 1530-1540) du Maître MR (Michael Ribestein [?]), heureuse convoitée, suivant le bel et amoureux Pâris, tableau manifestement conçu dans le contexte d’un mariage. Une union de l’amour bien éloignée du Couple mal assorti (ca 1530), Lucas Cranach l’Ancien et atelier, un vieillard au regard lubrique et sourire édenté serrant une jeune et belle femme aux yeux en amande, cette physionomie du visage féminin si propre aux peintures du natif de Kronach [Besançon].
Martin Schongauer (ca 1440-1445 - 1491), Volets du Retable d’Orlier : Annonciation, 1475-1480. Huile sur bois (tilleul). Musée Unterlinden, Colmar // Martin Schongauer (ca 1440-1445 - 1491), Volets du Retable de saint Barthélemy et sainte Marie-Madeleine, ca 1470. Huile et tempera sur bois (tilleul). Musée Unterlinden, Colmar © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée Unterlinden, Colmar.
Albrecht Dürer ?, La Crucifixion avec le donateur Kaspar zu Rhein, ca 1492-1493. Technique mixte sur bois de tilleul. La Fère, musée Jeanne d'Aboville © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée Unterlinden, Colmar.
Sous le titre de Couleur, gloire et beauté, appellation fortement " soap passion ", assumée par Camille Broucke, et d’une scénographie ludique entre violet, bleu ardoise et blanc, le musée d’Unterlinden, aux exceptionnelles peintures anciennes dont Le Retable d’Issenheim, invite à un parcours entre peintres, commanditaires, ateliers, centres de production. Avec la présentation de deux nouvelles attributions : Martin Schongauer pour les volets restaurés du Retable de saint Barthélemy et sainte Marie-Madeleine (ca 1470) présentés à côté des Volets du Retable d’Orlier (ca 1475-1480) du même peintre, et Albrecht Dürer (ca 1492-1493) Crucifixion avec le donateur Kaspar zu Rhein, peinte durant son séjour bâlois.
Entourage du Maître de la Crucifixion de Blaubeuren, d’après Albrecht Dürer, Le Martyre des Dix Mille, ca 1500 (détail). Peinture à l’huile sur bois (résineux). Ville de La Fère © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts et d’archéologie, Besançon.
Cette dernière œuvre met en lumière le trop méconnu mais dynamique musée Jeanne d’Aboville à La Fère dans l'Aisne, également prêteur de La Flagellation du Christ du Maître de la Crucifixion de Blaubeuren (ca 1500) – remarquez les bouches boudeuses des quatre tortionnaires entourant le Sauveur attaché à la colonne - [Dijon], du Martyre des Dix Mille selon Albrecht Dürer par l’Entourage du Maître de la Crucifixion de Blaubeuren (ca 1500] - admirez les couleurs flamboyantes du flagellant des quatre légionnaires romains - [Besançon]. Elle avait un goût très sûr madame la comtesse d’Héricourt de Valincourt et la grande générosité de léguer ses peintures, en 1860, à cette cité ! Peu connu, ce musée dirigé par Mariel Hennequin ne va le rester lorsque les peintures seront de retour. C'est tout ce que nous pouvons lui souhaiter. https://mjaboville-lafere.fr/
Les donateurs sont de très importants contributeurs à l’enrichissement des institutions muséales comme le soulignent les essais du pertinent catalogue – une Bible de connaissances - consacrés aux collections Granvelle, Jean Guigoux, Marie-Henriette-Dard, Antoine Brasseur (pour Lille), aux enrichissements du Louvre (sous la plume de Baptiste Roelly ; quittant le musée Condé, Chantilly, il rejoindra bientôt le Petit Palais, Paris).
Lac de Constance (?) Le martyre d'un saint, ca 1500. Huile sur bois (épicéa). Musée Unterlinden, Colmar © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée Unterlinden, Colmar.
Initiant l’exposition colmarienne, le petit panneau sur bois, Martyr d’un saint (ca 1500], région du lac de Constante, met en évidence sa restauration et les éléments que celle-ci a apporté à l’identification de l’œuvre, non plus vue comme saint Hippolyte ou saint Georges martyrisé mais comme la mise à mort de Ludwig Etterlein en 1429 , source d’un culte d’initiative populaire, coordonné par la famille du défunt puis rapidement interdit par les autorités religieuses.
Anonyme bâlois (?) (peintures), Martin Hoffmann (sculptures), Retable de la Vie de la Vierge, cas 1515-1520. Peinture à l’huile et à la tempera sur bois (résineux). Luemschwiller, église Saint Christophe © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée Unterlinden, Colmar.
Caspar Isenmann (documenté entre 1432 et 1484), Volets du Retable de la Passion, [Panneau commun au Christ au mont des Oliviers et Arrestation du Christ], 1465. Huile et tempera sur bois au fond d'or (épicéa). Musée Unterlinden, Colmar © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée Unterlinden, Colmar.
La peinture est soit de dévotion personnelle, Retable de la Vie de la Vierge (ca 1480-1490) avec l'Annonciation sculptée au centre, soit publique Retable de la Vie de la Vierge, anonyme bâlois ? pour les peintures, Martin Hoffmann pour les sculptures dorées de deux saintes entourant la Vierge à l’Enfant [Colmar]. La peinture obéit à une commande précise et détaillée de son commanditaire, souvent figuré, Saint Augustin avec deux donateurs (ca 1480-1490), Maîtres des études de draperies [Colmar]. Le musée Unterlinden présente le contrat conclu en 1462 entre la collégiale Saint-Martin de Colmar et Caspar Isenman pour la conception du Retable de la Passion aux volets présentés ici dont celui du Christ au mont des Oliviers et son arrestation dans un regard vers les flamands et les italiens dans son langage corporel si vivant.
Unique œuvre non religieuse du parcours de Colmar, le Portrait d’un homme d’environ 25 ans (1519) d’une grande expressivité sous le pinceau si singulier, atypique, maniériste d’Hans Baldung Grien en dialogue avec ses Saint Georges en armure et Saint Thomas ? ébouriffé par le vent (ca 1528-1590).
Lucas Cranach l’Ancien et atelier, Portrait de Marie ou Marguerite de Saxe, 1534. Peinture sur bois. Lyon, musée des Beaux-Arts // Adam, Ève, ca 1508-1510. Huiles sur bois. Musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts et d’archéologie, Besançon.
Lucas Cranach l’Ancien (1472-1553), La Mélancolie, 1532. Huile sur bois. Musée Unterlinden, Colmar © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts et d’archéologie, Besançon.
Pour les portraits direction Besançon, qui a choisi l’anglicisme assuré d’un titre économique Made in Germany. Au mitan du parcours, la salle jaune réservée aux belles de Lucas Cranach l’Ancien et atelier, 2ème collection de cet artiste après celle du Louvre souligne Virginie Guffroy. Un grand portraitiste avec le Portrait de Marie ou de Marguerite de Saxe (1534) sur fond bleu, dans un luxe de détail, de précision, de jeux de couleurs, de ce peintre de la cour de l’électeur de Saxe Frédéric III le Sage dont son atelier nous a laissé le portrait (1532). Rival artistique d’Albrecht Dürer, son Adam et Ève (ca 1508-1510) est la copie du tableau éponyme de son contemporain, plus grand, qu’il peut avoir vu dans l’atelier de ce dernier en 1508 ; la seule différence est la pomme que la première femme de l’humanité a croqué, immortalisant l’instant de la prise de conscience dans son ambivalence, entre force et incertitudes humaines. Au milieu de cette salle capitale, Mélancolie (1532), " Joconde " d’Unterlinden, antithèse de la mythique estampe Melencolia I, beaucoup plus cérébrale, placée sous le signe de l’humanisme et de l’astrologie, ne cessant de nous interroger depuis que Dürer la grava en 1514. Les préceptes luthériens imprègnent l’huile colmarienne (acquise en 1983), dans ses renvois au vivre joyeusement et amoureusement dont le couple des perdrix et les quatre enfants nus en sont les représentations parlantes.
Salle Albrecht Dürer © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts et d’archéologie, Besançon.
Albrecht dispose, également d’une salle, plongée dans l’obscurité, pour deux temperas de Tête de garçon penchée vers la gauche, vers la droite, datables de 1506, année de son second voyage vénitien, dans une appropriation réussie des leçons italiennes. Et l’énigmatique Tête d’enfant barbu (1527), allégorie, anormalité, inachevée, curiosité. Toutes les interrogations sont ouvertes pour cette tempera entrée dans les collections royales de la Couronne en 1671.
© Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts et d’archéologie, Besançon.
Franconie, Nuremberg, Portrait de jeune homme, ca 1503. Huile sur bois (tilleul). Colmar, musée Unterlinden // Georg Pencz, Portrait de femme, 1545. Huile sur toile. Musée de Grenoble © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts et d’archéologie, Besançon.
Hans Maler (ca 1480 ca 1529), Matthaüs Schwartz, collaborateur des banquiers Fugger d’Augsbourg, 1526. Peinture sur bois. Musée du Louvre © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts et d’archéologie, Besançon.
Un air de " Bartabas " ou de " Jean-Paul Gaultier fashion " ? Ou whistlerien " Arrangement en noir, argent et ocre " selon la notice de Bobo Brnkann, conservateur au Kunstmuseum de Bâle ? De nombreux qualificatifs et divers noms de peintres avancés pour Portrait de jeune homme (ca 1505), peinture de la Franconie. A son revers, le drame ovidien de la fidélité de l’amour jusqu’à la mort, Pyrame et Thisbé. La possibilité de la commande d’un couple fiancé ou marié. Moins énigmatique, Portrait de jeune femme (ca 1500-1550) de Georg Pencz, nous regardant droit dans les yeux, presqu’une inconvenance de ne pas baisser les yeux, manifestation d’une conscience de soi affirmée. Le " fashion banquier " Matthaüs Schwarz (1526), Hans Maler, arbore la tenue de deuil qu’il porte depuis la mort de son patron Jakob Fugger en décembre 1525 ; il est également l’auteur du Livre des costumes dans lequel il consigna les vêtements qu’il porta pendant 40 ans.
Nikolaus Schit, Saint Georges combattant le dragon, ca 1500. Peinture sur bois. Orléans, musée des Beaux-Arts © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts, Dijon.
Autriche, La Vierge à l’écritoire, ca 1420. Peinture sur bois (tilleul), Paris, musée du Louvre © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts, Dijon.
Ce n’est pas Jeanne d’Arc qui nous accueille mais un fougueux Saint Georges combattant le dragon (ca 1500) de Nikolaus Schit aux couleurs très appuyées souligne Lola Fondbertasse en nous présentant l’exposition de Dijon, le personnage aux traits androgynes ayant longtemps été considéré comme la Pucelle. De l’Atelier de Maître Bertram, Épisodes de la Vie de la Vierge et de la Passion du Christ (1370-1380) sont couleurs chatoyantes et lignes élégantes. À ses côtés, La Vierge à l’écritoire (ca 1420, école autrichienne, s’inscrit dans le mouvement du gothique international, dans le style élégant et raffiné, aux couleurs délicates, dans la dualité Enfant Dieu / Vierge, dans cette rarissime iconographie de Marie apprenant au futur Sauveur à lire et à écrire.
Atelier de Hans Pleydenwurff (actif vers 1440 - 1471-1472), La Décollation d'une vierge (sainte Catherine d'Alexandrie ?) (détail). Peinture sur bois (chêne). Creuse, Chambon-sur-Voueize, abbatiale Sainte Valérie © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts, Dijon.
Entourage de Michael Wolgemut et Michael Wolgemut (ca 1435-1519), Christ de douleur, ca 1480-1490. Huile et or sur bois (sapin). Vienne, Belvedere Museum // Vierge de douleur, ca 1485. Huile et or sur bois (sapin). Paris, musée Jacquemart-André © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts, Dijon.
Au-delà de la présentation de peintures propres à ravir ou émouvoir l’âme des fidèles et l’œil des connoisseurs, l'exposition met en avant des œuvres conservées dans des lieux hors des circuits touristiques. Telle La décollation d’une vierge (sainte Catherine d’Alexandrie ?) (ca 1465) de l’Atelier d’Hans Pleydenwurff, de la majestueuse abbatiale de Chambon-sur-Voueize en Creuse ; l’on admirera la richesse du rendu du brocard de la robe de la future sainte. De l’entourage de ce même maître avec la présence de Michael Wolgemut, une Vierge de douleur (ca 1485) et un Christ de douleur (ca1480-1490) - ce dernier un prêt hors France, du Belvedere Museum à Vienne -, huiles et or sur bois dans une exacerbation de la souffrance dans des larmes de la mère et des larmes de sang christiques. Une autre œuvre, entourage du Maître du Livre de raison, La Mort de la Vierge (ca 1475-1480) est un prêt du Wallraf-Richartz Museum, Fondation Corboud, Cologne. Les Saints martyrs flagellés et couronnés d'épines, Saints martyrs crucifiés (ca 1460), prêt du musée Calvet, est d'une main encore inconnue, d'un artiste très attentif aux trognes caricaturales des soldats tortionnaires dont les ombres sont significativement marquées.
Atelier à l'œillet et au brin de lavande, La Visitation, ca 1500. Tempera sur bois. Dijon, musée des Beaux-Arts // Volets d'un retable de la Passion, ca 1500. Huile sur bois (sapin). Dijon, musée des Beaux-Arts © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts, Dijon.
Comme à Besançon et à Colmar, un focus est porté sur un peintre à Dijon. Ici, celui du groupe suisse dénommé Atelier à l'œillet et au brin de lavande (Thüring Meyerhofer [documenté entre 1486 et 1505] ?) - ces deux fleurs signant chaque panneau - dont les Volets d'un retable de la Passion, Saintes Ursule et Barbe, Saints Otmar et Fridolin, la Circoncision sont montrés. Colmar a fait le choix du Maître des études de draperies, établi à Strasbourg, d'une grande finesse d'exécution, au fond d'or gravé, pour sainte Marguerite, saint Conrad, saint Augustin. De lui, non présentés à l'exposition d'Unterlinden, les dix panneaux de la Passion du Christ, avec la représentations de différents donateurs par leurs armoiries ou leurs figures, sont reproduits dans le catalogue.
De droite vers la gauche, Konrad Witz (ca 1400-1410 - 1444-1447), L'Empereur Auguste et la sybille de Tibur, ca 1435. Peinture sur bois (chêne) // Saint-Augustin, ca 1435. Peinture sur bois (chêne). Musée des Beaux-Arts de Dijon, legs Marie-Henriette Dard, 1916 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts, Dijon.
Reproduit en couverture du catalogue, L'Empereur Auguste et la sybille de Tibur (ca 1435), sur fond d'or, de Konrad Witz - vraisemblablement gaucher selon la lecture du catalogue - donne beaucoup d'importance au vêtement du romain. Sur son revers, avant que les faces ne soient scindées, Saint Augustin, sur fond blanc, occupant l'espace, avec l'ouverture d'une fenêtre.
Intrusion de l'inclusif et de l'anglais sur le cartel de Hans Maler, Matthaüs Schwartz, collaborateur des banquiers Fugger d’Augsbourg © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts et d’archéologie, Besançon.
Anglicisme Made in Germany du titre de l’exposition, irruption - apprentissage (?) - de l’inclusif sur un cartel à l'attention des jeunes visiteurs de cet établissement municipal de Besançon ! Souhait de la mairie Europe Ecologie Les Verts ou de la direction de cette institution ? Le texte que l'on peut lire dans l'angle supérieur gauche du portrait n'indique nullement sa date de naissance. Seuls sont indiqués la date du 20 février 1526 [20 Febrvari Anno 1526] et son âge de 29 ans [Da ich was krad 29 / Jar alt].
Dessins germaniques des XVe et XVIe siècles © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, musée des beaux-arts et d’archéologie, Besançon.
Prolongeant l’exposition de Besançon, un choix de dessins germaniques des XVe et XVIe siècles de son cabinet d’arts graphiques (6 000 dessins, 2 000 estampes). Ces dessins ont tous été réétudiés ; désormais la Chauve-souris, longtemps attribuée à Dürer, redevient anonyme. Pour l’instant.
(2) Exposition au musée de La Fère Des collections révélées. Dix ans de restauration au musée Jeanne d'Aboville (jusqu'à février 2025). Trente œuvres ont été restaurées, bénéficiant du soutien de la DRAC Hauts-de-France, du département de l’Aisne, de l’Association des amis du Musée Jeanne d'Aboville, du musée San Domenico de Forli, du musée des Beaux-Arts de Dijon ET d'un donateur privé souhaitant rester anonyme.
https://ville-lafere.fr/expo-musee-jeanne-daboville-des-collections-revelees/
© Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Colmar, Besançon, Dijon.
Maîtres et merveilles. Peintures germaniques des collections françaises (1370-1530)
4 mai - 23 septembre 2024 - Musée des beaux-arts, Dijon
Album de l’exposition sous la direction d’Isabelle Dubois-Brinkmann, Aude Briau et Lola Fondbertasse. 48 pages, 50 illustrations. Prix 10 € (en service de presse)
Couleur, Gloire et Beauté. Peintures germaniques des collections françaises (1420-1536)
4 mai – 23 septembre 2024 - Musée Unterlinden, Colmar
https://www.musee-unterlinden.com/
Made in Germany. Peintures germaniques des collections françaises (1500-1550)
4 mai – 23 septembre 2024 - Musée des beaux-arts et d’archéologie, Besançon
https://www.mbaa.besancon.fr/les-collections/art-graphique/
Commissariat scientifique Isabelle Dubois-Brinkmann, conservatrice en chef du patrimoine, directrice des musées municipaux de Mulhouse depuis le 1er janvier 2024 [où elle fut conservatrice en chef de 2014 à 2019], précédemment pensionnaire à l’INHA et Aude Briau, doctorante en histoire de l’art, chargée d’études et de recherche à l’INHA.
Co-commissariat - Besançon : Virginie Guffroy, conservatrice chargée des peintures, sculptures et objets d’arts et Amandine Royer, conservatrice chargée des arts graphiques, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon - Colmar : Camille Broucke, conservatrice du patrimoine chargée des collections d’art ancien, directrice et Magali Haas, documentaliste scientifique, chargée des collections d’arts graphiques, musée Unterlinden de Colmar - Dijon : Lola Fondbertasse, conservatrice chargée des collections médiévales, musée des Beaux-Arts de Dijon.
Peintures germaniques des collections françaises (1370-1550). Catalogue dans une très belle mise en page. Commun aux trois expositions. 416 pages. 200 illustrations. Coédition Institut national d’histoire de l’art. En français et en allemand. Petit prix de 39 € puisque cet ouvrage est mécéné. (en service de presse)