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Gilles Kraemer

"Terra Incognita". Dans une zone instable et mouvante, concert-performance à l’écoute de Zone critique créée ce samedi 18 février 2023 au Collège des Bernardins en clôture de Terra Mysteriosa. La Question sans réponse, Festival des Bernardins Opus 4. (1)

Concert-performance Zone critique © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, 18 février 2023, Collège des Bernardins, Paris.

Un nouveau monde composite et recomposé, construit de pièces de musique ancienne, électroacoustique, de vidéos, de textes lus ou enregistrés. Un voyage en "Terra Incognita", une "Zone critique" à décrypter avec cette création sonore initiée et récitée par Jérôme Gaillardet, professeur de sciences de la Terre à l’institut de Physique du Globe de Paris, Jean-Pierre Seyvos, compositeur et chef d’orchestre à la tête de l’ensemble lyrique Les Épopées, Olivier Duperron en étant le créateur sonore.

Selon la thèse du philosophe Bruno Latour (1947 - 2022), nous sommes arrivés à une nouvelle époque de changement de représentation du monde. Ce changement met en lumière ce que les scientifiques appellent la zone critique, cette zone de vie qui est à la surface de la terre et comprend à la fois quelques centaines de mètres à l’intérieur et quelques centaines de mètres au-dessus. Ce nouveau paradigme qui se fait jour au XXIème siècle est semblable à celui de la fin du XVIème siècle, avec les révolutions Copernicienne et Galiléenne, mais inversé. Les grandes découvertes donnaient à penser le monde comme n’ayant pas de limite, l’homme étant son centre. La nouvelle pensée place tout le vivant à pied d’égalité, confiné dans la zone critique. Notre nouvelle "Terra Incognita" que nous devons découvrir.

Le Kyrie de la messe à quatre voix du compositeur et organiste anglais William Byrd (ca 1543 -1623) ouvre cette création, suivi d’un extrait de l'Orfeo de Claudio Monteverdi (1607) considéré comme le premier opéra occidental puis de Torna, deh torna de Giulio Caccini (1551-1618) avant que Jérôme Gaillardet nous explique ce qu’est la zone critique puis que ne retentisse, tel un son issu de la terre, Prologue - Intra-terrestre. Dans une évocation de frictions et de heurts, un magma bouillonnant à travers La rotation du carbone - Hommage à Ebelmen le chimiste suivi de Wetness – Le cycle de l’eau, textes d’Anuradha et Dilip da Cunha, musique évocatrice du bruit de l’eau dans un environnement de trois vidéos d’étendues maritimes. De quoi s’interroger sur savoir où nous sommes selon Bruno Latour. Retour musical avec Cristofano Malvezzi (1547-1599) et sa pièce vocale Dalle più alte sfere (1589) autour de l’harmonie des sphères, puis la déclamation du poème Solastalgie de Bruno Latour sur des vidéos d’oiseaux dans le ciel. Retour vers les mouvances, celles de Biosphère – Hélios et Hadès, dans des oppositions et conflits entre l’énergie du soleil et les mouvements de plaques tectoniques puis des temps intercalants voix et musiques et projections de vidéos.  

Concert-performance Zone critique © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, 18 février 2023, Collège des Bernardins, Paris.

Chaleureux applaudissements de cette création confidentielle réunissant une centaine de personnes. Dans le souvenir du sociologue Bruno Latour, disparu il y a juste quatre mois, le 9 octobre 2022.

 

 

Zone Critique - concert performance

18 février 2023 - Collège des Bernardins - Paris

Composition et direction musicale Jean-Pierre Seyvos

Compagnie Les Épopées - Claire Lefilliatre, voix - Agnès Boissonnot-Guilbault et Marie-Suzanne de Loye, viole de gambe - Julian Rinçon, flûte à bec, dulciane et basson - Stéphane Fuget, orgue et direction de Les Épopées

Olivier Duperron, création sonore

Jérôme Gaillardet, récitant - Avec les voix enregistrées de Bruno Latour, Barbara Kiolbassa et Jérôme Gaillardet

Images Camille de Chenay et Lison Talgrand, œuvre de Sarah Sze

Scénographie Françoise Henry

Collaboration à la dramaturgie Chloé Latour

in situ au Collège des Bernardins, exposition Anima de Laurent Grasso © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, 18 février 2023.

Laurent Grasso, Studies into the Past.  Huile sur bois © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, 18 février 2023, Collège des Bernardins, Paris.

(1) Du 14 octobre 2022 au 18 février 2023, les Bernardins accueillaient ANIMA, exposition de Laurent Grasso (1972). L’artiste présentait la vidéo Anima - tournée aux abords du Mur païen édifié sur près de 11 kilomètres dans la forêt qui entoure le Mont Sainte-Odile, une énigme archéologique, lieu où naissent des feux spontanés –, une nouvelle série de peintures Studies into the Past, des nefs d’églises, dans le dépouillement de la peinture hollandaise et le renvoi à la mortelle vanité. À la forêt du Mont Sainte-Odile, son lieu d'inspiration, répondaient les colonnes de la voûte cistercienne du Collège des Bernardins sur lesquelles venaient se fixer cette série d’huiles sur bois très réalistes. Une sculpture Anima figurant un jeune garçon tenant dans ses bras un renard, inspirée par l’apparition de cet animal dans la vidéo, The Owl of Minerva sculpture lumineuse en onyx évoquant la silhouette simplifiée de la chouette de Minerve et des Panoptes, des branches en bronze couvertes de multiples yeux complétaient ce parcours.

Laurent Grasso, Anima, Film HR, 18’14’’. Musique composée par Warren Ellis. Dans cette ancienne sacristie où est projetée cette vidéo, des assises en marbre représentant des polyèdres de Platon et d’Archimède. Souvenance de la gravure Melancolia I d'Albrecht Dürer ?  © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, 18 février 2023, Collège des Bernardins, Paris.

 

 

Tag(s) : #Expositions Paris, #Italie, #Opéra et Musique
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