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Publié par Gilles Kraemer

Gilles Kraemer (envoyé à Massignac)

Au Domaine des Étangs, en Charente limousine, au cœur d’un écrin naturel de 1 000 hectares, l’art contemporain est présent, se plaît à le souligner Garance Primat, dynamique dirigeante de ce lieu magique, ajoutant Prenez une grande inspiration en visitant ce lieu, dans ce domaine hors du temps. Lieu unique, lieu magique, lieu né du ciel car dans le périmètre du cratère de la météorite de Rochechouart tombée ici, il y a 215 millions d’années.

Garance devant l'oeuvre de Tomás Saraceno, Cloud Cities : du sol au soleil, 2022 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2022.

La libellule, Garance l’a choisie comme emblème de ce domaine qu’elle tient de ses parents, un lieu très cher en émotions, chargé de souvenirs de vacances passées ici en famille. De cet odonate, elle en parlerait des heures et des heures, intarissable sur cet insecte voyageant entre terre et ciel, symbole de l’équilibre, un état de notre écosystème et de la biodiversité. Très fière de préciser que le domaine, travaillant avec l’OPIE [Office Pour les Insectes et leur Environnement], est l’un des sites de référencement scientifique pour l’observation des libellules en France métropolitaine, celles-ci trouvant ici les éléments essentiels pour elles, l’eau stagnante, l’étang, le marais, le jardin, la forêt et les sous-bois, les prairies.

Les sculptures sont disséminées tout au long d’un parcours s’effectuant, à pieds, en deux heures, parfois cachées au cœur d’une clairière, près de l’étang, dans la chênaie, une présence tellement innée, nullement intrusive dans cet espace sauvage, chaque artiste ayant choisi l’endroit où elle devra être.

Tomás Saraceno (1973), Cloud Cities : du sol au soleil, 2022 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2022.

Cloud Cities : du sol au soleil (2022), de Tomás Saraceno, est installée, au-dessus de l’étang, une œuvre emblématique de cet artiste argentin. Monumentale. Légèrement excentrée du parcours, elle joue, pour Garance, de l’idée de l’infiniment grand et du cosmos, de l’infiniment petit et de la cellule, avec ses trois nuages utopiques pouvant devenir des villes flottantes dans l’espace. 

Ugo Rondinone (1964), The Sun, 2017. Bronze doré. 490 x 536 x 53 cm. © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2022.

Irina Rasquinet (1974), Mère veilleuse, (2016). Cinq sculptures dorées © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2022.

L’œuvre d’Irina Rasquinet, Mère veilleuse (2016), est la plus ancienne installée ici, cinq sculptures dorées, comme des matriochkas russes ou des kokeshis japonaises. Entre l’arrière du château et étang, sur la pelouse, ces sculptures sont les gardiennes tutélaires du domaine, des mères protectrices veillant sur leurs familles, renvoyant intimement à la jeunesse de Garance lorsque les siens et elle habitaient cette demeure transformée en un hôtel très confortable. Une sculpture du temps du bonheur, du temps heureux passé, se poursuivant toujours.

Richard Long (Grande-Bretagne, 1945), Ring of White Marble,1993 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2022.

A côté, Ring of White Marble de la figure tutélaire du Land art Richard Long, un immense cercle de marbre blanc, ce cercle si cher à Giotto, ce cercle de la perfection. En dialogue avec Garance, si attachée à la nature qui travaille d’une façon circulaire car, pour moi, l’équilibre est circulaire. La circularité n’est pas brisée et nous, les humains nous la brisons. Pour moi, le cercle est le principe même du fonctionnement de la nature qui se retrouve dans une autre œuvre, celle d’Ugo Rondinone, The Sund, composée de branches coulées en bronze puis dorées. Son emplacement n’a pas été choisi au hasard, puisque son orientation plein-est est dans l’accueil du lever du soleil. Cette œuvre est véritablement au service de la nature, comme toutes les pièces ici, ouvrant des portes d’observation chaque fois différentes de la nature. Telle une nouvelle façon d’apprendre à ralentir son pas et d’observer la nature conclut Garance.

Lee Ufan (Corée du Sud, 1936), Relatum - L’ombre des étoiles, 2014. Cinquante mètres de long, constituée de quarante plaques de tôle rouge, espace minéral de marbre blanc, sept pierres en granit © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2022.

Jean-Michel Othoniel (1964), Collier Or #3 et Collier Or #11, 2021 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2022.

Œuvre réadaptée pour le domaine, Relatum – l’ombre des étoiles de Lee Ufan que nous avions pu voir dans le domaine de Versailles à l’été 2014, a trouvé place dans une immense prairie, dans un espace largement ouvert. Un grand cercle de marbre blanc, enserré dans des plaques de fer, sept immenses pierres en granit, leurs ombres peintes sur le sol. (1). Autres pièces, les deux Colliers #3 et #11 de Jean-Michel Othoniel présentés en 2021 dans le jardin intérieur du Petit Palais, lors de la rétrospective que cette institution parisienne consacra à cet artiste, commissariat de Christophe Leribault. Ils ont trouvé, tout naturellement leur place, suspendus très haut, dans deux tilleuls, voisinant dans leur couvrure d’or avec le cercle de Rondinone. (2). Entre ces trois œuvres, La Vénus de l’étang a naturellement trouvé sa place, une commande à Wang Keping (1949) qui l’a sculptée dans un chêne rouge du domaine qu’il fallait absolument abattre car malade. Une nouvelle vie sous la gouge de cet artiste chinois qui fut accueilli au domaine, en résidence artistique. 

Wang Keping devant la Vénus de l’Etang, 2020 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2022.

Wang Keping devant la Vénus de l’Etang, 2020 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2022.

Tony Gragg, Early Form © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2022.

La fonte Early Form (1993) de Tony Gragg, ondulante dans ses formes, surplombe un petit monticule, à côté du château, dont la direction est indiquée par les étoiles de mer To Whom It May Concern (2018) d’Elmgreen & Dragset, plantées dans le sol. 

Espace d’art La Laiterie, vue de l’exposition Tomás Saraceno, Du sol au soleil © Arthur Pequin

Jusqu’au 13 novembre 2022, la Laiterie accueille l’exposition de Tomás Saraceno, Du sol au soleil, commissariat de Rebecca Lamarche-Vadel. Conçue comme une déambulation à travers des univers humains et non-humains, dévoilant les chorégraphies et les liens infinis mais fragiles qui les unissent. D’une toile d’araignée à un ballon volant sans énergie fossile, de jardins flottants à la partition cachée des phénomènes célestes, l’exposition explore les liens qui existent sur, sous et au-delà de la surface terrestre, et qui prennent place dans un Cosmos partagé, au travers plus de vingt œuvres historiques et inédites, de 2016 à aujourd’hui.

Cette exposition entre en dialogue avec l'installation cette année de l'œuvre permanente et monumentale Du sol au soleil. L’on se souvient de la carte blanche ON AIR que lui avait accordée le Palais de Tokyo, lorsque les araignées avaient pris possession de cette institution, sous le commissariat de Rebecca Lamarche-Vadel (17 octobre 2018 - 06 janvier 2019). La prochaine exposition sera confiée à la commissaire Claudia Paetzold.

Johan Creten (1963), de la série Glorie. Grès émaillé, lustre or. Sous le regard de l'architecte d'intérieur Isabelle Stanislas © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2022.

Ce domaine propose au visiteur une expérience sensible intense avec son potager en permaculture, son restaurant, son hôtel où l’on peut voir dans les parties communes quelques œuvres d’art de la Collection Dragonfly constituée par Garance (dont un grès émaillé de Johan Creten), son espace de bien-être, son exploitation agricole avec un élevage biologique de vaches limousines, des étangs, une forêt certifiée PEFC, des prairies, des ruchers en biodynamie.

 

L'harmonie avec les saisons - ici l'automne -, la richesse des produits. Sublimes risotto aux cèpes et aux légumes © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2022.

Le Domaine s’insère dans le parcours Arts, Nature & Patrimoine, sur les territoires de la Charente et du Limousin, réunissant le Domaine de Boisbuchet, le musée d’art contemporain de la Haute-Vienne - château de Rochechouart, le château de la Borie et le Centre international d’art & du paysage - île de Vassivière si connu pour son architecture due à Aldo Rossi et Xavier Fabre (3).

 

 

 

(1)  http://www.lecurieuxdesarts.fr/2014/10/lee-ufan-a-versailles-dans-un-dialogue-avec-andre-le-notre.html 

(2)  http://www.lecurieuxdesarts.fr/2021/10/les-deux-palais-parisiens-de-jean-michel-othoniel.html 

(3) http://www.lecurieuxdesarts.fr/2022/05/isa-melsheimer-la-nature-dans-l-architecture-centre-international-d-art-du-paysage.html

 

Le Domaine des Étangs

16 310 Massignac (Charente)

Hôtel, restaurant, spa, parcours d’art

À 2h30 de Paris en TGV jusqu’à Angoulême puis 35 minutes de voiture. Sans oublier de visiter le Trésor de Jean-Michel Othoniel http://www.lecurieuxdesarts.fr/2022/07/a-angouleme-le-tresor-cache-de-jean-michel-othoniel.html

Accès depuis l’aéroport de Limoges

Entrée : 4 euros. Visites guidées de 1h30 de l’exposition et du Parcours d’art, 10 €.

https://domainedesetangs.com/fr/

 

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