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Publié par Gilles Kraemer & Antoine Prodhomme

Gilles Kraemer (déplacement et séjour personnel à Céret)

Antoine Prodhomme pour les photographies

Le boulevard Raspail, au croisement du boulevard du Montparnasse, ca 1910, photographie de Léon & Levy/Roger-Viollet © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, entrée de l'exposition, Céret, août 2022.

Rouvert cette année, le musée d'Art moderne de Céret, "Mecque du cubisme", a misé pour son exposition d’été et d’automne sur un trio gagnant à tous les coups : Chagall, Modigliani, Soutine. Le succès aurait-il été au rendez-vous avec L’École de Paris. Csáky, Kikoïne, Mela Mutter ? À en douter… 

Le mur des artistes à l'entrée de l'exposition © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, Céret, août 2022.

"Être absolument dans l’air du temps". Non pas celui des femmes peintres, des héroïnes, des femmes de pouvoir ou des pionnières des Années folles, comme ce printemps 2022. (1) Mais celui d’artistes venus, de différents pays d’Europe, s’installer à Paris dans la première moitié du XXe siècle, fuyant aussi les situations politiques ou économiques de leurs pays. Concomitance du même sujet européen dans ce département des Pyrénées-Orientales puisqu’à 21 kilomètres Collioure, quittant son aura fauviste, est décrétée Babel des arts avec son exposition au musée d’Art moderne La différence avec la cité cérétane, c’est qu’il n’y a malheureusement pas foule à la Villa Pams. Dommage, bien dommage pour cette exposition intéressante... Manque "d'envoyés spéciaux" pour en rendre compte ? (2) 

František Kupka (Opocno, République tchèque 1871 - 1957 Puteaux), La gamme jaune, 1907. Don Eugénie Kupka en 1963  //  Disques de Newton, Etude pour Fugue à deux couleurs, 1911-1912. Don Eugénie Kupka en 1959  //  Etude pour Amorpha, Fugue à deux couleurs, 1911-1912. Achat 1957  //   Centre Pompidou, Paris - Musée national d’art moderne © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, Céret, août 2022.

Eugène Zak (Mogilno, Pologne 1884-1926 Paris ), Le jouet, 1924. Don Edvige Zak, 1937  //  Amedeo Modigliani (Livourne 1884-1920 Paris), Gaston Modot, 1918. Don Alex Maguy-Glass, 2022  //  Portrait de Dédie (Odette Hayden), 1918. Donation M. & Mme André Lefèvre, 1952  //  Centre Pompidou, Paris - Musée national d’art moderne © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, Céret, août 2022.

L’exposition entre dans la politique territoriale du Centre Georges Pompidou. Au-delà de dépôts importants de l’institution parisienne dans le parcours permanent du musée de Céret, cette exposition de tableaux, photographies et sculptures, parfois iconiques, est une réussite parfaite. Plaisir de revoir toutes ces œuvres de Sonia Delaunay, Jeune fille endormie ou František Kupka, La gamme jaune à Moïse Kisling par Modigliani ou la photographe Florence Henri, Vitrines. Du Groom du Biélorusse Chaïm Soutine, couverture du catalogue, séjournant à Céret d’octobre 1919 à 1922 au bronze de Daniel Ossipovitch Widhopff, dans une posture massive très Ingres-Picasso par sa collègue l’Ukrainienne Chana Orloff. Trente-sept artistes, de l’Allemand Max Beckmann au Polonais Eugène Zak, certains étant plus mis en avant par le nombre d’œuvres présentées : le photographe Hongrois André Kertész, l’italien Amedeo Modigliani, naturellement Chaïm Soutine (le Centre, qui ne possède aucune toile cérétane de l'artiste qui peignit ici environ 200 toiles, a prêté 1/3 de ses Soutine) et Kees Van Dongen.  Dans une progression historico-thématique, l’exposition aborde le fauvisme, l’abstraction, le bâtiment emblématique de la Ruche, Chagall pour retrouver le quartier de Montparnasse autour de Foujita, Kisling, Modigliani, Zak, la photographie de la transformation de la vie citadine puis une ronde de portraits dont ceux du Bulgare Jules Pascin et de Soutine.

Kees Van Dongen, Tableau, 1913. Huile sur toile. 195,5 x 130,5 cm.. Donation Augusta Van Dongen, 1985. Centre Pompidou, Paris - Musée national d’art moderne © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, Céret, août 2022.

Chana Orloff (Tsare-Constantinovka, Ukraine 1888-1968 Tel Aviv), Le peintre Daniel O. Widhopff, 1923. Bronze, fonte Alexis Rudier. Achat de l'Etat, 1946. Centre Pompidou, Paris - Musée national d’art moderne © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, Céret, août 2022.

Max Beckmann (Leipzig 1884 - 1950 New-York), Bildnis eines Franzosen (Portrait d’un Français), 1933. Huile sur toile. 70 × 60 cm.. Achat avec le concours du Fonds du patrimoine, 2006. Centre Pompidou, Paris - Musée national d’art moderne  //  Tamara Gorska, dite Tamara de Lempicka (Varsovie 1898 - 1980 Cuernavaca, Mexique), Portrait du baron Raoul Kuffner, 1932. Huile sur bois. 36 x 27 cm.. Don de l’artiste, 1976. Centre Pompidou, Paris - Musée national d’art moderne © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, Céret, août 2022.

Après s’être ouverte par le coup d’éclat de Tableau (1913) du néerlandais Kees Van Dongen, installé en France en 1899, peinture figurant son épouse Guss, dans un nu frontal, outrageant la pudeur pour être décroché du Salon d’automne avant son ouverture au public, l’exposition se termine avec la Polonaise Tamara de Lempicka Portrait du baron Raoul Kuffner (1932) [son futur second époux] et Portrait d’un Français (1933) selon l’Allemand Max Beckmann. Parité respectée.

Alfred Reth (Budapest, Hongrie 1884-1966 Paris), Le restaurant Hubin, 1913. Achat de l'Etat, 1955  //  Louis Marcoussis(Varsovie 1878-1941 Cusset), Nature morte au damier, 1912. Achat 1950  //  Centre Pompidou, Paris - Musée national d’art moderne © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, Céret, août 2022.

Pour son exposition inaugurale de l’été, un sans-faute prévisible pour cette institution fermée seulement de novembre 2019 à mars 2022 pour les travaux d’agrandissement dans le geste architectural très fort et minimaliste de Pierre-Louis Faloci Architecte. Une réussite parfaite dans cette ente avec l’ancien bâtiment rénové et agrandi en 1993 par Jaume Freixa. Le bâtiment a été augmenté de 1 270 m² avec un espace d’exposition bénéficiant d’un éclairage zénithal (556 m²), des réserves, des ateliers et un belvédère. Le coût global des travaux et des études s’est élevé à 7 483 000 € H.T..

L'exposition de 2023 n'a pas encore été annoncée par Nathalie Galissot, conservatrice en chef, directrice de ce musée depuis février 2012. 

 

Pour mémoire, le musée Bonnat-Helleu de Bayonne est fermé depuis 2011 pour des travaux d’agrandissement et de rénovation, ouverture prévue en 2026 selon la dernière annonce du maire en juillet 2022. Juste à temps pour le centenaire de la mort de Paul-César Helleu (1859-1927), l’exposition du centenaire de la mort de Léon Bonnat (1833-1922) étant accueillie par le musée Basque et de l’histoire de Bayonne et sa directrice Sabine Cazenave, l’un des co-commissaires.

© Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, Céret, août 2022.

(1) Révoltées, mourantes ou en pâmoisons, les héroïnes romantiques. Révoltées, mourantes ou en pâmoisons, les héroïnes romantiques - (lecurieuxdesarts.fr)

(2) Collioure, une Babel des arts en pays catalan au XXe siècle. Collioure, une Babel des arts en pays catalan au XXe siècle - (lecurieuxdesarts.fr)

© Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, Céret, août 2022.

L’École de Paris. Chagall, Modigliani, Soutine & Cie

Il s’agit de la reprise de Rendez-vous à Paris, Picasso, Chagall, Modigliani & Cie (1900-1930) organisée en 2019 au Louvre Abou Dhabi par le Centre Pompidou, France Museums et le Louvre Abu Dhabi

9 juillet – 13 novembre 2022

Musée d’art moderne de Céret – 66 400 Céret

Commissariat de Christian Briend assisté d’Anne Hiddleston-Galloni

Catalogue. Essais de Christian Brienci, Pascale Samuel. Textes Anna Hiddleston-Galloni, Christian Briend, Anne Lemonnier, Julie Jones. 166 pages. Éditions SilvanaEditoriale. Prix 25 €. Parfaite mise en page de ce catalogue.

https://www.musee-ceret.com/

 

 

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