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Publié par Gilles Kraemer

Gilles Kraemer

(déplacement et séjour à Venise à titre personnel)

Pietro Chiesa, Lampe de table, dessiné vers 1940. Feuille de verre, laiton. 55 x Ø 31 cm.. Collection particulière, Udine © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Venise, 2022.

Aux Stanze del Vetro vénitiennes, FontanaArte. Vivere nel vetro, House of Glass retrace soixante-quatre années de l’histoire de cette iconique maison milanaise. De 1932 avec Gio Ponti et Pietro Chiesa en 1933 à 1996 et Gae Aulenti avec l’incise, de 1954 à 1967, du français Max Ingrand, ce sont quatre grands directeurs artistiques dans l’itinéraire historique et stylistique de cette maison, du modernisme au post-modernisme qui sont évoqués. Soixante-quatre années du design italien dans la transparence de la feuille de verre.

Créée en 1932, comme division de la maison mère Luigi Fontana & Compagnia - maison de production industrielle de plaques de verre pour le bâtiment, fondée en 1881 par Luigi Fontana et dédiée au "verre flottant" - la FontanaArte a travaillé uniquement avec la simple feuille de verre, matériau industriel qui, sous la magie de designers, devient une œuvre classique, intemporelle. Réponse en quatre-vingt-cinq exceptionnels objets dans le parcours transparent et chronologique de cette exposition.

Gae Aulenti, Table Tour, dessiné en 1993. Verre, acier chromé, caoutchouc. 75 x 120 x 120 cm. // Sur la tablette, Lampe de table modèle 2656, dessiné en 1980 par Umberto Riva (1928-2021), collection Casati Gallery  // Vase modèle 2665, dessiné vers 1979 par Ettore Sottsass, collection Alessandro Rabottini et David Sheldon // FontanaArte. Vivere nel vetro. Vue de l’exposition. Photographie Enrico Fiorese, courtesy LE STANZE DEL VETRO. 2022.

Sur la couverture du catalogue – remarquable comme tous ceux accompagnant les incontournables expositions des Stanze – la Table Tour, dessinée en 1993 par Gae Aulenti, une plaque de verre carrée posée sur quatre roues de vélo, dans cette rencontre improbable entre la délicatesse du verre et l’instabilité des roues de la "petite reine" si chère aux Italiens. Fille de la Table roue, dessinée en 1980 par cette architecte inspirée par les palettes à roulettes sur lesquelles les ouvriers de FontanaArte transportaient des plaques de verre. D’où l’idée de cette table basse apparue tellement incongrue mais tellement fonctionnelle. Treize ans plus tard, Gae Aulenti renouvelle son regard sur Table roue devenue intemporelle avec Table Tour, façon ready-made Marcel Duchamp ; la même année Gae Aulenti mettait en scène la rétrospective de Duchamp au Palazzo Grassi appartenant alors aux Agnelli, palais dont, associée avec le vénitien Antonio Foscari, elle avait revu remarquablement le parcours. L’aménagement actuel de Tadao Ando est beaucoup trop radical et moins magique.

Gio Ponti, Coupe et piédestal, dessiné en 1930. Cristal, miroir sablé, bois. 140 x Ø 111 cm.. Collection du Palazzo del Quirinale © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Venise, 2022. La première collaboration Luigi Fontana Gio Ponti remonte à 1930 et à la Biennale de Monza au cours de laquelle fut présentée la monumentale coupe bleue, un objet extraordinaire et luxueux

Gio Ponti, Coupe et piédestal, commande pour la Villa Torpliz, Varese. Ca 1934. Verre, bois, métal. 149,9 x Ø 135,9 cm.. The Wolfosian-Florida International University, Miami Beach, Floride © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Venise, 2022.

 

 

 

Gio Ponti, Lustre 0024, dessiné en 1933. Verre, laiton, nickel. 50 x Ø 45 cm.. Marco Arioso, Milan © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Venise, 2022. La création de Ponti pour FontanaArte explore la géométrie pure dans cet éclairage à la forme sphérique avec l’usage de plaques de verre superposées diffusant la lumière au travers de la circonférence des différents disques.

En 1933, Pietro Chiesa (1892-1948) est nommé directeur artistique, succédant à Gio Ponti (1891-1979) arrivé en 1931. De Gio Ponti, maître de la lumière, l’on retient Bilia, sa lampe de table, la simplicité d’une boule sur un cône, son lustre 0024, une alternance de disques de verre dans un renvoi de la lumière, ses grandes coupes sur piédestal évocatrices de la Rome des Césars, une moderne allusion des brasiers de la Rome antique et ses miroirs de verre coloré gravés. Pietro Chiesa est plus radical, allant dans la simplicité de ses tables.

Max Ingrand, Lampe de table modèle 1853, dessiné en 1954. Verre satiné, métal. 53 x Ø 32 cm. © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Venise, 2022. Succès commercial pour cette lampe iconique de FontanaArte. Une lampe dont la base en forme de poire peut être éclairée séparément de l’abat-jour, dans une diffusion de la lumière soit vers le haut, soit vers le bas.

Max Ingrand, Miroir éclairant modèle 2044, dessiné en 1955. Verre coloré concave, miroir, cristal taillé, laiton. Ø 70 cm.. Galleri Michela Cattai © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Venise, 2022. Des jeux complexes de reflets de lumière. Sur le cadre, Max Ingrand a fixé des cabochons de cristal finement taillés qui capturent la lumière et brillent comme des diamants.

Max Ingrand, Lustre Dalhia modèle 1563A, dessiné vers 1955. Laiton poli, nickel, verre incurvé. 53,3 x Ø 130 cm.. Paul Donzella Gallery © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Venise, 2022. Conception la plus poétique de Max Ingrand dans cette évocation de pétales d’une fleur épanouie

Après les années de guerre, Max Ingrand (1908-1969), maître des captations de la lumière, déjà directeur artistique de la compagnie de Saint-Gobain, est nommé en 1954 directeur artistique de la maison milanaise où il restera jusqu’en 1967 avant de créer Verre Lumière, sa propre marque. Son grand succès est la lampe mod.1853, en verre satiné, un best-seller, une boule surmontée d’un abat-jour, la simplicité même. Il joue dans ses grands lustres suspendus comme des corolles, du renvoi de la lumière des ampoules nues enserrées dans des verres colorés. Dans ses appliques mod.2439, toute la magie réside dans l’épaisseur de ses verres.

 

 

 

 

 

 

Max Ingrand, Grand lustre, dessiné en 1958. Cristal, laiton, bronze. 30,5 x Ø 160 cm.. Paul Donzella Gallery. FontanaArte. Vivere nel vetro. Vue de l’exposition. Photographie Enrico Fiorese, courtesy LE STANZE DEL VETRO. 2022. Réalisé pour l’Exposition universelle de Bruxellles de 1958, cet immense lustre est une des créations les plus extraordinaires et complexes de FontanaArte. Trente-deux ampoules insérées dans une structure de bronze et de laiton.

Gae Aulenti, Lampe de table Giova, dessiné en 1964. Verre soufflé, métal. 67 x Ø 50 cm.. Caroto Vintage Design, Berlin © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Venise, 2022.

Nommée, en 1979, à la direction artistique de FondanaArte, Gae Aulenti (1927-2012) est l’une des grands architectes de son époque. Elle avait déjà travaillé avec FontanaArte en dessinant en 1964, Giova, une lampe de table, un globe lumineux blanc enserré dans une sphère transparente. Avec Piero Castiglioni (1944), elle imagine la lampe Parola, en 1980, en verre soufflé, posée sur un pied de cristal transparent. Elle invitera Ettore Sottsaas à lui donner des modèles de vase et Renzo Piano à dessiner en 1987, une bibliothèque et une table entièrement en verre.

Max Ingrand, Accessoires de salle de bain, dessiné en 1965. Verre, métal. Collection privée et Marco Arosio, Milan © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Venise, 2022.

Max Ingrand, Vases Cartoccio, dessiné vers 1938-1940. Verre façonné © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Venise, 2022.

Max Ingrand, attribué, Table basse, dessiné vers 1954. Bois, verre cathédrale. 47 x 110 x 110 cm.. Collection particulière, Udine © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Venise, 2022.

L’exposition se clôt par la maison de verre, la casa di vetro, dans laquelle le scénographie lumineuse de Massimiliano Locatelli révèle toute l’importance de FontanaArte dans l’histoire du design, de cette maison milanaise qui a su réinterpréter le verre industriel pour qu’il devienne un objet de luxe.  

© Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Venise, 2022.

FontanaArte. Vivere nel vetro / House of Glass

4 avril – 31 juillet 2022

Le Stanze del Vetro - Isola di San Giorgio Maggiore - Venezia

Commissariat Christian Larsen

Scénographie Massimiliano Locatelli

Catalogue en italien et en anglais. 192 pages et 130 images. Éditions Skira, 29 €. Textes de Christian Larsen FontanaArte en prospective : la poétique de la feuille de verre / de Kellie Riggs Une gourmandise moderne : Ponti et Chiesa chez FontanaArte / de Pierre Martin-Vivierk Max Ingrand et FontanaArte / d’Andra Gardner Gae Aulenti : le passé est toujours présent. Suivi de la section La maison du verre & objets uniquement FontanaArte.

https://lestanzedelvetro.org/en/

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