Ugo Schiavi, Gargareôn - Musée Réattu
Marie-Christine Sentenac (d’après le dossier de presse)
in situ à Arles Ugo Schiavi, Le naufrage de Neptune © remerciements l’artiste, Double V Gallery et musée Reattu, photographie Jean-Christophe Lett.
Le Musée Réattu d’Arles, ancien Grand Prieuré des Chevaliers de Malte, abrite les créatures fantastiques de l’exposition Gargareôn, proposée par Ugo Schiavi (1987).
Le Rhône qui coule à ses pieds est la voie de transport et de communication majeure depuis l’antiquité et charrie autant de légendes et de trésors archéologiques que de pollution, de limon et de déchets qui dérivent parfois jusqu’en Méditerranée. C’est un lieu en perpétuelle mutation où nature et culture se mélangent. Les œuvres pensées par Ugo Schiavi pour Arles se situent dans cet entre-deux.
Gargareôn, racine grecque du mot gorge renvoie aux gargouilles dont l’artiste utilise les formes. Suivant le principe d’une relecture du passé il a aussi greffé quelques œuvres préexistantes dans le parcours, une grand tête de lion, un buste de Faune, une figure de Neptune qui prennent un tout autre sens à Arles où les figures antiques font partie intégrante de l’identité de la ville.
Il s’est lancé, en véritable cordiste, à l’assaut des gargouilles du Grand Prieuré qu’il a moulées sur place afin d’en réaliser différents tirages. Hybridées avec des moulages provenant d’autres sculptures et des matériaux divers, ces gargouilles, d’un nouveau genre, participent à des installations qui réactivent les fonctions pratiques et symboliques ancestrales de ces objets : orner, effrayer, faire circuler l’eau.
Tout au bout du Rhône, du côté des plages de Martigues et de Lavera, Ugo Schiavi a également réalisé des empreintes de rochers dévorés par des organismes lithophages et collecté des matériaux rejetés par la mer comme le plastiglomerat. Cette roche, issue de la dégradation d’autres roches auxquelles s’agglomèrent des matières d’origine humaine, comme le plastique, a inspiré la création de " Gorgones " qui dénoncent l’impact de l’homme sur l’environnement tout en semblant sortir d’un Cabinet de curiosités.
Dans les réserves du musée il a réalisé des prises de vues photogrammétriques de sculptures en plâtre : des copies souvent très partielles d’œuvres célèbres, la Vénus d’Arles, le Laocoon, qui témoignent de l’existence à Arles d’une école de dessin au 19ème siècle et de la collection de moulages du peintre Jacques Réattu (1760 – 1833).
Main-Stream-Memory : co-réalisé avec l’artiste Jonathan Pêpe, est un court-métrage en images de synthèse, mise en abîme de l’exposition et installation à part entière où s’agglomèrent toutes les composantes de l’exposition.
Gargareôn
Musée Réattu
13 200 Arles
06 novembre 2021 - 15 mai 2022
Commissariat Andy Neyrotti, responsable du Pôle conservation du Musée Réattu.