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Publié par Gilles Kraemer

Gilles Kraemer

 

Dans une cuisine, dans un placard, dans un grenier, d'improbables lieux propices à des découvertes. Un masque de la société du Ngil, peuple Fang, Gabon, fin du XIXeme siècle, inconnu depuis son collationnement par René-Victor Fournier (1873 -1931) qui fut gouverneur du Moyen-Congo de mai 1917 à mai 1919, vient d'être trouvé dans une cantine.

Et, le masque s'envola à 5 250 000 € frais compris (4,2 € au marteau).

Masque Fang. Masque de la société du Ngil. Peuple Fang. Gabon, fin du XIX° siècle. Bois de fromager, kaolin, fibres végétales, tissu. Hauteur : 55 centimètres. Provenance : Collection du Gouverneur René-Victor Fournier (1873-1931). Estimation : 300.000/400.000 € © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2022.

Quand et où René-Victot Fournier acheta-t-il cet immense masque en bois de fromanger ? Transmis à sa descendance, sa trouvaille est le fait du très sympathique Bertrand de Latour [et Jean-Christoph Giuseppi de l'Hôtel des ventes de Montpellier]. Excellent cuisinier aussi, sachant recevoir, lorsqu'il présenta à Paris, en petit comité, il y a quelques jours à la galerie Pierre-Alain Challier cet exceptionnel objet et d'autres objets de la vente. Il l'a découvert, lors d'une succession, dans le grenier, dans une cantine métallique que tout baroudeur connaît. Heureux héritiers lorsqu'ils apprirent l'estimation de cet objet qui rejoint le corpus hyper-restreint des grands masques de type ngil. Onze sont connus et répertoriés - dans le catalogue accompagnant cette vente - dont ceux des ex-collections Pierre et son fils Claude  Vérité ( Drouot, juin 2006, 5, 904 176 € acquis par Liliane Bettencourt sur une estimation entre 1 et 1,5, millions d'€ ) et Jacques Kerchache.

La pureté de ses lignes et l'agencement de ses volumes lui confère un rang d'icône dans ce corpus rarissime Fang pour cette œuvre sculptée à la fin du XIXe siècle. Selon l’ethnologue Louis Perrois, ce spécimen, d’une allure majestueuse est d’une authenticité avérée et d’une ancienneté remarquable. Dans la simplicité stylisée de ses volumes et l’économie de ses décors gravés, c’est une œuvre d’exception, particulièrement rare, digne des plus prestigieuses collections.

Ce masque, objet de nombreuses convoitises pourrait-il intéresser le Musée du Quai Branly -Jacques Chirac ou un mécène qui pourrait l'offrir à cette institution parisienne bien que celle-ci  en possède un, ancienne collection André Lefèvre. Son estimation selon l'expert Bernard Dulon 300 000 / 400 000 euros.

Siège clouté du peuple NGOMBE. Estimation 8/15.000 €. Collection Jeanne Tachard © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2022. Achat pour 55 000 €

Trône FON – Ancien royaume du Dahomey-Benin. Estimation 5/10.000 €. Collection Jeanne Tachard © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2022. Achat 88 750 €. 

L’Hôtel des ventes de Montpellier disperse au cours de cette vente les derniers souvenirs de Jeanne Tachard (1870-1963). Le nom de cette modiste - elle fit fortune grâce à ses modèles de chapeaux vendus dans son salon de mode Suzanne Talbot de la rue Royale à Paris, dans un temps où il était inenvisageable de sortir en cheveux -, grande amie de Jacques Doucet, amoureuse d’arts primitifs, commanditaire inconditionnelle de Pierre Legrain, est magique pour tous les amateurs d’Art déco.

Plusieurs pièces d’art d’Afrique dispersées lors de cette vente servirent à Pierre Legrain de modèle comme en témoignent le siège clouté du peuple NGOMBE qui lui inspira le siège courbé laqué, motifs triangulaires et lignes rehaussées d’or réalisé pour Jacques Doucet, actuellement conservé au Virginia Museum of Fine Arts.  Il en est de même avec le siège du Dahomey qui trôna dans le salon de sa villa futuriste de la Celle-Saint-Cloud et qui fut le modèle du siège curule en ébène présenté au Salon des artistes décorateurs de 1924 ainsi que celui conservé au Musée Angladon - Collection Jacques Doucet à Avignon.

Vente le 26 mars 2022. Collection Jeanne Tachard et à divers

Hôtel de ventes de Montpellier -France

Vente de 91 objets provenant de la collection Jeanne Tachard (1870-1963) et aussi la vente plus problématique de la pierre tombale de Louis Tachard, le fils de Jeanne, de son tombeau au cimetière parisien du Montparnasse, par Henri Laurens. Je renvoie à l'article paru en ligne sur le site de La Tribune de l'art le 24 février 2022.

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