Partenariat entre le musée du Louvre et Sotheby's sur la recherche de provenances de biens acquis entre 1933 et 1945
Gilles Kraemer
Le musée du Louvre annonce la signature d’un partenariat avec la maison Sotheby’s, - maison de vente aux enchères dont Patrick Drahi est l’actionnaire principal – qui soutient le plan d’action lié aux recherches de provenance des biens acquis entre 1933 et 1945 du musée.
Les premières initiatives par Sotheby’s, en 2022, sont une programmation dans le cadre des Journées internationales du film sur l’art, dont la thématique est le marché de l’art sous l’Occupation le 27 janvier puis une journée d’étude consacrée à l’actualité de la recherche de provenance le 2 février.
© Le Louvre.
Sotheby’s accompagne le musée du Louvre dans la recherche engagée par cette institution muséale en proposant un mécénat exceptionnel sur trois ans. Ce partenariat sera organisé en faveur des activités de recherches de provenance du musée du Louvre et en particulier les études pouvant conduire à des restitutions (numérisation, prises de vue, organisation de séminaires et journées d’étude, publications…). Ce mécénat fait écho à l’engagement de Sotheby's envers la restitution des œuvres qui ont changé de mains entre 1933 et 1945. Elle a été la première maison de vente aux enchères internationale à disposer d'un département consacré à la recherche de provenance et à la restitution.
Le département de restitution de Sotheby's a été fondé en 1997, un an avant la conférence de Washington sur les œuvres d'art volées par les nazis réunissant 44 États, à l'issue de laquelle onze principes applicables aux œuvres d'art confisquées par les nazis ont été adoptés. Ce département se compose d'une équipe d’experts en restitution installée à Londres et New York, complétée par des consultants. Une grande partie de leur mission consiste à aider les propriétaires actuels d'œuvres d'art qui ont été déplacées entre 1933 et 1945, à faire des recherches sur l'histoire de ces œuvres et, par la suite, à trouver une solution aux réclamations potentielles avec les propriétaires d'origine au meilleur des intérêts de toutes les parties.
Jeudi 27 janvier 2022, à l’auditorium du Louvre-Michel Laclotte, dans le cadre de la 15ème édition des Journées internationales du film sur l’art, la sélection questionne notamment le marché de l’art sous l’Occupation. La spoliation d’objets d’art et de culture appartenant principalement aux familles juives a été systématique pendant l’Occupation. La France est, en ce sens, généralement considérée comme l’un des pays les plus concernés par la spoliation des objets d’art. Les trois films proposés attestent de cette réalité historique. Autour de Renoir et la Petite fille au ruban bleu de Nicolas Lévy-Beff ; du Marché de l’art sous l’Occupation de Vassili Silovic. Suivi d’un débat avec Pierre Assouline, écrivain, membre de l’Académie Goncourt et Lisa Vignoli, journaliste ; du Catalogue Goering, une collection d’art et de sang de Laurence Thiriat ; construit à partir du catalogue d’Hermann Goering, qui amassa une collection de plus de 5 000 œuvres, ce documentaire est un périple à travers les oeuvres, leurs caches, les photos et les archives.
Deux visites dans les collections des peintures, menées conjointement par un conservateur et un chercheur de provenance, proposent d'approfondir le sujet, le samedi 29 janvier à 10h30 et 14h.
Journée d’étude. Actualité de la recherche de provenance : enjeux et méthodes, mercredi après-midi 2 février 2022 à l’auditorium du Louvre-Michel Laclotte. Cette journée d’étude sera consacrée à l’actualité de la recherche de provenance au sein du musée du Louvre. Discipline relativement récente, la recherche de provenance est inhérente à l’histoire de l’art, éclairant la trajectoire des œuvres tout en apportant des connaissances sur le corpus d’un artiste. À partir d’études de cas particuliers, la chaîne de transmission de propriété des œuvres et des objets culturels sera examinée à l’aune de l’Occupation allemande et des lois de Vichy. L’occasion de révéler la biographie des œuvres d’art et d’être attentif aux risques de spoliation antisémite.
Introduction de Laurence des Cars, Présidente-Directrice du musée du Louvre; Enquête d’art. Les OAR. Une étude de cas par Marie-Cécile Bardoz, documentaliste scientifique au département des Objets d’art chargée de la documentation romane et des Objets d’art récupération, musée du Louvre; Les achats en ventes aux enchères publiques du département des Antiquités égyptiennes entre 1933 et 1945 par Florence Calament et Marc Étienne, conservateurs en chef, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre; Initier un travail de recherche sur la spoliation des instruments de musique par Marie-Pauline Martin, directrice du Musée de la musique, Cité de la Musique – Philharmonie de Paris; La politique de restitution de Sotheby’s. Étude d’un cas pratique par Anne Heilbronn, vice-présidente et directrice du département des Livres et Manuscrits de Sotheby’s France et Aurélie Vandevoorde, vice-présidente et directrice du département Impressionniste et Moderne de Sotheby’s France ; Le Art Loss Register, une base de données d’objets volés et spoliés pour opérations de due diligence. Présentation générale et cas pratique par Amelie Ebbinghaus, directrice - En charge du département des Recherches en Provenance et Paul Exbrayat, Art Loss Register; Conclusion par Néguine Mathieux, directrice de la Recherche et des Collections, musée du Louvre et David Zivie, chef de la mission de recherche et de restitution des biens spoliés entre 1933 et 1945, Secrétariat général, ministère de la Culture