Giulia Andreani, Iván Argote, Philippe Decrauzat et Mimosa Echard, finalistes de la 22ème édition du Prix Marcel Duchamp 2022
Gilles Kraemer
ADIAF, les 4 finalistes du Prix Marcel Duchamp 2022. Ivan Argote ©️ Claire Dorne // Mimosa Echard ©️ Camille Viviers // Giulia Andreani ©️ Joseph Ballu // Philippe Decrauzat © Praz Delavallade.
Les noms des quatre artistes – français ou résidant en France - pour la 22ème édition du Prix Marcel Duchamp ont été dévoilés par Claude Bonnin, Président de l’ADIAF, sur la plate-forme "incontournable" Instagram.
Choisis par un comité de onze collectionneurs de cette Association pour la diffusion de l’art français, deux hommes, deux femmes, parité respectée. Trois artistes étrangers mais vivant en France et un artiste français vivant en France. Pluridisciplinarité naturellement avec une ouverture sur la peinture d’histoire, obligatoire dans ce temps de l'intrusion en force de la peinture figurative, parfois attractive. À mi-carrière, ayant plus de 35 ans. Représentés par des galeries "poids lourds" qui participeront à la production de leurs poulains. Des artistes déjà bien établis dans le cursus honorum ; l’histoire se répète et reproduit l’esthétique officielle de la IIIe République : Prix de Rome, Salon, médaille d’honneur ou de 1er classe. O tempora o mores ! Il faut que tout change pour que rien de change. Tout est bien normé et calibré, pas de surprise lorsque le jury international, composé de collectionneurs et de directeurs, proclamera le lauréat le 17 octobre 2022. (1)
Le Prix Marcel Duchamp est doté de 75 000 euros - dont un prix de 35 000 € pour le lauréat qui bénéficiera également - innovation de cette année - d’une résidence aux États-Unis au sein de la Villa Albertine. (2) Ces artistes sont exposés collectivement au Centre Pompidou, partenaire depuis l'origine de l'association, avec le concours d'un commissaire de cette instituton, cette année Aurélie Verdier. Le vernissage est fixé au 4 octobre.
ADIAF, Prix Marcel Duchamp 2022, Portrait de Giulia Andreani © Joseph Ballu.
Née à Venise en 1985, vivant et travaillant à Paris, Giulia Andreani est représentée par la galerie Max Hetzler. Ancienne pensionnaire à la Villa Médicis - Académie de France à Rome (2017-2018), elle suit une formation à l’Accademia di Belle Arti de Venise avant de s’installer à Paris. Artiste-chercheuse, depuis 2010, elle tient un "atlas", sorte de journal constitué d‘une somme d’images et de documents : archives historiques, still frames, photos de famille qui constituent la matrice d’une œuvre en perpétuelle ramification. Peintre et sculptrice, Giulia Andreani confronte l’Histoire à sa dépendance vis à vis de l’image, pointant les lacunes de la mémoire collective.
ADIAF, Prix Marcel Duchamp 2022, Portrait de Iván Argote © Claire Dorne.
Colombien, Iván Argote, né en 1983 à Bogota, vivant et travaillant à Paris, il est représenté par la galerie Perrotin. Ancien pensionnaire de la Villa Médicis -Académie de France à Rome (2020-2021), Iván Argote a été très tôt sensibilisé à l’engagement politique, dans le contexte révolutionnaire de la Colombie. Ses œuvres sont marquées de cette conscience historique, de la culture de la protestation. Dans sa pratique, l’art joue un rôle dans la contestation par son pouvoir communicatif. Il utilise la vidéo, l’installation ou l’intervention dans l’espace public où il se met en scène.
ADIAF, Prix Marcel Duchamp 2022, Portrait de Philippe Decrauzat © Praz-Delavallade.
Philippe Decrauzat, né en 1974 à Lausanne, Suisse), vivant et travaillant à Paris, est représenté par la galerie Praz-Delavallade. Il exploite le champ de l’abstraction, en manipulant une multitude de lignes pour qu’elles se synchronisent en motifs ondulants, superposés et entrelacés. De puissants effets moirés créent un ensemble d’optiques cinétiques qui provoquent à la fois l’œil et le corps. À travers une variété de médias - peintures murales, toiles façonnées, sculptures, films et installations - il incorpore des références iconiques de l’architecture, du cinéma, de la littérature et du graphisme, enrichissant ainsi sa démarche conceptuelle.
ADIAF, Prix Marcel Duchamp 2022, © Portrait de Mimosa Echard ©️ Camille Vivier.
Mimosa Echard, née en 1986, vivant et travaillant dans sa ville natale Alès, est représentée par la galerie Chantal Crousel. Elle a exposé à la Collection Lambert à Avignon et au Palais de Tokyo. Ancienne résidente à la Villa Kujoyama en 2019, elle développe un œuvre original à partir de rebus : mousses synthétiques, naturelles, de cheveux, de lichen… qu’elle combine pour créer de véritables tableaux qui soulignent l’ambiguïté entre la peinture et l’objet. Cette plasticienne développe un propos féministe en utilisant des matériaux typiquement féminins (pilules contraceptives, cire dépilatoire, gélules, maquillage…) qui soulignent l’envers du "décor". Elle séjournera à Miami, dans le cadre de Villa Albertine, à l’automne 2022. (3) https://villa-albertine.org/fr/residents/mimosa-echard
(1) Trois membres permanents : le directeur du Musée national d’art moderne, Centre Pompidou (Xavier Rey) ; Claude Bonnin, président de l’ADIAF et Akemi Shiraha, représentante de l’association Marcel Duchamp. Auxquels s'ajoutent quatre membres, renouvelés chaque année : Agnès B, styliste, collectionneuse, galeriste (France) ; Pedro Barbosa, collectionneur (Brésil) ; Cécile Debray, présidente du Musée national Picasso Paris (France) et Elsy Lahner, conservatrice, Albertina Museum, Vienne (Autriche).
(2) Après la Villa Médicis - Académie de France à Rome, la Casa Velázquez à Madrid, la Villa Kujoyama à Kyoto, c’est aux États-Unis que la France ouvre une nouvelle résidence : la Villa Albertine. Il s’agit d’une Villa, conçue à l’échelle du territoire étasunien avec une présence dans dix grandes villes. Son directeur Gaëtan Bruel, normalien, est l'hyper dynamique conseiller culturel près de l’ambassade de France à New York depuis septembre 2019. https://frenchmorning.com/gaetan-bruel-un-conseiller-culturel-presse/ Son activité s’ordonne autour de 15 disciplines dont, pour 2022, les "pensionnaires" seront en architecture (Jennifer Buyck), arts visuels (Mohamed Bourouissa, Hicham Berrada), bande dessinée (Quentin Zuttion), cinéma (Laura Henno), artisanat & design (Dimitry Hlinka, Steven Leprizé), littérature (Constance Debré, Adrien Bosc, Marie Darieussec), musées (Olivier Gabet, Anabelle Ténèze, Olivia Voisin), chorégraphie (Nacera Baléza)… .
(3) Mimosa Echard séjournera à Miami, dans le cadre de Villa Albertine, à l’automne 2022. Pour son projet Naked Bathroom, elle cherche à approfondir la notion de liquidité dans un environnement très construit comme Miami. J'aimerais étudier les superpositions symboliques, sociales et politiques entre la ville et l'eau, le corps et la publicité, l’infini et l’espace domestique. À côté de ces recherches esthétiques, je compte également dialoguer avec des biologistes de Rosenstiel School of Marine and Atmospheric Sciences à l’Université de Miami qui travaillent sur la sexualité marine, en particulier celle des amphibiens. Je vais résider à Miami pour m’immerger dans la culture spécifique d’une ville dont l’image se définit entre la mer et les shopping malls. Cette ville me permettrait également de me déplacer régulièrement au Parc national des Everglades pour étudier les espèces amphibiennes endémiques à la région, dont l’amphiuma means et siren lacertina.