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Publié par Gilles Kraemer

Gilles Kraemer (envoyé à Bois-Guilbert)

 

Quand l’art contemporain détourne les romans de Flaubert ou dé-joue cet auteur…

Célébrant le bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert (1821-1880), le Frac Normandie Rouen propose une série d’expositions dédiée à l’œuvre du grand écrivain sur le territoire normand. Sous le titre DÉ-JOUER FLAUBERT, l’ensemble de ces expositions, conçues à partir d’œuvres de la collection de ce Frac, revisitent et détournent les grands thèmes qui jalonnent les romans de cet auteur.

Sanna Kannisto, Aristolochia Gorgona, de la série Private collection, 2003. Tirage C-Print sur plexiglas. Collection Frac Normandie Rouen © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juin 2021, château de Bois-Guilbert.

À l'image du cabinet de curiosités des deux compères, Bouvard et Pécuchet, DÉ-NATURALISER déploie dans les salles du château de Bois-Guilbert édifié en 1780 des oeuvres qui posent un regard décalé, absurde mais souvent teinté de poésie sur les sciences. Relire Bouvard et Pécuchet - la mort subite de Flaubert, le 8 mai 1880, laisse ce roman inachevé, doublement inachevé, puisque la fin du dernier chapitre est restée à l’état de plan et que le second volume n’a pas été mis en forme à partir des citations – c’est pénétrer dans leur musée, leur cabinet de curiosités, découvrir leurs intérêts successifs et compulsifs pour l’anatomie, la zoologie, l’astronomie, la géologie…, relire les réflexions aussi vaines que fantaisistes de ces dilettantes des sciences.

Dans les salles du château de Bois-Guilbert – labellisé Maison des illustres -, dont le vaste parc - labellisé Jardin remarquable - abrite les sculptures de Jean-Marc de Pas, le propriétaire de ce lieu enchanteur, c’est à un regard de curieux et de curiosité que nous incitent les démarches de Lara Almarcegui à Bernard Villers, en passant par Rick Buckley ou Jana Sterbak. Coralie Dupinet, la commissaire, déploie les pages d’un roman en quatre chapitres, entre corps célestes et terrestres, dans l’observation de la botanique puis celle de la zoologie pour se clore sur l’observation du corps humain.

Hans-Peter Felsmann, Flower Picture #12. Tirage lambda couleur © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juin 2021, château de Bois-Guilbert.

Lara Almarcegui, à travers son interrogation de la nature géologique du territoire, photographies de Gisement (2014), poursuit cette démarche que nous avions découverte lors de sa participation à la Biennale de l’Art de Venise en 2013 : l’interrogation sur l’action de l’homme sur la modification de son milieu. Michel Blazy joue de la dilution de ses dessins au feutre sous l’action de l’eau de Javel dont les coulées provoquent d’autres images. Jana Sterbak réinterprète d'un ton plus léger les souffrances d’Atlas, puni et devant supporter le monde ; ici, ce n’est qu’un globe de verre.

Ouvert sur la serre abritant des sculptures de Jean-Marc de Bas représentant des impressionnistes, le grand salon de cette demeure normande est le monde de la botanique. Sanna Kannisto nous plonge dans l’étrangeté de la bien nommée et stupéfiante Aristolochia Gorgona (2003). Ce dialogue avec la captivante famille des orchidacées, Hans-Peter Feldmann avec Flower Picture # 12 et Batial Suter par Polymorph Orchid la poursuivent.

Marc Dion in situ. Crayon, aquarelle & collage sur papier. Collection Frac Normandie Rouen © Marc Domage, 2021.

Lynne Cohen, photographe étasunienne nous interpelle par son cerf empaillé trônant dans une salle dans les murs sont couverts des portraits des présidents successifs d’un club masculin Men’s Club. Mark Dion, dans son Hommage à Jean Henri Fabre (Necophorus giganteus) rejoue des planches de cet entomologiste alors que Stéphane Monterfiore nous entraîne dans les profondeurs noires des mers avec d’angoissantes Méduses.

Sur le mur de gauche, Batia Suter, Polymorph Orchid, 2013 © Emilie Pillot, 2021.

Fabrice Hyber © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juin 2021, château de Bois-Guilbert.

Semblable perturbation se retrouve dans les cadrages de Natacha Lesueur photographiant des aisselles poilues dans lesquelles s’immisce une très grosse fleur en pâte d’amande ; vraiment étonnant ce rapprochement mettant mal à l’aise. Cette leçon d’anatomie dans un corps bouleversé se mue en expérimentation  lorsque Fabrice Hyber joue de ses P.O.F. ou Prototypes d’Objets en Fonctionnement avec P.O.F. n°6 : Peau (1994), un costume d’une seule pièce en latex que revêt l’artiste ; une vidéo retrace l’expérimentation de se glisser ainsi dans une nouvelle peau.

Parcours en humour et en réflexion dans ce lieu pleinement ouvert sur la nature.

© Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juin 2021, château de Bois-Guilbert. 

Au château de Bois-Guilbert © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juin 2021. 

Avec Lara Almarcegui, Alice Anderson, Pierre Ardouvin, Pierre-Olivier Arnaud, Ivan Bafoil, Delphine Bedel, Michel Blazy, Rick Buckley, Claude Closky, Lynne Cohen, Jan Dibbets, Mark Dion, documentation céline duval, Sophie Dubosc, Hans-Peter Feldmann, Jakob Gautel, Fabrice Hyber, Jugnet + Clairet, Sanna Kannisto, Erik Kessels, Jochen Lempert, Olivier Leroi, Natacha Lesueur, Yveline Loiseur, Stéphane Montefiore, John Morgan, Jean-Luc Moulène, Nicolas Moulin, Noé Nguyen, Hugues Reip, Yvan Salomone, Hans Schabus, Kiki Smith, Jana Sterbak, Batia Suter, Wolfgang Tillmans, Bernard Villers.

Ces expositions entrent dans le programme DÉ-JOUER FLAUBERT conçu par le Frac Normandie Rouen dans le cadre du bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert.

DÉ-NATURALISER. Bouvard et Pécuchet, du 10 avril au 07 novembre 2021. Le Jardin des sculptures - Château de Bois-Guilbert à 76750 Bois-Guilbert   https://www.lejardindessculptures.com/

DÉ-PAYSER. Madame Bovary, dans la ville de Ry, du 8 mai au 12 septembre 2021 http://www.lecurieuxdesarts.fr/2021/06/madame-flaubert-monsieur-bovary-dans-une-re-lecture-du-frac-normandie-rouen.html

DÉ-ROMANCER. Magdi Senadji, Bovary, 1995-2002, Maison de l’Université de Rouen-Normandie, jusqu'au 02 juillet

DÉ-SENTIMENTALISER. L'Éducation sentimentale, du 26 juin au 12 septembre 2021, à l'Hôtel littéraire Gustave Flaubert à Rouen, du 26 juin au 12 septembre

DÉS-ORIENTALISER. Salammbô au Jardin des plantes de Rouen – Pavillon 17e, à Rouen

DÉ-SACRALISER. La tentation de Saint-Antoine à la bibliothèque municipale de Canteleu, du 18 septembre au 18 septembre au 17 octobre 2021

DÉ-LIVRER. Le dictionnaire des idées reçues à la médiathèque Boris Vian à Louviers, du 02 octobre au 18 décembre 2021

DÉS-APPRENDRE. Margot Criseo. Bouvard & Pécuchet, chapitre IV à l’artothèque de l’ESADHaR de Le Havre, du 13 octobre au 27 novembre 2021.

 

Dans l’intimité de Gustave Flaubert, du 1er juillet au 12 décembre 2021, au musée Flaubert et d’Histoire de la Médecine de Rouen.

Exposition biographique et iconographique qui a pour but de rendre plus familiers l’image et l’univers familial de l’écrivain, à travers ses portraits et ceux de ses proches. Elle retrace la vie de l’écrivain depuis son enfance heureuse passée à l’Hôtel-Dieu de Rouen et la naissance de sa vocation littéraire jusqu’à sa disparition en passant par les décès de son père et de sa sœur en 1846 qui le marquèrent profondément. Le point d’orgue de l’exposition sera le masque mortuaire de l’écrivain qui n’a jamais été exposé à Rouen depuis sa création en 1880.

Salammbô. Fureur ! Passion ! Éléphants ! du 21 mai au 19 septembre 2021, au musée des Beaux-Arts de Rouen. Puis au MUCEM, Marseille, 20 octobre 2021 - 7 février 2022. Et au musée national du Bardo, Tunis, printemps 2022

C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar. Publié en 1862, le roman de Flaubert retrace l’attraction fatale entre Salammbô, prêtresse de Tanit et Mâtho, chef des mercenaires révoltés contre l’opulente Carthage. En convoquant littérature, peinture, sculpture, photographie, arts de la scène, cinéma, bande dessinée et archéologie, l’exposition Salammbô. Fureur ! Passion ! Éléphants ! nous plonge au cœur d’un tourbillon d’images et de sensations qui révèle la portée considérable de ce texte sur les arts, mais aussi son héritage dans l’histoire de la Méditerranée et son actualité. L’exposition présente environ 350 œuvres de collections publiques et privées, ainsi que des trésors archéologiques de l’époque punique des musées du Bardo et de Carthage.

 

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