Un EX. pour annoncer le futur. EX.Paris succède à La Biennale Paris
Gilles Kraemer.
Comment faire du buzz avec un préfixe ? Avec EX., ceci n’est pas gagné d’avance. De suite l’on songe à ex. comme exit, c’est fini, par ici la sortie, il n’y a plus rien à voir. Á ex. comme exfiltrer, assurer le rapatriement d’un agent secret sa mission accomplie. Ceci fait furieusement penser à l’ex- comme l’ex-président, l’ex-directeur…
Mais aura-t-on immédiatement songé à EX. comme EXposition, EXcellence, EXpertise, EXpérience, EXigence, EXpression, EXpérimentation, EXceptionnel, EXactitude, EXaltation, EXtraordinaire… comme le précise l’Arts and Fine Crafts Foundation annonçant la création d’EX. Paris dont la 1er édition se tiendra au Grand Palais éphémère, de Jean-Michel Wilmotte, du 27 novembre au 5 décembre 2021, en précisant les contours d’EX.Paris qui sera à la croisée de l’EXcellence des Arts et de la Haute Facture. Ceci fait beaucoup de majuscules.
Le Grand Palais Éphémère, Paris. Courtesy Wilmotte & Associés Architectes.
Pour l’annonce d’un nouveau-né, succédant à La Biennale Paris, succédant elle-même à la Biennale des Antiquaires, le remue-méninges aurait pu être plus EXtraordinaire ou plus EXceptionnel ! Comment annoncer la nouveauté avec l’usage de ce préfixe, du latin ex, hors de, qui, placé devant un nom avec un trait d'union, sert à désigner une fonction, un état antérieurs qui ont cessé d'être. Attention, point de trait d’union ici entre EX et Paris mais un point. Un point final ? Et ex. en majuscule.
Une annonce parlant de transversalité, interdisciplinarité et transmission culturelle puis d’une plus grande hybridation des goûts et des désirs de la part des collectionneurs pour un événement [qui] appelle à vivre de nouvelles rencontres et des expériences originales. Se concluant triomphalement par un modèle culturel français qui rayonne plus que jamais à travers le monde. Cocorico. Ceci ressemble furieusement à la présentation de ce que l'on attend d’une exposition lors d’une biennale d’art contemporain. Tous les mots y sont. Manquent "mise en abyme", la fameuse "ADN" et "tranversalité".
Ce que sera cette manifestation attendue avec impatience, la lecture de ce communiqué sibyllin n’en dit pas grand chose. Si ce n’est que l’on y trouvera des galeries d’antiquités, d’art ancien, d’art moderne, d’arts décoratifs, de design et des acteurs des maisons du luxe et de la haute facture. Dans quelle proportion ? 50 /50 ? Chacun de son côté ou mélangé ? Le nombre de stands ? Quel sera l’accord de courtoisie entre les exposants car de rivalité, naturellement, il ne peut y en avoir ! Joaillerie et montres ? Une maison parisienne reconnaissable à sa boite orange et son bolduc ?
Les visiteurs-acheteurs qui sont, naturellement, des "esthètes" panachent désormais leurs acquisitions en ne s’imposant aucune barrière entre antiquité, création contemporaine ou design, et plus encore en tissant des liens de corrélation avec leur mode de vie (produits de luxe, art de vivre, gastronomie, voyage, loisir…) pour lequel ils nourrissent les mêmes exigences de qualité, de singularité et d’authenticité…..
Il y aura-t-il un vernissage le 26 novembre ? Là, ceci est encore trop tôt, pandémie est présente.
La seule véritable annonce est qu’EX.Paris est aussi le premier événement organisé dans le cadre du Grand Palais à porter la norme ISO 20121. Cette certification garantit une traçabilité à 100% des éléments utilisés pour sa mise en œuvre, jusqu’aux bio-déchets pour cet événement qui ne peut être que fort d’une vision prospective sur le marché de l’art et la culture.
Projection du futur salon dans le Grand Palais éphémère. EX.Paris /Arts and Fine Crafts Foundation.
Faire du buzz avec un préfixe, ceci n’est pas gagné d’avance mais attendons patiemment le troisième communiqué qui dévoilera, espérons le, les exposants, marchands et grandes maisons.
Et, peut-être qu’EX.Paris aura gagné son pari d’être un nouvel événement. Car, faire du neuf avec de l’ancien, ceci n'est-il pas vieux comme le monde ?