Stéphane Braunschweig renouvelé à la tête de l’Odéon – théâtre de l’Europe.
Gilles Kraemer.
Stéphane Braunschweig (1964) voit son mandat comme directeur du théâtre national de l’Odéon – théâtre de l’Europe renouvelé. Metteur en scène de théâtre (dès 1988) et d’opéra (dont Le Ring vu au festival d’Aix-en-Provence de 2006 à 2009), scénographe, il avait été nommé à la tête de cet établissement parisien en 2016.
Stéphane Braunschweig © DR Carole Bella / Odéon – théâtre de l’Europe.
Issu de l’École du Théâtre National de Chaillot dirigé par Antoine Vitez, il fonde sa compagnie, Le Théâtre-Machine en 1988, devient directeur du Centre Dramatique National/Orléans-Loiret-Centre de 1993 à 1998, du Théâtre National de Strasbourg et de son école de 2000 à 2008 puis du Théâtre National de la Colline de 2010 à 2015.
Pour la ministre Roselyne Bachelot, il a mené un projet artistique ambitieux en matière de création, de production et d’accueil de spectacles nationaux, européens et internationaux, conformément aux missions du théâtre de l’Odéon, théâtre de l’Europe. Il a eu à cœur de faire découvrir au public de l’Odéon une nouvelle génération d’artistes, français comme étrangers, tout en accompagnant avec une grande fidélité les quatre artistes qu’il a choisi d’associer pour les cinq années de son premier mandat : Sylvain Creuzevault, Caroline Guiela Nguyen, Christiane Jatahy et Simon Stone, remplacé par le jeune auteur et metteur en scène britannique Alexander Zeldin pour les trois années qui viennent.
Sa volonté de rendre accessible le théâtre aux publics qui en sont éloignés, qu’il s’agisse des publics scolaires notamment dans les zones prioritaires, des personnes en précarité, en milieu carcéral, ou des personnes handicapées, s’inscrit pleinement dans les grandes orientations souhaitées par la Ministre.
© DR Théâtre de l’Odéon, mars 2020
Comme tous les lieux de culture pendant la crise de la Covid, le théâtre de l’Odéon a su s’adapter et maintenir un lien avec le public à travers de nouveaux contenus numériques et une page dédiée, " théâtre & canapé ". http://www.lecurieuxdesarts.fr/2020/03/odeon-theatre-de-l-europe-theatre-canape-decameron-coronavirus-covid-19.html
Stéphane Braunschweig au moment du salut final lors de la représentation d'Iphigénie © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 26 septembre 2020.
Son dernier spectacle, vu aux Ateliers Berthier, avant que la culture soit de nouveau mise à l’arrêt, aux arrêts, fut la sublime Iphigénie de Jean Racine qu'il mit en scène et scénographia, les spectateurs étant de chaque côté de la scène surélevée, placée au milieu. Avec une double distribution de tous les acteurs, Covid oblige. Nous l’avions vu, le 26 septembre 2020, avec Jean-Philippe Vidal – Agamemnon, Pierric Plathier – Achille, Sharif Andoura – Ulysse, Virginie Colemyn – Clytemnestre, Cécile Coustillac – Iphigénie. Éblouissant. Si en phase dans les temps de cette pandémie qui nous sidère.
Jean Racine, Iphigénie, mise en scène & scénographie Stéphane Braunschweig © photo Le Curieux des arts Guillaume Kraemer, 26 septembre 2020.
Voici comment Stéphane Braunschweig présentait sa nouvelle mise en scène.
Je n’avais pas prévu de mettre en scène Iphigénie.
Ou plutôt si, il y a vingt-cinq ans, j’en avais eu le projet, parce que j’aimais tout particulièrement cette si étrange tragédie que l’Iphigénie à Aulis d’Euripide avait inspirée à Racine. Mais à l’époque, je n’avais pas trouvé ma porte d’entrée dans la pièce, qui m’aurait permis de la faire résonner dans notre présent.
Alors quand le monde s’est brutalement mis à l’arrêt, une fois passé l’effet de sidération, j’ai repensé à l’armée grecque clouée sur place dans le port d’Aulis parce que les vents sont brutalement tombés. Et quand je sortais dans les rues de Paris désertes, figées dans un silence irréel, c’est une mer d’huile méditerranéenne qui m’apparaissait.
[…] Nous avons imaginé ce spectacle en avril, au plus fort de la crise, dans un dispositif qui puisse s’adapter aux restrictions sanitaires, avec une double distribution, et avec le désir décuplé de retrouver le public pour partager avec lui nos rêveries sur ce monde à l’arrêt.